« Le 14 avril, les États-Unis soutenus par leurs alliés ont frappé des sites militaires ainsi que ceux de l’infrastructure civile de la République arabe syrienne. Sans l’aval du Conseil de Sécurité de l’Onu, en violation de la Charte de l’Onu, des normes et des principes du droit international, un acte d’agression a été commis à l’encontre d’un État souverain qui se tient à l’avant-garde de la lutte antiterroriste.

À nouveau, tout comme il y a un an, lorsque les États-Unis ont attaqué la base aérienne de Shayrat, en tant que prétexte a été utilisée une mise en scène d’usage de substances toxiques contre les civils, cette fois à Douma, banlieue de Damas. Après avoir visité le lieu de l’incident fictif, les experts militaires russes n’ont pas découvert de trace d’utilisation de chlore ou de toute autre substance toxique. Pas un seul habitant n’a confirmé le fait de l’attaque chimique.

L’Organisation sur l’interdiction des armes chimiques a dépêché ses spécialistes en Syrie afin d’élucider la situation. Or, un groupe de pays occidentaux l’a méprisé de façon cynique en entreprenant une action militaire sans attendre les résultats de l’enquête.

La Russie condamne avec une extrême fermeté l’attaque contre la Syrie où des militaires russes aident le gouvernement légitime à combattre le terrorisme.

Par leurs actions, les États-Unis aggravent davantage la catastrophe humanitaire en Syrie, apportent des souffrances aux civils, laissent faire les terroristes qui déchirent depuis sept ans le peuple syrien, provoquent une nouvelle vague de réfugiés en provenance de ce pays et de la région en général.

L’escalade en cours autour de la Syrie produit des effets destructeurs sur l’ensemble du système des relations internationales. L’histoire remettra tout à sa place et elle a déjà attribué à Washington une lourde responsabilité pour avoir mis en œuvre sa justice sanglante en Yougoslavie, en Irak et en Libye

La Russie convoque une réunion d’urgence du Conseil de Sécurité de l’ONU afin de discuter des actions agressives d’États-Unis et de leurs alliés. »

Ces mots du Président Vladimir Poutine, prononcés le 14 avril 2018 quelques heures après l’attaque de la Syrie, méritent quelques considérations.

La violation du droit international

Sans mandat des Nations Unies et sans base légale d’intervention, la triade guerrière a montré à quel point elle foule aux pieds le droit international et se moque éperdument des cadres législatifs en vigueur au sein des Nations Unies qu’elle a pourtant largement contribués à mettre sur pied. L’ambassadeur de la Syrie[1] à l’ONU[2] au cours d’une excellente intervention ce jour a invité «  la France, la Grande Bretagne et les Etats Unis à lire les dispositions de la Charte des Nations Unies notamment ce qui a trait au respect de la souveraineté des Etats et de ne pas recourir à la force dans les relations internationales » et ce afin d’atténuer « leur ignorance et leur tyrannie ». La conséquence directe est le rétablissement de la loi du plus fort. Indirectement et comme le souligne Jacques Sapir[3]

« cela ne peut que renforcer toute une série de pays dans leur résolution à se doter de l’arme nucléaire afin de se préserver d’actions de cette nature. En d’autres termes, Donald Trump, Theresa May et Emmanuel Macron viennent de confirmer que la prolifération nucléaire est, pour certains pays, un choix logique et inévitable (…) Or, il convient de préciser que outre les puissances nucléaires légales, sont déjà actuellement en possession de l’arme nucléaire Israël (avec de 200 à 250 têtes), l’Inde, le Pakistan et la Corée du Nord. Cette frappe va donc conforter non seulement les dirigeants de ces pays dans leurs choix mais aussi persuader d’autres, et l’on pense à l’Iran, à l’Arabie Saoudite, mais aussi à l’Algérie, à la Turquie (…) ».

Des « preuves irréfutables » restées secrètes.

