Le député-maire d’Orange, Jacques Bompard, a lancé l’ouverture d’un marché public pour faire édifier un monument en hommage aux habitants de sa commune dont 332 ont eu la tête tranchée en une seule journée durant la Terreur révolutionnaire en 1794. En une époque où nos racines historiques et civilisationnelles sont systématiquement révisées pour coller au politiquement correct, alors que la Terreur intellectuelle risque de ramener la Terreur sanglante comme sous la Révolution, Jacques Bompard explique les raisons profondes de ce monument du souvenir:

Rouge & Noir : La ville d’Orange est davantage réputée pour ses merveilles architecturales antiques que pour son histoire patrimoniale moderne. Le joug de la Terreur fut-il si important à Orange qu’il méritât qu’un monument soit dévolu à la mémoire de son passage ?

Jacques Bompard. Le patrimoine historique de la ville d’Orange est d’une grande richesse. Un patrimoine ce sont des pierres vivantes qui parlent, qui expliquent, qui déterminent. Le théâtre antique nous offre notre romanité. Les exactions de la terreur révolutionnaire nous ont donné la chance d’être rétifs aux provocations idéologiques.
Nous savons qu’elles conduisent à la mort. Nous avons entre autres le privilège d’avoir le théâtre antique le mieux conservé au monde. L’Arc de Triomphe fait aussi partie des merveilles romaines et antiques de la ville. Mais l’histoire d’Orange ne s’arrête pas à la période antique, les Orangeois ont connu d’autres événements et il est important de ne pas les oublier.
L’éducation nationale masque les horreurs de la Terreur.L’historiographie est pourtant claire : les jacobins et les radicaux voulurent expurger la France du catholicisme et créer un homme nouveau. Leurs héritiers nazis ne firent pas autre chose… Plus de 800 personnes enfermées dans les prisons d’Orange. En juillet 1794, sur l’actuelle place et théâtre municipal, 332 têtes furent tranchées.
Trente-deux religieuses perdirent la vie sous le joug révolutionnaire. Ces femmes, toutes martyres, laissent à la ville un témoignage de foi, d’espérance et de courage. La région et particulièrement la ville ont connu une période instable, des meurtres, menaces et autres atrocités. Les rêves de régénérescence maculent encore notre monde contemporain : il est de notre devoir d’alerter sur les conséquences sanglantes de la poursuite de fausses valeurs et des conceptions purement idéelles des rapports humains.

R&N : Pourquoi rappeler à la mémoire des Orangeois un évènement d’une telle nature ? Est-ce véritablement du ressort du maire de mettre en œuvre un projet de cette envergure ou comblez-vous là seulement l’absence d’initiatives d’éventuelles associations sur le terrain ?

Jacques Bompard. Le rôle d’un maire consiste à servir sa ville et les familles qui y vivent. Il faudrait être tout à fait ignorant de la nature humaine pour considérer qu’elles ne comptent ni sur des racines, ni sur des mythes. Se souvenir de la violence que le Comité de Salut Public et sa loi des suspects imposèrent en France est une question d’hygiène intellectuelle et morale. Comment accepter l’instrumentalisation de l’Histoire ? La mémoire historique est cruciale et il est important de la rappeler quand le prêt-à-penser l’instrumentalise. La chapelle de Gabet à Orange nous évoque constamment les crimes commis au nom du Dieu Raison ; mais un monument doit commémorer le sang qui coula à la suite des décisions du tribunal installé en la chapelle saint Louis.

Aujourd’hui face à l’inversion des valeurs et des principes, il nous a semblé important de proposer aux Orangeois un lieu où chacun peut s’arrêter et rendre honneur à ceux qui sont tombés. De nombreuses associations à Orange travaillent pour faire connaître la richesse et l’histoire de la France, de la région… Ces associations participeront à la commission qui choisira le projet final.

