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p style=”text-align: justify;”>L’ASAF (association de soutien à l’armée française) est une association, créée en 1983, qui regroupe tous les Français qui veulent que l’armée demeure une priorité pour l’État et vive au cœur de la Nation. Nous avons interrogé son président le général Pinard Legry sur l’association, la situation actuelle de l’armée française avec la nouvelle loi de programmation militaire et l’opération Sangaris…

1)   Pourriez-vous d’abord présenter l’ASAF aux lecteurs ?

L’ASAF (association de soutien à l’armée française) est une association entièrement bénévole, indépendante de tout parti politique et qui n’a aucun caractère syndical.
Elle ne sollicite aucune subvention de l’Etat afin de pouvoir préserver une totale liberté d’expression. Elle a pour objectif de défendre l’honneur de l’Armée et de ses soldats quand ils sont injustement mis en cause,de soutenir ceux qui ont servi et servent les armes de la France,de sensibiliser tous les Français aux questions militaires et de défense et de contribuer au devoir de mémoire et de solidarité.

asaf2)  Aujourd’hui combien avez-vous d’adhérents ? Leurs profils sont-ils variés ?

Nous regroupons aujourd’hui 3 000 membres dont 500 associations sur l’ensemble du territoire national, des civils, des militaires et d’anciens militaires d’active et de réserve. Des étudiants, des actifs et des retraités des hommes et des femmes. Bref un échantillon très diversifié de la population française.

Nous sommes l’une des 12 associations représentatives du monde combattant reconnues officiellement et, à cet égard, l’association est régulièrement consultée par le ministère de la Défense.C’est ainsi que chaque année, l’ASAF s’exprime devant les membres de la commission de la Défense de l’assemblée nationale.

3)  Vous tentez donc de créer un lien avec la société civile tout en portant la voix de l’armée française sur différents plans ?

Nous sommes une association de Français, des civils et des militaires qui estimons que l’armée doit vivre au cœur de la Nation, qu’elle doit être connue et soutenue par les Français. Il y va de notre intérêt vital d’avoir une armée forte, soudée. Elle cultive des valeurs de courage, de solidarité, et de cohésion indispensables pour vaincre au combat, mais qui sont aussi des valeurs à développer et à renforcer dans notre société pour faire face à la crise et relever les défis à venir.
L’armée recrute tous les ans 15 000 Français et remet dans notre société 15 000 anciens militaires qui ont 5, 15 ou 25 ans d’armée. Ils redeviennent des civils qui contribuent par l’éducation militaire reçue, la formation professionnelle, les expériences vécues en France et à l’étranger, à la vie et au développement de la Nation.
L’armée est l’expression de la Nation et apporte beaucoup à la Nation par ses soldats et leurs familles.

 

4) N’importe qui peut adhérer à l’association ?

Tout Français peut adhérer à l’ASAF, association loi 1901 qui a des statuts qui définissent notamment son objectif.
Il y a au sein de notre association des Français qui ont des idées politiques différentes mais qui tous estiment que l’armée est un élément central de la Nation, qu’elle doit être au cœur des préoccupations de l’Etat et dans le cœur des Français.Nous avons aujourd’hui des délégués dans plus de 70 départements.

5) Pour le chef d’Etat-major de l’Armée de Terre le général  Bertrand Ract-Madoux, les moyens de l’armée de terre ont atteint un niveau minimum. Le général Vincent Desportes estime que la France n’aura plus les moyens de faire face à l’exercice de ses responsabilités dans le monde et à la protection des intérêts de la France et des Français. Êtes-vous ,vous aussi, inquiet par la dernière loi de programmation militaire ?

Oui car les récentes interventions (Mali par exemple) ont rappelé nos lacunes dans certaines capacités (transport aérien stratégique) montré certaines insuffisances hélicoptères de dernière génération, moyens logistiques. Notre armée devient de plus en plus dépendante. Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas coopérer mais on fait appel à d’autres, c’est un fait. Les ressources que la France envisage de consacrer pour sa défense vont encore diminuer comme elles le font d’ailleurs depuis 30 ans. Dans ces conditions notre pays aura dans 5 ans une armée moins nombreuse avec davantage de lacunes et certains matériels auront alors près d’un demi-siècle. Pendant que l’Europe désarme, tous les autres pays accroissent le budget de leur Défense.Il faut être, autiste,  incompétent ou de mauvaise foi, voire les trois, pour ne pas le reconnaître.

