Récemment, la porte parole du gouvernement a affirmé ceci : « la théorie du genre n’existe pas ». On trouve la vidéo sur internet. C’est presque beau à voir d’ailleurs.

Ah bon… Mais je croyais que…

C’est un membre du gouvernement qui a solennellement proféré ce démenti formel. Elle est jeune, d’accord, mais enfin, ça n’excuse pas tout.

Moi, la première fois que j’ai lu quelque chose sur la théorie du genre, c’était dans une note de bas de page d’un livre de Marcel Détienne, sur des choses érudites liées à la mythologie grecque. Eh oui. On en parlait déjà dans les années 80 mais dans les notes de bas de page. Mais je me ne souviens pas du livre. Et je ne crois pas que cela ait aux yeux de Mme Vallaud-Belkacem une quelconque valeur de preuve. Alors je suis allée enquêter.

D’abord j’ai fait comme font mes élèves. Wikipédia. Oui, monsieur, Wikipédia. Pour Wikipédia, la théorie du genre existe. Ah bon ! On respire.

L’article est plutôt bien fait au demeurant. Comment ça naît, aux Etats-Unis, comment ça se développe et comment ça prend forme en France.

Mais ce qui m’a surtout intéressée, je sais, c’est pointilliste, c’est de découvrir que nous avions un ministre délégué chargé de la réussite éducative, George Pau-Langevin. Ça ne s’invente pas comme disait un de mes professeurs en nous parlant du 5 rue de la Vierge à Tuqueugneux.

Je n’en avais jamais entendu parler. Et vous ?

Eh bien, M. George Pau-Langevin souligne que « déconstruire les stéréotypes répandus dans la société est l’un des objectifs de l’institution scolaire, et cela à tous les niveaux ».

Je ne sais pas vous, mais je me méfie toujours un petit peu des sources. Donc je suis allée vérifier la note 62 de bas de page wikipédia, où se trouve la référence de ce propos.

Eh bien, oui, il a proféré pareil propos, dans un cadre officiel dont on trouve la trace sur le site d’Education.gouv. Et il l’a fait lorsqu’il  a reçu les rectrices et les directrices académiques des services de l’éducation nationale à l’occasion de la journée internationale des femmes, le vendredi 8 mars 2013. C’est comme le 5 rue de la Vierge à Tuqueugneux.

Ce jour-là, tenez-vous bien, Mme Olga Trostiansky, fondatrice du laboratoire de l’Égalité a présenté son étude sur les stéréotypes. Elle y démontre, en rendant “visible l’invisible”, que des stéréotypes persistants imprègnent l’ensemble de la société dans les champs de l’éducation, des médias et du travail. Il n’y a pas besoin de rendre visible l’invisible pour savoir que les routiers sont plutôt des hommes et que c’est quand même plutôt un boulot de mec.

Je me suis promenée souvent sur les routes à une époque de mon existence, et je n’ai rencontré qu’une femme « routier ». Fort sympathique, pas lesbienne du tout, capable de démonter une roue de camions, et avec des épaules de championne de natation. On a déjeuné toutes les deux, l’auto-stoppeuse et la femme routier, dans une salle pleine de mecs qui n’ouvraient pas la bouche, tandis que nous, bavardes comme sont les femmes comme chacun sait s’il a révisé ses stéréotypes, on s’est raconté avec ivresse toute une foule de choses sur euh, sur les stéréotypes justement. Dont on s’accommodait fort bien, elle comme moi. Revenons à Mme Trostiansky. On a donc un laboratoire de l’Egalité, notez bien Egalité porte la majuscule. Bonne nouvelle. Combien ça coûte ? On ne sait pas… Ils ne disent pas.

C’est alors que George Pau-Langevin a souligné que « déconstruire les stéréotypes répandus dans la société est l’un des objectifs de l’institution scolaire, et cela à tous les niveaux ». Mais mieux encore, «que cette mission nécessitait une action d’ensemble à l’École et à l’extérieur de l’École, puisque les représentations sociales s’inscrivent bien au-delà des murs des établissements ». 

Et on a bien enfoncé le clou : L’École doit être un lieu d’éducation à la mixité et où l’égalité fille-garçon doit être effective. 

Pourquoi, elle ne l’est pas ? J’enseigne depuis plus de dix ans, et je n’ai jamais vu que l’on discriminât les filles – ou les garçons. Quand on enseigne, on enseigne, à des corps sexués, mais on enseigne leur esprit.

Moyennant quoi, en février 2013, le ministère de l’éducation nationale et cinq autres ministères ont cosigné la convention interministérielle pour l’égalité fille-garçon dans le système éducatif. Convention 2013-2018 qui s’est mise au travail et qui a fixé un cadre d’action pour mettre fin à cette situation.

