Drapeau du régime communiste hongrois 1949-1956
Drapeau du régime communiste hongrois 1949-1956

Le Jobbik, le grand parti d’opposition hongrois, vient de ré-attaquer le gouvernement d’Orbán sur une question récurrente en Hongrie depuis la chute du bloc soviétique. Il demande une fois de plus que soit divulguée la liste complète des agents et informateurs de l’ère communiste en Hongrie[1], en vue du 60e anniversaire du soulèvement antisoviétique de 1956.

«C’est une honte pour l’élite politique hongroise que, soixante ans après 1956, l’accès aux fichiers des services secrets de cette époque soit encore limité», a déclaré lors d’une conférence de presse le député du Jobbik, Ádám Mirkóczki.

Mirkóczki critiqua les socialistes, actuellement dans l’opposition, et le parti au pouvoir de Viktor Orbán, le Fidesz, pour leur «collaboration» secrète visant à empêcher la publication de l’identité des espions et indicateurs communistes. Selon Mirkóczki, «au lieu d’organiser de somptueuses cérémonies», il serait grand temps que le gouvernement, à l’occasion de l’anniversaire du soulèvement populaire, accorde l’accès complet aux dossiers et révèle le nom de ceux qui ont servi le régime communiste et qui, dans la Hongrie postsoviétique, sont le plus souvent parvenus à occuper des postes importants dans la politique et les activités commerciales.

Le Fidesz de Viktor Orbán reste en effet très frileux sur ce sujet aussi sensible. D’autres pays de l’ancien bloc soviétique ont été plus courageux. Saluons la Pologne qui a publié, en février 2005, une liste constituée par l’Institut de la mémoire nationale-Commission de poursuite des crimes contre la nation polonaise[2]. Elle comprend le nom de 240.000 collabos du communisme, agents secrets, informateurs, mais aussi celui des victimes des crimes bolcheviques[3].

Si la revendication du Jobbik aboutissait, elle pourrait également être très dérangeante pour ses voisins autrichiens, dont tout l’Est du territoire a été occupé par les Soviétiques jusqu’en 1955[4], et pourrait, là aussi, nous réserver bien des surprises.

Terreur communiste et insurrection populaire de 1956

Jüri Lina, journaliste estonien, s’est livré à des recherches extrêmement documentées sur le communisme[5], l’origine de son idéologie, les buts de la destruction sociale et économique qu’il engendra, ainsi que sur les forces qui se cachaient derrière ses acteurs. Il s’est appuyé pour ce faire sur les archives soviétiques ouvertes en 1991[6]. Il décrit l’expérience de la Terreur communiste que la Hongrie a faite à deux reprises dans son histoire.

Une première fois, au printemps 1919, lorsque fut proclamée la République soviétique de Hongrie après un accord entre frères maçons. L’auteur met en exergue le rôle de Bela Kun (Aaron Kohn) − maître de la loge Johannes à Debrecen et membre du B’naï B’rith, officiellement commissaire du peuple aux Affaires étrangères − dans l’instauration d’un régime de terreur d’une incroyable cruauté[7]. Selon Lina, «90% des francs-maçons hongrois étaient juifs». La Hongrie devait devenir la base territoriale à partir de laquelle la révolution pourrait s’étendre à la Slovaquie, à l’Autriche et à la Bavière, ce qui fut un échec[8].

