DSC00650Le sergent Jocelyn Truchet du 13ème BCA, est envoyé en Afghanistan en décembre 2009. Le 16 mai 2010, trois semaines avant son retour en France, il saute sur un IED et perd une jambe. Trois ans après, il nous livre son carnet de route et nous raconte son expérience au combat mais aussi sa convalescence et son retour à la vie à travers son livre “Blessé de guerre”. Entretien avec un homme qui a relevé tous les défis que la vie lui a lancé…

1) Jocelyn Truchet, vous êtes l’auteur d’un livre : « Blessé de guerre ». Dans ce livre vous revenez sur votre expérience de guerre en Afghanistan. Est-ce pour vous un moyen d’expliquer à vos concitoyens ce qu’est la réalité de la guerre là-bas ?

Écrire ce livre avait plusieurs objectifs pour moi. Déjà, j’écrivais ma vie sur place jour après jour, en rentrant de mission, afin de ne pas oublier. L’intensité de nos journées était telle qu’il aurait été difficile de se souvenir de tout. Pour un militaire, l’Afghanistan était LE conflit à couvrir, et je ne voulais rien laisser passer. Peu à peu, en revenant sur ce livre, j’ai pris conscience que ce témoignage pouvait également permettre à ma famille, mes amis, et au grand public, de mieux appréhender le quotidien d’un soldat français en guerre. Enfin, j’espère que les blessés de guerre qui sont pris en charge dans nos hôpitaux pourront y puiser la force de surmonter leurs épreuves et aller de l’avant.

2) Notre site a parlé d’un livre d’un ancien militaire en Afghanistan Sylvain Faviere : « Ma blessure de guerre invisible ». Pour lui écrire ce livre a été un exutoire et un moyen de reconnaitre sa blessure tout en témoignant. Vous sortez ce livre trois ans après votre séjour en Afghanistan. Qu’est-ce qui vous a poussé à écrire ce livre ?

Après mon retour en France, j’ai entamé une longue convalescence. Les gens ne s’imaginent pas à quel point on ne se sort jamais vraiment d’une situation pareille. Vous passez votre temps à tester des prothèses différentes, à les remplacer par d’autres, plus modernes ou plus adaptées à votre handicap. L’apprentissage du quotidien prend du temps, tout est à ré-apprendre. Je n’ai jamais vraiment ressenti de dépression suite à mon amputation. Parfois des moments difficiles mais rien d’insurmontable. Et pour me prouver que l’avenir pouvait me sourire à nouveau, je me suis lancé tout un tas de défis. Remonter sur des skis, reprendre l’escalade, réaliser l’ascension de l’Aiguille du Midi avec mes compagnons d’armes, participer aux championnats militaires handisports, y recevoir une médaille d’or… Sortir ce livre entre dans cette continuité. Je m’y suis lancé avec un ami, Bruno Pasdeloup, qui m’a aidé à reprendre le texte initial sur l’Afghanistan et qui a écrit toute la partie « post-guerre ». Arrivé à la fin du manuscrit, nous nous sommes lancés nous-même dans la mise en page. Faire ce livre de A à Z était un défi formidable, et aujourd’hui, nous sommes fiers du résultat. J’espère avoir apporté un regard nouveau, à travers ce récit en forme de journal de bord, qui permettra à chacun de découvrir ce qui ne fait que rarement la Une de l’actualité : le quotidien d’un soldat engagé pour la France sur une zone de guerre.

3) Vous êtes toujours militaire au sein de votre régiment où vous faites partie de la cellule communication. Comment avez-vous été accompagné lors de l’écriture de ce livre ?

Le SIRPA Terre nous a assurés de son soutien tout au long de cette aventure, en nous permettant par exemple d’utiliser librement certaines de leurs photos. L’armée a très bien accueilli cette initiative et nous a encouragés à donner notre point de vue, à entrer dans le détail. Je les en remercie.

