François-Xavier Bellamy est un brillant et séduisant philosophe catholique, espèce particulièrement rare. Son  livre sur “Les Déshérités ou l’urgence de transmettre” a été lu et apprécié par de nombreux lecteurs, à juste titre. Il a parfaitement analysé et jugé la faillite de l’Education Nationale qui, elle, ne transmet plus grand chose.

Jusqu’à présent notre jeune penseur ne faisait pas de politique, ou si peu : Maire-adjoint de Versailles depuis 2008, sans étiquette, cela n’en fait pas un professionnel de la politique. Il y est délégué à la jeunesse et fonde les Vendredi du Rock qui ont paraît-il un grand succès.

Y a-t-il urgence à transmettre la culture du rock ? Cela ne semble pas évident mais passons.

Il travailla également quelques mois au cabinet de Rachida Dati pour y rédiger ses discours.

Le tournant qui est en train de s’opérer c’est que Bellamy a été investi par Les Républicains pour les prochaines élections législatives. S’il est élu, ce qui est probable à Versailles, notre philosophe va donc changer de métier et exercer la fonction de député.

Mais entrer dans la cour des grands a un prix. Ce prix s’appelle Front National. Sommé, au cours d’émissions de radio, de se déterminer pour le deuxième tour de la présidentielle, il a esquivé tout en dénonçant cette tyrannie.

Cela n’a pas dû suffire : il faut condamner pour être adoubé. Surtout si l’on est suspect : Manif pour Tous, Veilleurs, catholique, transmission, le passif est lourd.

Alors notre plumitif a commis une tribune dans Le Figaro (qui se surpasse ces derniers jours…) du 27 avril :”A droite, tout est à reconstruire, tout commence.”

Après avoir éreinté (avec talent) le grand favori et “sa stratégie marketting”, il entre ensuite dans le vif du sujet et attaque impitoyablement : “Le Front National apparaît pour ce qu’il est : une formidable machine à empêcher le renouveau et à maintenir en fonction les tenants de la déconstruction. Mme Le Pen avait fait élire François Hollande en 2012 et elle s’apprête à rééditer l’exploit.”

La surprise est grande, à double titre : non seulement par la mauvais foi du propos mais aussi par sa stupidité. La politique, ou l’ambition, obscurcit l’intelligence parfois.

Mauvaise foi car l’absence ou la présence de Marine Le Pen au deuxième tour de la présidentielle ne change rien pour lui : c’est quand même de sa faute. Son crime est d’exister et surtout d’avoir beaucoup de voix, ce qui en effet dérange. En 2012 elle aurait donc fait élire Hollande en refusant de choisir. Mais que s’apprêtait à faire Sarkozy ? A voter Hollande contre elle s’il avait été éliminé.

Et en 2017, le crime est pire puisqu’elle pousse l’outrecuidance à être présente au second tour. Pourquoi y est-elle avec Macron d’ailleurs ? Peut-être parce que les électeurs français ne veulent plus des deux partis qui ont exercé le pouvoir ces dernières décennies. Avant de devenir le salarié de l’un des deux, notre philosophe devrait y  réfléchir.

Et d’autre part qui sont les tenants de la déconstruction ?

Mitterrand et Hollande bien sûr, mais pas Giscard avec l’avortement et le regroupement familial ? Pas Chirac et ses douze ans d’immobilisme, sauf pour Bruxelles et l’immigration ? Pas Sarkozy et ses promesses reniées pour gouverner avec Kouchner et Frédéric Mitterrand ?

Tout cela est affligeant. Bellamy n’a rien compris.

Non seulement le constat est faux mais les perspectives qu’il entrevoit sont confondantes de naïveté : “Le travail qui nous attend est immense. Tout est à reconstruire. Tout commence.”

Avec qui ? Sarkozy qui dirige le parti en sous mains ? Pécresse farouchement favorable à l’avortement ? Les frères Baroin ou Bertrand ?

Croit-il qu’on lui laissera développer un nouveau projet ? La bonne blague.

Tous ceux qui ont essayé ont été broyés : Seguin, Millon, Villiers, dans des genres très différents s’étaient écartés du dogme immigrationniste ou européiste. Au bout du compte ils n’ont servi à rien alors qu’ils ont tous été ministres. Philippe de Villiers raconte dans un de ses livres comment, lorsqu’il était ministre de la culture, il a essayé de faire capoter l’installation des colonnes de Buren au Palais-Royal. Peine perdue : le grand constructeur Chirac a rendu son arbitrage et l’on est passé à autre chose.

Alors quand un ministre convaincu ne peut même pas faire cela que pourrait-il faire contre l’islamisation de la France qui est l’enjeu vital des prochaines années ?

Bellamy sera député, peut-être ministre un jour. Cela ne changera rien et il ne servira à rien.

Quel dommage, il aurait été tellement utile ailleurs…

Antoine de Lacoste

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