Il y a cette magnifique image de la “Rainbow Nation” incarnée par la victoire des Springboks lors de la coupe du monde de rugby en 1995 mais il y a aussi le revers de la médaille dont peu de monde fait mention. Ils sont où aujourd’hui les fringants rugbymen sud-africains ? L’émission Stade 2 de France Télévisions y a consacré dimanche un reportage qui nous montre la triste et douloureuse réalité de ces héros nationaux d’hier.
En 2010, le troisième ligne Ruben Kruger décède d’une tumeur au cerveau à seulement 39 ans. En 2011, on apprend que van der Westuizen est atteint du syndrome de Charcot, maladie incurable qui s’attaque aux fonctions du langage, aux muscles respiratoires et à la moelle épinière. A 43 ans, il est en chaise roulante, ne peut plus se servir de ses bras, s’exprime difficilement et n’a plus que 2 ou 3 ans à vivre. Face à la caméra, il assure ne pas avoir peur de la mort. Même chose pour son coéquipier Tinus Linee qui ne peut plus du tout parler, c’est sa femme qui répond. Quant à André Venter, il est atteint de myélite transversale, une inflammation de la moelle épinière. Ses jambes ne le portent plus et il se trouve lui aussi en chaise roulante. C’est ainsi 4 joueurs sur un effectif d’une trentaine qui sont atteints ou ont été atteints de maladies dont 2 sont extrêmement rares. Peut-on parler de malchance ? La majorité ont aujourd’hui une vie normale mais il est difficile de ne pas faire le lien surtout que le reportage fait aussi le parallèle avec des footballeurs italiens atteints de la même maladie.
La piste privilgiée serait celle du dopage mais d’un dopage inconscient via une vitamine B12 qui contiendrait de l’EPO. Aucun n’a reconnu avoir pris des substances illicites mais seulement des vitamines données par des médecins. Alors les journalistes se posent la question suivante: les médecins étaient-ils conscients de ce qu’ils donnaient ? Ou bien est-ce la faute des laboratoires ? Le joueur fait confiance à son médecin qui est là pour lui dire les produits qu’il peut ou ne peut pas prendre.A l’époque, les agences anti-dopage moins performantes ne détectaient pas ce genre de produits et il n’y avait pas autant de contrôles. Il faut rajouter à cela que le rugby n’était pas professionnel. On avait à faire à des joueurs amateurs. On serait face à un malheureux concours de circonstances qui aurait produit ce résultat.
Quand on voit aujourd’hui ses joueurs en chaise roulante alors qu’il y a une vingtaine d’années, ils courraient encore pour ramener des titres à la nation sud-africaine qui faisait son retour dans la communauté internationale, on ne peut qu’être attristé et choqué surtout s’ils ont été victimes d’un “empoisonnement” . Pourtant aucun d’eux ne se plaint. Tous, ils acceptent leur sort. Cela rappelle seulement que le sport peut tuer et pas de la manière à laquelle on croit comme un accident de vélo sur une route. Quand on se dope en général, c’est pour accroitre ses performances physiques, gagner et ainsi remporter l’argent qui va avec. Gloire, argent, pressions des sponsors, voilà les raisons en général. Pourtant le reportage nous montre tout autre chose. Le rugby est une véritable culture en Afrique du Sud avec un passé chargé d’histoire, un passé que chaque génération doit assumer. Il y a donc une véritable pression historique à porter. Il faut faire aussi bien que les anciens. Ici, il n’est plus question d’argent mais de passé. Pourtant les résultats sont les mêmes.
Aujourd’hui le monde du rugby se dit choqué. Le reportage rappelle que tous les sports sont touchés par le dopage mais que dans certains, cela continue de rester tabou. Pourtant, même si certains parlent d’une victoire entachée en 1995, personne ne voudra contester le trophée des Springboks dont trois l’ont ou vont le payer de leur vie. Dopés inconsciemment,ils ont écrits une des plus belles histoires du rugby sud-africain, incarnée à l’écran dans Invictus.

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