Patrimoine…

 

la Danse macabre

La mort est omniprésente dans l’austère église Saint-Robert, elle rôde partout. C’est ici que la célèbre Danse Macabre attend le visiteur, sur le bas-côté nord de la vénérable abbatiale. Cette bande dessinée murale du 15e siècle est sans pitié. Le visiteur peut observer  les morts qui entraînent les vivants en une sarabande tragique et  grotesque de vingt-quatre personnages. Ni le roi, ni le pape, ni la mère et son enfant n’échappent à la farandole.

Les morts ne sont pas des squelettes, mais plutôt des transis avec la peau sur les os ; ils dansent et se livrent à de nombreuses facéties. Les vivants sont répartis en 3 panneaux, les puissants, les bourgeois et le peuple.

L’artiste fait certainement référence à la danse macabre du cimetière des Innocents à Paris (1424). Cette peinture murale, aujourd’hui détruite, ne comportait que des hommes. Elle nous est parvenue à travers des gravures populaires que l’on retrouve dans le Manuscrit de Blois, au Cabinet des Estampes de la Bibliothèque nationale de France.

L’œuvre est difficile à dater avec précision. La plupart des vêtements sont contemporains de Jeanne d’Arc ; il est donc possible que les panneaux aient été réalisés autour de 1450, ce qui ferait de cette fresque la plus ancienne Danse macabre retrouvée en Europe.

Le bénédictin/le jeune bourgeois/le chanoine/le marchand/la moniale bénédictine/le sergent à verge/le chartreux.

 

le chœur des moines et les tapisseries
le chœur des moines et les tapisseries

L’abbaye recèle un deuxième trésor d’une valeur exceptionnelle : les tapisseries du chœur des moines commandées par l’abbé Jacques de Saint-Nectaire, dont les armes apparaissent à de nombreuses reprises.

Elles ont été tissées entre 1501, après l’attribution par le roi des armoiries de l’abbaye qui y sont reproduites, et avril 1518, puisqu’un document nous dit qu’elles ont été exposées le jour de la fête de saint Robert.

Le choix du thème est original : il s’agit de montrer que l’Ancien Testament annonce le Nouveau Testament ce qui répond à une intention catéchétique évidente, d’autant qu’à cette époque précédant la Réforme, la lecture de la Bible était sujet de débat.

 

 

… et histoire

La fondation de l’abbaye s’inscrit dans le grand élan monastique qui marque l’Eglise à ce moment.

Saint Robert de Turlande,fondateur de l’abbaye

Guillaume d’Aquitaine fonde Cluny en 910, saint Bruno fonde les chartreux en 1089 et Saint Bernard entre à Citeaux en 1112.

Saint Robert de Turlande fonde l’abbaye de la Chaise-Dieu en 1043. Fils du comte d’Aurillac, Robert naquit en 1001, en pleine forêt alors que sa mère se rendait chez une châtelaine voisine. Il devint chanoine-comte de Brioude.

En 1043, il décide de s’installer avec quelques compagnons sur le rude plateau de Livradois, couvert de pâturages et de sapins,  à plus de 1000 m d’altitude.

L’endroit est alors appelé Casa Dei ce qui donne Chaise-Dieu.

A la mort de Saint Robert, la communauté compte plus de 300 moines. Les fondations se multiplient au 12e siècle : à Burgos en Espagne, dans le Rouergue (Saint-Théodard et Gaillac), le Languedoc (Saint-Baudille de Nîmes) et enfin les Apennins de Modène,  dans le Forez, à Chanteuges, Sainte-Livrade d’Agenais, Faverney en Bourgogne, Saint-Sixte de Plaisance dans la plaine du Pô et Montepeloso en Basilicate.

La Chaise-Dieu rayonne alors sur la France entière, l’Italie, la Castille. La reine Edith, veuve d’Edouard le Confesseur, roi d’Angleterre, vint  terminer ses jours à l’abbaye qui abrite toujours son tombeau.

Au 14e s, un ancien moine de la Chaise-Dieu devient pape en Avignon sous le nom de Clément VI. C’est lui qui finance la reconstruction de la nouvelle abbatiale Saint-Robert. Sa dépouille repose dans un tombeau exécuté de son vivant au sein de l’abbatiale.  Le tombeau eut à souffrir les saccages des troupes protestantes pendant les guerres de religion.

 

la tour clémentine

La Chaise-Dieu est saccagée le 2 août 1562 par les huguenots de Blacons malgré l’impressionnant appareil défensif dont il reste aujourd’hui la tour Clémentine (14e siècle).

Devenu roi en 1515, François Ier (1494-1547) signe un an plus tard, à Bologne, un concordat avec le Pape Léon X par lequel le roi de France peut nommer les évêques et abbés. Les rois abusent rapidement de cette facilité pour nommer des proches, en particulier à La Chaise-Dieu.

Les abbés nommés par le roi n’étaient pas tous ordonnés. S’ils venaient à La Chaise-Dieu au moins une fois pour prendre possession de leur charge, ils ne s’intéressaient guère à l’abbaye et se faisaient représenter par un vicaire général.

L’abbaye voit alors défiler bon nombre d’abbés prestigieux tel Charles d’Orléans, Richelieu (qui  signa en 1640 l’ordre de rattachement de l’abbaye de La Chaise-Dieu à la Congrégation de Saint-Maur), Mazarin, le cardinal de Rohan qui fut chassé de la cour à la suite de l’affaire du collier et exilé la Chaise-Dieu en 1786.

La Révolution préserve les trésors de l’abbaye.

La fermeture de l’abbaye de la Chaise-Dieu se fit sans incident en février 1790. Le dernier prieur, dom Pierre Terrasse, et tous les moines furent relevés de leurs vœux. La plupart se dispersèrent. Dom Pierre Terrasse fut désigné maire. Il veilla à ce que l’Inventaire fut établi en mars 1790 dans le calme. Il organisa la dispersion de l’importante bibliothèque de 5 853 volumes soit à l’évêché de Saint-Flour soit à la municipalité de Brioude. Le 3 mai 1790, jour de la prise de possession du monastère par le corps municipal, il demanda « de s’abstenir des fonctions municipales ».

Si l’église abbatiale fut relativement protégée par la population de La Chaise-Dieu, en revanche les bâtiments abbatiaux, abandonnés, furent pillés. En 1793, la plupart furent vendus aux enchères à des habitants du pays, dont certains moines rendus à la vie civile.

A la Restauration, l’église abbatiale devint l’église paroissiale. Les trois anciennes églises paroissiales furent fermées et détruites

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