A la lecture de ce texte d’anthologie, je me suis demandée : mais de quelle situation on parle ? Mais les stéréotypes voyons. Ah oui, bon sang mais c’est bien sûr. Il faut déconstruire les stéréotypes.

Je ne sais pas vous, mais moi, quand j’étais petite, je n’ai jamais beaucoup joué à la poupée. J’avais un frère et je jouais avec lui à des jeux de garçon. Lui, il jouait avec ma sœur cadette, et il jouait à la poupée. A 14 ans, il s’est mis au tricot. Ça le détendait. Et puis, il a pensé à autre chose et il a oublié le tricot et les poupées. Et moi, j’ai fait comme lui. J’ai oublié les indiens et les cow-boys. Les jeux des enfants ne sont pas gouvernés par leur identité sexuelle, mais par leur énergie, leur type psychologique, leur place dans la fratrie. Et sans doute d’autres paramètres. Et de toute manière aujourd’hui, ce qui les intéresse, ce sont les gadgets électroniques et les jeux vidéo. Là, il va y avoir du boulot, il faudra plus que quelques mesures éducatives.

Voici la suite de cet émouvante rencontre du ministre et de ses recteurs:

Les actions qu’elle prévoit (la Convention) seront déclinées annuellement autour de trois priorités : acquérir et transmettre une culture de l’égalité entre les sexes ; renforcer l’éducation au respect mutuel et à l’égalité entre les filles et les garçons, les femmes et les hommes ; s’engager pour une mixité plus forte des filières de formation et à tous les niveaux d’études

Le charabia habituel ?

Oh non. Mme Belghoul ne s’y est pas trompée. Elle enseigne, elle les connaît donc, et elle les connait bien. Pour réussir cette vaste entreprise de décérébration il y a quatre volants de mesure. C’est la mesure 4 qui nous intéresse. Là, il faut savoir interpréter. Mais il faut donner le texte, c’est bouleversant comme toujours, le style de l’Education nationale.

 

Mesure 4 : Éducation au respect mutuel, notamment dans les séances d’éducation à la sexualité.

Action 1 : Mise en place d’un groupe de travail sur l’éducation à la sexualité en milieu scolaire

Un groupe de travail rassemblant des membres de l’inspection générale de l’éducation nationale, des personnels de l’éducation nationale, des représentants de parents d’élèves, des organisations lycéennes, d’associations ainsi que l’institut national de prévention et d’éducation pour la santé (Inpes), sera réuni au cours de quatre séances qui se dérouleront entre octobre et décembre 2012. Les collectivités territoriales (association des maires de France et assemblée des départements de France) seront également associées.

 

Imaginez. Les maires de France vont s’y mettre… Mais c’est une cause nationale.

 

L’objectif est de relancer le dispositif d’éducation à la sexualité afin d’améliorer la mise en œuvre effective des séances prévues dans le code de l’éducation (article 312-13). Plusieurs axes de travail sont d’ores et déjà arrêtés :

  • lancement d’une enquête sur un échantillon représentatif d’établissements publics locaux d’enseignement (Eple) sur la mise en œuvre de l’éducation à la sexualité et de l’égalité filles-garçons dans le cadre des comités d’éducation à la santé et à la citoyenneté
  • élaboration d’une charte nationale d’intervention en milieu scolaire
  • au lycée : détermination d’actions spécifiques adaptées au public adolescent (prévention des grossesses précoces non désirées, relations garçon-fille, etc

 

Comment faites-vous pour prévenir des grossesses précoces ?  Chacun connaît la réponse.

 

À l’issue des travaux de ces groupes qui concerneront le premier et le second degré un plan d’actions sera arrêté. Une réunion des référents académiques “Éducation à la sexualité” et “égalité” se tiendra dans le courant du premier trimestre 2013 pour diffuser et accompagner ces orientations.

Action 2 : Consolidation des partenariats Deux conventions sont en cours :

  • la première avec le mouvement français pour le planning familial
  • la seconde avec l’association Action et documentation santé pour l’éducation nationale

(prévention santé de la mutuelle générale de l’éducation nationale)

 

La MGEN. Tiens donc, la MGEN est aussi engagée dans ce combat. C’est une mutuelle que je sache.

 

Ces associations proposent des interventions dans les établissements scolaires et fournissent des ressources documentaires. Le planning familial dispose d’un réseau permettant d’accueillir les jeunes qui en ont besoin.

 

Oui, ça on sait.

