Gershom Scholem (1897-1982) est un historien juif sioniste, spécialiste de la Kabbale, des sectes juives et de la mystique juive. Les éditions Omnia Veritas rééditent son livre son livre Du Frankisme au Jacobinisme consacré à la vie de Moses Dobruska (1754-1794), alias Franz Thomas von Schönfeld, alias Junius Frey.

Dans son avant-propos, Gershom Scholem explique vouloir à travers ce livre éclairer, “dans ses aspects les plus radicaux”, les relations “entre les mouvements sectaires du judaïsme mystique et la philosophie des Lumières d’Europe occidentale”.

Dans plusieurs de ses études, Gershom Scholem avait analysé la métamorphose du messianisme hérétique professé par les adhérents du “messie” kabbalistique Sabbatai Cevi (1626-1676) en un nihilisme religieux au XVIIIe siècle. Ce développement a pris place dans le mouvement connu sous le nom de frankisme, référence à son gourou Jacob Frank (1726-1791), dont l’activité s’est située dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, surtout en Pologne et en Autriche, à la veille de la Révolution française. Le frankisme mêlait doctrines ésotériques et kabbalistiques à l’esprit de la philosophie des Lumières.

Mais cet ouvrage réédité par Omnia Veritas examine un personnage en qui se retrouve le monde du frankisme dans son entièreté, avec toutes ses contradictions. Moses (Levi) Dobruska faisait partie des Juifs qui s’étaient assuré le monopole de la vente du tabac en Autriche sous le règne de l’impératrice Marie-Thérèse. C’est dans la maison paternelle qu’il fut initié au “secret de la foi” de la secte sabbatienne. Il prospéra ensuite sous le nom de Baron Franz Thomas von Schönfeld. Dès avant 1780, il adhéra à des organisations maçonniques qui se distinguaient par des emprunts à la Kabbale et recrutaient  parmi les plus importants des “juifs de cour” de l’époque. A la fin du règne de Joseph II, il menait la vie d’un homme fortuné, bénéficiant de la confiance de l’Empereur et voyageant beaucoup pour rencontrer les hommes de lettres allemands. Mais son attention était attirée par l’aube révolutionnaire qui se levait en France. Des courriers attestent comme principal motif à son départ d’Autriche sa fascination pour l’aile la plus radicale du jacobinisme et son désir de participer pleinement aux événements qui se jouaient en France. A partir de 1792, il se fit appeler Gottlieb Junius Frey et fut accueilli à bras ouverts au club des Jacobins. En juin 1793, il publiait un livre intitulé Philosophie sociale dédiée au peuple français par un citoyen de la Section de la République française. L’introduction de cet ouvrage part de l’idée que “tout régime est comme une religion, dotée de sa propre théologie”. Tous les chapitres du livre de Frey sont imprégnés de la pensée de Rousseau et de Locke, attaquant le christianisme qualifié de “religion la plus dangereuse pour la société”.

Le 5 avril 1794, Junius Frey fut condamné à mort avec Danton, Chabot et les autres membres de sa faction et guillotiné le jour même avec eux sur la place de la Révolution.

Ce livre constitue une documentation pleine de références sur ce sujet encore trop méconnu.

Du Frankisme au Jacobinisme, Gershom Scholem, éditions Omnia Veritas, 154 pages, 23 euros

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