 

6) Les suppressions de postes sont conséquentes surtout si on ajoute celles de la majorité précédente. Malgré cela, la France a-t-elle encore une bonne capacité opérationnelle pour se projeter sur deux théâtres d’opération en même temps ?

Les armées sont engagées non pas sur 2 mais sur 10 théâtres différents : Guyane (opération Harpie) Océan Indien (Atalante), Kosovo, Afghanistan, Liban, Tchad, République de Côte d’Ivoire et naturellement Mali et République Centrafricaine.

Il faut naturellement  des effectifs suffisants (provenant  essentiellement de l’armée de terre) pour assurer des relèves et maintenir un haut degré de formation et d’entraînement des unités dans la longue durée; il faut 5 unités en métropole pour 1 unité engagée en opération et nous sommes au Liban depuis 35 ans ! Chacun des théâtres sur lesquels nos forces sont engagées exigent des moyens de commandement, de soutien, de renseignement spécifiques mais aussi des moyens de transport aériens et des hélicoptères. Ce serait moins contraignant si toutes nos forces étaient engagées sur le même théâtre, mais ce n’est pas le cas…En cas d’engagement important sur un nouveau théâtre d’opération, il faudrait redéployer nos forces actuellement engagées. On est déjà au-delà de nos limites en équipements et matériels. La RCA le montre.

La majorité précédente a largement lancé le processus de réduction d’effectifs mais rien n’interdisait la majorité actuelle de le stopper voire de l’inverser comme elle l’a fait dans de nombreux domaines.
Curieusement non seulement elle maintient les suppressions qui ont été décidées par l’ancien gouvernement mais elle les poursuit ! Pendant ce temps les armées sont de plus en plus sollicitées dans de nouvelles opérations extérieures…

 

7) Cette nouvelle loi semble plus s’orienter vers une priorité donnée au renseignement avec l’augmentation de l’effectif des forces spéciales et un renforcement de la lutte contre la cybercriminalité. Est-ce une bonne chose ?

La priorité au renseignement est relative puisque c’est effectivement une des rares branches qui ne voit pas ses moyens diminuer.
L’augmentation des effectifs des forces spéciales se fera sans doute au détriment de leur qualité puisque le bassin de recrutement de ces forces est essentiellement constitué par les forces classiques dont les effectifs décroissent. On réduit ainsi le vivier de recrutement. Enfin les forces spéciales sont une composante des forces pour remplir certaines missions bien précises. Elles ne peuvent en aucun cas se substituer, pour la plupart des missions, aux forces classiques dont les effectifs vont continuer à fondre. On veut surtout préserver un savoir-faire mais on va donner l’impression d’une armée à deux vitesses.
Enfin la cybersécurité est une menace qui concerne l’ensemble de la Nation, le domaine militaire, mais aussi diplomatique, sécuritaire et économique. Il y aurait en fait un effort considérable à faire ; mais malgré ces menaces bien identifiées, l’effort de Défense de la France va diminuer et passer de 1,5% du PIB à 1 ,3% , voire 1,1% en 2019…
Aujourd’hui déjà le budget de la défense d’Allemagne, qui ne possède pourtant pas d’arme nucléaire et pas de porte avions, est plus important que le budget de la France.

 

8) Ces derniers temps, on a beaucoup parlé de l’article 20 qui renforce l’accès des services de renseignement intérieur (en l’étendant aux agents du ministère de l’économie) aux communications électroniques échangées sur les réseaux d’opérateurs. Comprenez-vous que certains soient inquiets pour leur vie privée ?

Je pense que les trafiquants, les terroristes, les mafias doivent être plus inquiets.Les citoyens qui vivent honnêtement ne doivent pas craindre grand-chose.
Toute défense et protection entraîne des contraintes. Vivre libre exige parfois d’accepter de se sacrifier quand cette liberté est menacée. Nos grands parents l’ont montré il y a un siècle. Nous pouvons je crois accepter ces contraintes qui ne sont pas mortelles.Lutter contre les groupes terroristes exige de développer des techniques et des moyens permettant de les localiser, pour les neutraliser. C’est un choix de société. C’est sur les dérives éventuelles et les excès toujours possible de l’utilisation de ces moyens qu’il faudra être vigilants. Mais il nous faut absolument identifier et détruire nos adversaires. Notre  liberté  et notre indépendance nationale sont les biens les plus précieux.