La période 1956-1989 a été tout aussi terrible. Ce qui entraîna le soulèvement populaire de 1956 (23 octobre-4 novembre)[9]. Les recherches de Jüri Lina concordent avec celles de David Irving exposées dans son livre L’Insurrection. Budapest 1956[10]. Insurrection qui fut réprimée dans le sang : «Moscou utilisa 1.500 tanks et 15.000 troupes d’infanterie. 1.945 personnes furent tuées à Budapest et 557 autres furent fusillées en province. 20.000 personnes furent blessées. 40.000 furent arrêtées. 200.000 s’enfuirent de Hongrie.»[11] Il relève par ailleurs le rôle joué par les Etats-Unis dans cette répression[12] : «Ce furent également les Etats-Unis qui incitèrent l’Union soviétique à écraser les rébellions d’Europe de l’Est en 1956 et 1968, car les intérêts des hauts cercles financiers l’exigeaient. L’écrivain suédois rouge Jan Myrdal révéla dans le journal Folket i Bid (n° 20, 1979, p. 31) que ‘le département d’Etat américain, à travers les diplomates suédois, demandèrent, avant l’invasion de 1956, à l’Union soviétique de rétablir l’ordre en Hongrie. […] La propagande américaine prétendit que les Hongrois commençaient à assassiner des communistes juifs et qu’il était donc temps d’intervenir. Même les bourreaux juifs des forces de sécurité communistes ne furent pas tués. Pas même le chef juif haï de la sécurité, Gabor Peter (en fait Benjain Ausspitz), n’eut à subir ce sort.» Dans le même temps, Voice of America poussait les Hongrois à la révolte. Ceux-ci étaient convaincus que les Etats-Unis viendraient à leur secours. C’est Franco qui décida d’envoyer des armes aux insurgés. Il contacta le chancelier allemand Konrad Adenauer et obtint la permission de ravitailler ses avions en Allemagne sur le chemin de Budapest. Eisenhower mit une telle pression sur Franco et Adenauer qu’ils annulèrent l’arrangement. Les armes tant espérées n’atteignirent jamais la Hongrie (John F. McManus, « Betrayal Made in USA », The New American, 13 novembre 2006). Pas moins de 100.000 volontaires espagnols étaient prêts à se rendre en Hongrie pour aider à combattre les communistes. Eisenhower mit un terme à tout cela (Magyar Jelen, 27 novembre 2008). Le même scénario fut conduit lors du soulèvement à Prague en 1968.

Sources

http://unser-mitteleuropa.com/2016/10/15/ungarn-jobbik-verlangt-offenlegung-der-namen-kommunistischer-spitzel/

dailynewshungary.com/jobbik-calls-releasing-communist-era-agents-list/

[1] «Le pouvoir absolu exercé par l’Etat communiste renforcé par les syndicats et les organisations de masse s’appuyait partout sur l’existence d’une police politique toute puissante, véritable Etat dans l’Etat, chargée de traquer les opposants tant à l’extérieur du parti qu’en son sein même. […] En Hongrie, en mai-juin 1951, on chassa de Budapest 60.000 de ces indésirables qui furent déportés dans des fermes collectives.» (in Histoire des pays de l’Est, Henry Bogdan, Perrin, 1991, p. 481).

[2] https://fr.wikipedia.org/wiki/Instytut_Pami%C4%99ci_Narodowej

[3] www.heise.de/newsticker/meldung/Personenliste-aus-kommunistischer-aera-sorgt-fuer-Wirbel-in-Polen-132643.html. Liste disponible sur www.ny.pl/Lista_Wildsteina/

[4] Carte des forces d’occupation sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Occupation_de_l%27Autriche_apr%C3%A8s_la_Seconde_Guerre_mondiale

[5] https://medias-presse.info/dans-lombre-dhermes-les-secrets-du-communisme-documentaire-estonien/61357 / vidéos

[6] Lire Sous le signe du scorpion. L’ascension et la chute de l’Empire soviétique, Omnia Veritas, 2016.

[7] Ibid.  p. 301 : «Le commissaire juif de Bela Kun, Isidor Bergfeld, admit avoir personnellement brûlé vifs 60 Magyars dans des fours et en avoir assassiné 100 autres de ses propres mains. […] La terreur communiste, dirigée par le juif Otto Korvin (Klein), le chef de la police politique, coûta au pays 28 milliards de florins et 14 milliards de dettes. Il fut plus tard découvert que le gouvernement ‘révolutionnaire’ avait aussi volé 900 millions de florins en devise étrangère au ‘fonds domestique du peuple’.» Les sous-sols du palais Batthyani étaient devenus un lieu de tortures et d’exécutions. Cela est confirmé par l’historien juif Richard Pipes, selon lequel 95% des dirigeants de la Hongrie étaient juifs en 1919 (in La Russie sous le Régime bolchevique, New York, 1993, p. 112).

[8] Lina, p. 301.

[9] Rétrospective en images : http://www.kulugyminiszterium.hu/NR/rdonlyres/B2B1B441-FD50-4559-9A53-3BF876560DD9/0/1956francia.pdf

[10] https://www.amazon.fr/Insurrection-Budapest-1956-David-Irving/dp/2226012834 (prix : 4,94 €).
Vidéo : http://www.dailymotion.com/video/xqyfe3_hongrie-1956-les-origines-censurees-de-l-insurrection-de-budapest-par-david-irving-1995-extrait-vost_news

[11] Ibid. p. 428.

[12] Ibid. p. 427.

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