Il est difficile, même d’ici à Kinshasa, d’avoir des informations fiables. Cependant, tout a commencé cette nuit.

Une manifestation était programmée aujourd’hui depuis la semaine passée. La police a été disposée dans toute la ville durant la nuit sous prétexte de la venue du président de l’Angola Dos Santos.

On présente cette venue comme ayant pour principale raison la signature de différents traités bilatéraux. Personne n’est dupe.

Des hélicoptères, depuis ce matin, survolent la ville. Les manifestations ont commencé relativement calmement ce matin. Puis, au fur et à mesure que la journée avançait la tension augmentait dans certains quartiers populaires (Bandale, UPN, Victoire, Matonge et sur le campus de l’Université de Kinshasa). Puis la police a ouvert le feu.

Sur Facebook circule la photo du cadavre d’un policier. Sur le web, on peut aussi trouver des vidéos d’une foule en mouvement qui se dirige vers le palais du peuple. Si cette foule arrive jusque là… il est probable que la situation dégénère. Des magasins tenus par des Chinois ont été pillés.

C’est tout ce que nous pouvons vous dire avec certitude pour l’instant. Ca pourrait se calmer ce soir ou cette nuit comme cela pourrait perdurer.

L’origine de cette situation est le coup de force que Kabila est en train de faire. Il a modifié durant la nuit de samedi à dimanche la loi électorale afin de lier la tenue d’élection présidentielle à la réalisation préalable d’un recensement de la population. Or, ce recensement pourrait prendre de 3 à 4 années et postposer d’autant les élections prévues en 2016. Il a fait cela parce qu’il n’était plus en mesure de modifier directement la constitution.

S’ajoute à cela, le conflit désormais ouvert avec Moïse Katumbi.  

Voici un article intéressant de la revue française Africa Mining Intelligence de la semaine passée.

Les miniers redoutent une guerre civile au Katanga

La décision de Joseph Kabila de démettre le gouverneur Moïse Katumbi de ses fonctions de président provincial de son parti, le PPRD, crée un climat de tension.

Un sentiment d’incertitude s’est emparé des compagnies minières qui ont investi des milliards de dollars dans la province cuprifère du Katanga, dont Tenke Fungurume Mining et Glencore Xstrata. A elles seules, ces sociétés produisent près des trois quarts du million de tonnes de cuivre généré annuellement par la province. Elles sont liées au gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi ; elles travaillent avec sa société de transport de minerai Hakuna Matata et financent son club de football, le Tout Puissant Mazembe, véritable arme de mobilisation des masses. Dans son discours en forme de déclaration de guerre au président Joseph Kabila, prononcé à Lubumbashi le 23 décembre – le jour même de son retour de Londres où il avait été soigné pendant trois mois pour un empoisonnement à l’arsenic -, Katumbi a filé une métaphore footballistique pour signifier que le chef de l’Etat n’avait pas droit à un troisième mandat (qui nécessite de modifier la Constitution). Il a été acclamé par une foule bien plus importante que pour le meeting de “contre-attaque” de Kabila, quelques jours plus tard dans la même ville. Dans l’affrontement pour la présidentielle de 2016 – l’annonce prochaine de la candidature de Moïse Katumbi ne fait plus de doute -, le charismatique gouverneur pourra compter sur le soutien des miniers, tel Dan Gertler, associé à Glencore. Parmi ses appuis politiques, figurent le président de l’Assemblée provinciale, Gabriel Kyungu, le député Jean-Claude Vuemba ou encore le sénateur Modeste Mutinga Mutuishayi, patron du plus influent groupe de presse du pays. Le gouverneur, dont l’épouse, Carine, est une personnalité montante, peut aussi compter sur la sympathie de l’ancien ministre Jean-Claude Muyambo (AMI n°335) et de l’ex-député national Vano Kiboko, emprisonné depuis une semaine. Kabila, qui mobilise de plus en plus de troupes au Katanga, contrôle pour sa part la manne financière dégagée par les miniers

(AMI nº329)

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