4) La guerre en Afghanistan n’est pas un thème très porteur pour le grand public. Avez-vous espoir de bien vendre votre livre ?

Le grand défi du livre, c’est de toucher tout le monde. Tout à la fois le soldat, sa famille, et le grand public, souvent peu au fait sur les thématiques militaires. L’idée était donc de choisir un présentation originale. Un livre format paysage, illustré de nombreuses photos couleurs. Une sorte de journal de voyage.

Il a fallu ensuite rendre le texte plus accessible au grand public, limiter les acronymes (qui sont légions dans le monde militaire!), élargir notre propos et ne pas se limiter à décrire les opérations. Parler du quotidien, de l’ambiance qui règne sur la base, de ce qui a fait notre vie sur place, tout simplement. La partie « post-guerre » contentera sans doute davantage les « non-militaires ». J’y exprime tout ce qui fait ma vie depuis mon amputation. La découverte du handicap, les moments de doute, la convalescence, et le lent retour à la vie.

J’espère que chacun y trouvera son compte. La réussite de ce livre ne dépend pas du nombre de ventes qu’il engendrera. Le défi était de l’écrire, d’exprimer avec des mots la complexité des sentiments et la totalité de mon histoire personnelle. De ce point de vue, l’existence même de ce livre est déjà une victoire pour moi.

5) On peut dire que vous aimez les défis. Vous vous engagez à l’Ecole militaire de Haute Montagne. Blessé en Afghanistan en 2010 à 25 ans et amputé, vous entreprenez l’ascension du Mont Blanc en 2012. En 2013, vous participez au Championnat International Militaire d’Athlétisme Handisport et votre prochain objectif est les Jeux Paralympiques. Finalement écrire ce livre et le publier, n’est-ce pas un autre défi que vous êtes aussi sur le point de réussir ?

Complètement. Et au final, c’était sans doute le plus long, et le plus difficile à mettre en œuvre ! Mais j’ai encore plein d’idées dans la tête, plein de défis à relever. Je ne manque pas d’imagination là-dessus…

6) Pour finir, si vous vouliez donner envie aux lecteurs de lire votre témoignage, que diriez-vous ?

Je dirai qu’on a beaucoup parlé dans les médias de la pertinence de l’engagement français en Afghanistan et que ce livre n’a pas été écrit pour apporter une réponse de plus à ces questions. A partir du moment où la France a décidé d’intervenir dans ce pays, nous y sommes allés et y avons combattu. Ce livre a pour seul et unique objectif de montrer à l’opinion publique ce qu’il est advenu de nous une fois entré dans l’avion qui nous emmenait vers Bagram et vers le conflit. Des hommes de 18 ou 20 ans, qui pourraient être les enfants de vos amis, de vos voisins, des gens que vous croisez dans la rue tous les jours, et qui sont partis se battre la bas.

La plupart en sont revenus, certains non. Et tous y ont laissé une partie d’eux-même. Mais la morale de mon histoire, un peu naïve peu être mais qui fonctionne (j’en suis la preuve!), c’est que quoiqu’il arrive, on trouve toujours en nous le courage d’avancer (même sur une jambe…).

 

Mon avis: ayant moi-même commandé ce livre avant sa sortie, j’ai eu le plaisir de le recevoir. Jocelyn y raconte son quotidien jour après jour. Le livre, illustré de nombreuses photos, se lit comme un album photo. Il a l’avantage de nombreuses cartes en couleur qui permettent de situer l’action, une page sur le contexte des opérations et un glossaire avec les principaux termes militaires. Toutes les pages sont en papier glacé, ce qui en fait vraiment un beau livre. Encore un témoignage sur le conflit afghan mais un témoignage qui vaut la peine d’être lu !

Pour commander le livre: http://www.blessedeguerre.com/

Twitter: https://twitter.com/BLESSEDEGUERRE

Facebook: https://www.facebook.com/BlessureDeGuerre?fref=ts

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