L’Egypte est au bord de la crise. Le territoire est dominé par des déserts hostiles, inhabitables. Aujourd’hui, la majorité de ses 82 millions de citoyens vivent dans des villes surpeuplées, le long du Nil qui ménage les seuls 3% de terres arables du pays. Le pain manque pour nourrir la population. Le gouvernement, pour garantir la disponibilité de cet aliment de base, est devenu le plus grand importateur de blé dans le monde, subventionnant les prix  pour que le pain reste accessible à tous. Mais la situation financière devient intenable. Les solutions existent : elles impliquent que le gouvernement égyptien secoue ses chaînes internationales.

La promesse du pain à prix abordable a été, pendant des siècles, un élément essentiel du contrat social entre l’élite et les pauvres ; comme c’est le cas en Syrie, en Algérie ou en Tunisie. Cependant, le coût devient intolérable pour le budget national, face aux aléas de la spéculation sur les marchés internationaux. En 2010, la dégradation des conditions climatiques, et la diminution des rendements des cultures dans le monde, ont amené les prix des matières premières à des sommets historiques sur les marchés internationaux. Cette hausse du coût de la nourriture et des produits de base a entraîné immédiatement des soulèvements en Tunisie, en Algérie et en Syrie. Au moment où Moubarak  démissionnait, à la fin de 2011, MarketWatch rapportait que l’Égypte subissait des taux d’inflation des prix alimentaires de 19 pour-cent, par an.

Les « maîtres » du printemps arabe ont, nous le savons, « profité » de ces circonstances économiques pour déclencher les manifestations au moment voulu. Mais le changement climatique est là. Les rendements potentiels du blé et du maïs diminuent dans le monde entier. À l’intérieur des frontières égyptiennes, les terres arables sont détruites chaque année par la désertification, la détérioration des sols et l’augmentation de la salinité. On s’attend à ce que le déficit annuel en eau potable, qui est déjà de 7 milliards de mètres cubes d’eau, de l’Egypte, monte en flèche si la mer Méditerranée continue de monter, inondant les lacs du nord de l’Egypte et étouffant les sources d’eau douce.

Les prix du blé ont, il est vrai, chuté de leur sommet, atteint en novembre 2012. Le gouvernement du président Abdel Fatah el-Sisi devrait utiliser ce bref sursis pour remédier aux difficultés d’approvisionnement alimentaire du pays.

En tout premier, le gouvernement devrait réévaluer fortement l’efficacité de son vaste programme de subventions. Bien que cela soit une source de stabilité nationale, l’arrangement actuel, basé sur les prix globaux du marché, ne tient pas compte des revenus personnels. Les pauvres paient les mêmes prix que les riches. Réduisant les subventions aux plus pauvres, devrait réduire la pression financière sur le gouvernement égyptien. Evidemment, le risque est de mécontenter les classes aisées qui sont les plus dangereuses pour renverser les gouvernements.

Néanmoins, grâce à l’économie réalisée par ces réduction de subventions, l’Égypte devrait, idéalement, réformer l’agriculture du pays. La majorité des fermes est constituée d’exploitations traditionnelles de petite taille, utilisant des technologies archaïques. La bureaucratie gouvernementale, surtout, les étouffe. Pour faire fleurir les sables arides, toutes les techniques possibles devraient être employées, dans ces exploitations, pour augmenter leurs rendements.

On pourrait , par exemple, y introduire d’autres cultures, comme le Fonio, un grain extrêmement nutritif cultivé en Guinée et en Sierra Leone, qui s’épanouie là où les autres plantes échouent. Le Niébé, également, qui nourrit déjà 200 millions d’Africains, peut se développer sur le sol sec et sablonneux du désert égyptien, tout en le revitalisant pour l’emploi d’autres plantes.

Même si l’Égypte ne cultivait pas directement ces céréales, un plus grand échange avec le marché agricole africain lui offrirait des garanties contre les spéculateurs des cours internationaux qui jouent à affamer les nations. Mais, là encore, le risque est très élevée pour le gouvernement égyptien de mécontenter les riches et puissants financiers internationaux. Il faudrait, probablement, à l’Egypte, un grand chef politique pour oser des réformes impopulaires et affronter les maîtres du mondialisme.

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