 

9) La France se trouve isolée en Centrafrique. N’y a-t-il pas une crainte que nos troupes se trouvent prises dans un bourbier et que l’opération Sangaris ne dure plus longtemps que prévu ?

Personne ne connait la Centrafrique sauf quelques Français.
Les pays européens sont très contents que la France y aille. De toutes les façons, c’est la seule armée en Europe qui soit capable de faire le travail.
Je pense que notre pays a un véritable intérêt stratégique à agir. Elle a lancé cette opération sans doute trop tard avec trop peu de moyens. Par ailleurs la mission confiée à nos hommes est floue car le but politique de cet engagement n’est pas clair. La question est de savoir ce que l’on veut faire en Centrafrique.
Je crois qu’il est indispensable de rétablir la sécurité de ce pays si on veut relancer son économie  et organiser son développement. Les élections ne sont pas une solution. Il faut sécuriser et stabiliser. Si ce n’est pas fait, la RCA va devenir un Etat de non droit au cœur de l’Afrique centrale et la France va devoir accueillir à plus ou moins long terme des centaines de milliers de réfugiés africains. L’instabilité risquerait de se propager vers les pays voisins.
Cela fait un mois que l’opération est déclenchée et l’on voudrait qu’elle soit déjà terminée ? cela n’a pas de sens. Si nous avons un vrai projet politique pour l’Afrique, notre présence en RCA doit se compter en décennies. Tous les conflits durent longtemps : Liban, Balkans, Afghanistan, Côte d’Ivoire,…

 

10) Les forces françaises se retrouvent au milieu d’un conflit communautaire avec des forces africaines pas toujours très fiables (ex : Tchad). Cela ne rend-il pas la mission plus difficile que l’opération Serval ?

Il ne faut pas demander à des armées africaines qui n’arrivent pas toujours à maintenir l’ordre dans leurs pays de le faire dans un pays étranger. Or, on a bien l’impression que l’objectif à terme est de passer la main aux pays africains car on n’a pas les moyens correspondants à la situation sur place. Il faudrait plus d’effectifs. Mais c’est toujours la même question: quelle est la finalité ?
En outre reconstruire une armée demande 10 ou 15 ans et non 6 mois ou 1 an comme quelques incompétents osent le dire très sérieusement.
En fait politiquement, il est facile à des dirigeants de dire que la sécurité va être assurée par l’Union africaine, mais ils savent très bien que c’est une illusion. Donnez-moi un exemple qui a confirmé le bien fondé de cette logique ?

 

11) Pour finir, quels seront les défis que l’armée française devra relever en 2014 ?

Eviter la paupérisation dans la vie quotidienne. Elle mine le moral et la situation devient franchement inacceptable dans un certain nombre de domaines : infrastructure, soutien.

Maintenir un niveau d’entraînement suffisant. Or il devrait baisser de 15 à 20% faute de ressources. Pourtant l’instruction, la formation et l’entrainement interarmes et interarmées sont les clefs de notre supériorité opérationnelle.

Disposer d’effectifs suffisants pour remplir dans de bonnes conditions les missions qui leur seront confiées et éviter l’usure des troupes.

Enfin renouveler plus rapidement nos équipements vieillissants. Certains auront 50 ans d’âge !!!
Un vœu en ce début d’année, que les Français prennent conscience de l’atout que constitue encore notre armée pour la France.

C’est l’ultima ratio, c’est vers l’armée que les Français se tournent quand tout le reste s’effondre, quand il y a une catastrophe.
Qu’ils soutiennent leur armée et exigent des responsables politiques qu’ils maintiennent une armée forte malgré les difficultés financières.
Que restera-t-il à notre pays pour peser dans le monde, se faire respecter et protéger les 2 millions de Français vivant à l’étranger dont 200 000 en Afrique subsaharienne s’il n’a plus d’armée

Retrouvez le site internet de l’ASAF: http://www.asafrance.fr/

Le prix d’adhésion à l’ASAF avec l’abonnement aux 4 numéros trimestriels de la revue « Engagement »  est au prix de 25 €. La revue « Engagement » , tirée à 11.000 exemplaires, regroupe environ 30 articles d’actualité ou historiques d’intérêt militaire rédigés par des militaires et des civils qui connaissent bien leur sujet et qui s’expriment sans « langue de bois ».

L’ASAF édite également un numéro hors série chaque année dans sa collection « Mémoire et Vérité » .  Le dernier est consacré aux blessés de guerre.

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