Le Secrétaire américain à la Défense le Général Mattis avait été pourtant clair, jeudi dernier, devant une commission sénatoriale :

« Le secrétaire à la Défense, James Mattis, a déclaré aux législateurs américains jeudi que le Pentagone n’avait aucune preuve que le chlore ou le sarin avait été utilisé dans la ville syrienne de Douma. Mattis a poursuivi en disant que la majorité des revendications provenaient des médias et des médias sociaux » mais avait-il précisé “Nous évaluons toujours le renseignement, nous-mêmes et nos alliés. Nous travaillons toujours là-dessus ”. »

Le même jour de l’autre côté de l’Atlantique le Président Macron, lors de son intervention télévisée indique (que) « nous avons la preuve[4] que, la semaine dernière, des armes chimiques ont été utilisées par le régime de Bachar Al-Assad. Nous aurons des décisions à prendre en temps voulu. ». Bref à un jour des frappes, le flou médiatique au sujet des preuves reste intact – puisqu’elles n’existent pas -. C’est seulement le vendredi que le Département d’Etat américain indique ce que tout le monde savait déjà: «  oui nous avons des preuves, mais elles sont classées «  Secret – Confidentiel » et n’ont pas à être révélées ».

C’est sur la base de cette accusation, dont on mesure la tartufferie, que ces trois pays ont attaqué un pays souverain. Désormais, le vide semble être le nouveau fondement juridique d’une agression

Et la Russie ?

Au lendemain des frappes somme toute circonscrites et aux dégâts mineurs, la triade guerrière a évité à chaque instant de provoquer directement la Russie, en contournant ses bases et les théâtres opérationnels  au lieu de les survoler. La Russie a imposé sa présence et a provoqué la marine américaine et la marine française en effectuant des simulations d’attaques aériennes, afin de montrer qu’elle était prête à rétorquer. Au-delà de ces constats, Moscou est surtout parvenu à éviter une confrontation directe avec Washington à l’extérieur de son territoire. La Syrie est entourée de bases militaires US (Israël, Jordanie, al-Tanf, Hassaké, Arabie saoudite, Koweït, Qatar, Bahreïn, Irak, Turquie) et la  Russie se souvient comment Leonid Brejnev était tombé dans le piège que lui avait tendu la CIA en 1979, en soutenant les moudjahidines six mois avant l’invasion soviétique de l’Afghanistan. Z.Brzezinski[5] a dit que l’invasion de l’Afghanistan par les Soviétiques avait été délibérément provoquée par les USA : « C’était une excellente idée. Elle a entraîné les Soviétiques dans la guerre afghane et nous leur avons procuré une guerre du Vietnam. » Presque 40 ans plus tard, Poutine a évité de tomber dans le même piège.

Désormais, le véritable enjeu, c’est la défaite des USA devant la domination du Moyen Orient par la Russie.

C.Mihaïlovitch Tripetzky

[1] https://www.youtube.com/watch?v=bSWCqUdZ8ao

[2] On rappellera que l’ONU est l’organisation qui à la sortie de la Seconde Guerre mondiale s’est vue investie de la tâche fondamentale de l’abolition de la guerre, en rendant cette dernière strictement illégale sauf à obtenir l’aval de son organe politique : le Conseil de sécurité.

[3] Jacques Sapir in « Stupidités  et irresponsabilités »

[4] Pour justifier cette action illégale, le ministère des Affaires étrangères a publié un document d’une dizaine de pages mêlant “analyses techniques d’informations de sources ouvertes” et “renseignements déclassifiés obtenus par les services français” :

[5] Zbigniew Brzezinski (1928 – 2017)  Conseiller à la Sécurité Nationale de présidents américains. Auteur du « Grand Echiquier ».Il est aussi l’un des artisans de  « l’Opération Cyclone » par laquelle Washington soutient les moujadihines afghans dès juillet 1979. Brzeziński écrit une note au président après que celui-ci a décidé d’aider les moudjahidines, pour indiquer que l’aide provoquerait à son avis l’invasion de l’Afghanistan par l’URSS, ce qui s’est effectivement produit en décembre. Source Wilkipédia

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