 

Action 3 : Développer dans le cadre des plans académiques et des plans départementaux la formation

d’équipes pluridisciplinaires en y associant les associations compétentes

De          telles          formations          existent          déjà          dans          certaines          académies. 

L’objectif est de diffuser ces bonnes pratiques afin d’élargir le nombre de personnes formées susceptibles d’intervenir dans les établissements. 

 

On aimerait en savoir davantage sur les « bonnes pratiques ». On suppose que, à ces bonnes pratiques répondent aussi les « bonnes personnes ».

 

Un état des lieux des formations organisées en 2012-2013 sera réalisé.

Action 4 : Constitution d’espaces et de groupes de paroles filles-garçons dans les établissements À l’issue des travaux du groupe de travail sur la mise en œuvre de l’éducation à la sexualité, des orientations seront transmises aux académies dans lesquelles cette mise en place de groupes de parole sera intégrée.

Action 5 : Diffusion des résultats de la future enquête de victimation 2012-2013

Là, ça devient intéressant. Mais d’abord de quoi parle-t-on ? De quelle victimisation ? Des filles ? Des garçons ?

Ces résultats seront communiqués aux référents éducation à la sexualité et égalité afin qu’ils aient une vision nationale des phénomènes de violences sexistes et à caractère sexuel.

 

Les violences sexistes seront bien difficiles à identifier, surtout dans ce cadre nouveau où tout enseignant qui ne se soumettrait pas à cette propagande nouvelle serait en butte à des dénonciations. Quant aux violences sexuelles, passons sur le chapitre du viol, de la tournante et autres équipées sauvages… Mises sur le même plan que les « violences sexistes ». A moins qu’on ne parle de la discrimination envers les très, très jeunes homosexuels, pas encore repérés comme tel, mais déjà discriminés ? On aimerait en savoir un peu plus.

 

Ça a l’air d’être du charabia, mais ce n’est pas du charabia. C’est la mise en place d’un formidable système d’encadrement totalitaire de la sexualité de nos enfants et de nos jeunes. Avec les plannings familiaux, ces formidables machines de mort et de propagande.

En l’occurrence, il s’agit bien non de l’introduction de la théorie du genre, mais son application pratique, dès les plus petites classes.

Il conviendrait de rappeler à ce ministre inconnu que l’objectif central de notre institution scolaire, c’est d’apprendre à lire, à écrire et à compter. On appelle cela les fondamentaux. La moitié des élèves de 6éme ne savent pas lire couramment.

Mme Barbara Pompili, (référence introuvable, je m’en excuse, mais selon toute apparence une intervention dans le Nouvel Obs) il s’agit « de s’interroger sur les stéréotypes selon lesquelles, par exemple, une fille devrait être meilleure en français qu’en maths ».

Sincèrement, dans des écoles où l’on n’apprend plus à lire, à écrire, ou en collège on ne sait ni décrire, ni raconter, ni mettre deux idées l’une à la suite de l’autre dans une langue correcte ; où construire un cadre ou définir une problématique relèvent de l’objectif le plus insensé, où quand on sollicite la puissance d’abstraction des élèves on se heurte à un tollé, dans une école où le régime général est celui de l’Absurdie, franchement ! Que les filles soient meilleures en français qu’en maths est bien le dernier de nos soucis. Une telle phrase traduit par ailleurs le profond mépris de Mme Barbara Pompili pour les matières littéraires, et montre qu’elle a intériorisé le stéréotype qui prévaut : celui qui place les mathématiques au sommet de la hiérarchie des disciplines. La langue est la condition d’exercice de la pensée. Pour penser, il faut la maîtrise d’une langue, une langue de culture, n’en déplaise aux défenseurs des patois picards ou ardéchois, et surtout quelques neurones correctement connectés, que ce soit dans un cerveau de garçon, ou que ce soit dans celui d’une fille. Le cerveau d’un crétin, quant à lui est totalement asexué.

Dans la République de Platon, M. Peillon ne l’ignore pas, Platon imaginait déjà une société où l’on enlèverait les enfants aux familles. La République de Platon est un régime totalitaire, en germe certes, mais totalitaire quand même.

Je suis d’accord avec Mme Belghoul. Parents, indignez-vous, protestez contre la théorie du genre, manifestez votre profond désaveu. Ce n’est pas une invention, c’est une « doctrine », elle existe, vous avez le programme, il est sur le site officiel : Education.gouv.fr, n’en déplaise à Mme Vallaud-Belkacem.

Dans le milieu qui est le mien, on appelle ce type de propos : des mensonges.  Genre grammatical : masculin.

Genre tout court: social-démocrate. Mais c’est récent. Avant, c’était seulement socialiste.

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