Je crois justement que les Orangeois apprécient la liberté de leur édile. Je compte insuffler une dynamique de courage et de liberté dans la manière d’aborder la question de la Terreur dans notre région et pourquoi pas en France.

R&N : Vous avez été accusé cette année d’avoir déposé l’amendement « le plus délirant [de la semaine] », en demandant au détour d’une loi à ce que la « République française [fasse ses excuses] aux Rois de France pour le saccage de leurs sépultures pendant la Révolution française ». En regard de l’accueil qui vous a été réservé par vos collègues (Madame Capdevielle) et certains médias, le projet de monument en l’honneur des morts de la Terreur ne risque-t-il pas de provoquer un tollé similaire ?

Jacques Bompard. J’aime à lire Frédéric Rouvillois, l’un des meilleurs constitutionnalistes de notre époque. Il a longuement décrit dans Être ou ne pas être Républicain, la technique de propagande qui revient à brandir des « valeurs républicaines » à tort et à travers pour masquer le vide de la pensée politique actuelle.
Il appartient de rappeler que crier « La République ! » comme un antidote absolu est inutile et dangereux. La Terreur a commis un génocide en Vendée et a persécuté les catholiques de Vaucluse en raison de leur religion. La Terreur a assassiné Sœur de l’Annonciation, une sacramentine de 24 ans. La Terreur a assassiné Sœur Madeleine de la Mère de Dieu, 25 ans, sacramentine à Bollène. Mais aussi sœur Saint-Augustin, âgée de 75 ans. Elle voulait effrayer les croyants pour imposer le culte d’un régime.
Libre à chacun de trouver qu’il est risible de s’en souvenir. Je trouve au contraire qu’il est urgent de se souvenir que les idéologies sont toujours mortifères et que la haine des catholiques est morbide.
Vous évoquez mes collègues et leurs moqueries. Ils sont majoritairement anti-chrétiens, doctrinaires du laïcisme, insultant vis-à-vis de tout ce qui précède leur chère révolution, ils veulent créer une nouvelle anthropologie déliée de la nature.
Je pense qu’il est important de leur rappeler que leurs inspirateurs profanaient les tombeaux et décapitaient des innocents.

R&N : Le monument aux morts, installé sur le lieu même de la guillotine d’antan, devra rendre hommage aux victimes, essentiellement issus de l’ordre religieux (32 religieuses, 36 prêtres) et du peuple (artisans, cordonniers, paysans…). Comment ? Quelle image va les représenter ? L’artiste aurait-il une liberté d’interprétation totale sur son ouvrage ou devra-t-il se conformer à quelques impératifs proposés par la Mairie ?

Jacques Bompard. Le cadre spatial est défini : il s’agit du théâtre municipal où était installée la guillotine. L’œuvre devra représenter cette période de massacres et commémorer l’ensemble des 332 morts. L’artiste devra bien évidemment se conformer à quelques impératifs logiques mais nous faisons aussi confiance à son talent et son imagination pour nous présenter l’œuvre que nous attendons.

Nous avons été touchés par la statue de Jeanne d’Arc, une œuvre de Boris le Jeune (ci-contre ndlr). Notre appel d’offre est lancé depuis mercredi 24 mai et nous étudierons chaque artiste avec précision.
Ce monument vient simplement en remplacer un autre qui disparut en 1848. Il veut dire notamment qu’il est indispensable que jamais en France nous ne laissions dire qu’il faut honorer des hommes qui affirmaient : « La peine due à ce crime [être opposé à la révolution] est la mort. La preuve requise pour la condamnation sont tous les renseignements, de quelque nature qu’ils soient, qui peuvent convaincre un homme ami de la liberté ».
Il faut honorer ce qui est honorable. Je crois que c’est ce qu’il y a de plus important à retenir dans cet appel. (…)

L’illustration de tête est un tableau de la cathédrale d’Orange qui représente la montée à l’échafaud des 32 bienheureuses religieuses martyres d’Orange.

emiliedefresne@medias-presse.info

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