Voici un excellent article transmis par un lecteur talentueux qui examine attentivement les organismes qui gèrent les immigrés de Calais. Après le Groupe SOS, voici La Vie active.

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La Vie active

Dans le Pas-de-Calais, des clandestins africains de la Jungle de Calais vont être relogés dans un village d’environ mille habitants : Croisilles1.

On nous les a montrés accueillis par des applaudissements chaleureux. Il s’avère que ces accueillants enthousiastes ne sont pas les habitants lambda de Croisilles, mais les membres de l’association La Vie Active, qui les prend en charge. Après la Cimade, la Croix rouge et le Groupe SOS, voici un nouvel acteur de la dissémination des populations africaines fuyant les zones des conflits syrien et irakien.

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La Vie active est une association loi de 1901 fondée en 1964 qui œuvre pour la prise en charge et l’accompagnement des personnes handicapées dans le Pas-de-Calais. Elle serait le deuxième plus gros employeur du département. Elle drainerait également, chaque année, 125 millions d’euros d’argent public :

  • Assurance maladie pour 28,6 %,

  • Conseil général pour 30,8 %,

  • l’État pour 21,1 %2.

Ajoutons à cette manne publique ses revenus propres : cette association à but non lucratif brasse 200 millions d’euros par an.

Comment une association de loi 1901 peut-être elle le deuxième plus gros employeur d’un département ? Comment une association peut elle brasser autant d’argent public ?

Combien de temps avons-nous dormi et en quelle année sommes-nous s’il-vous-plait mademoiselle ?

La Vie active est une association, je répète une association et non une entreprise. Elle gère dans le département du Pas-de-Calais, plus de 70 établissements sanitaires sociaux ou culturels, à savoir : une dizaine d’Instituts médico-éducatifs pour enfants et adolescents, une dizaine d’EPHAD, (maisons de retraites), des foyers d’accueils, des structures pour handicapés, ainsi que des Maisons d’enfants à caractère social, des MECS (sic).

Les lecteurs de l’article Qui se cache derrière le Groupe SOS qui reloge les migrants en France ? comprennent immédiatement que nous sommes face au même type de structure que le Groupe SOS. Sauf qu’ici, La Vie active se contente d’être un regroupement d’associations (et non point d’entreprises) et ne se déploie plus modestement que sur le département du Pas-de-Calais.

Le fondateur de l’association fut en 1964, Pierre Talleux : « C’est en 1964, suite à une prise de conscience de quelques instituteurs du Pas-de-Calais, que se créait l’association, alors dénommée « Association Laïque pour l’Education et la Formation Professionnelle de la Jeunesse3. »

Cette structure ressemble beaucoup à une émanation de la franc-maçonnerie locale qui se rattacherait à un projet plus national.

En effet la même idée semble avoir germé dans la tête de beaucoup d’instituteurs de France et plusieurs associations se sont se créées sur le même modèle, au même moment.

Quel hasard !

En 1962, de braves maîtres d’écoles (encore eux) créèrent l’Association d’aide et de placement pour adolescents handicapés4 qui deviendra ensuite Association pour Adultes et Jeunes Handicapés, l’APAHJ.

L’association de monsieur Talleux, qui n’est présente que dans le Pas-de-Calais, va pourtant être associée à l’APAHJ qui, elle, est présente sur tout le territoire. Les deux vont fusionner dans les années 1970 et les établissements du Pas-de-Calais vont d’appeler désormais ALEFPJ-APAHJ (à vos souhaits !).5

Ces institutions ultra-laïques vont faire leur chemin et devenir des géants du secteur associatif ultra lucratif. L’APAHJ, c’est aujourd’hui 14 000 employés et 87 associations départementales qui accueillent 32 000 personnes par an grâce à ses 630 établissements et services.

Encore une fois, on retrouve le même profil que le Groupe SOS.

En 1984, Jean-Marie Alexandre reprit l’association ALEFPJ-APAHJ et en changea sa dénomination en 1988, elle devient : La Vie active.

Y aurait-il un lien entre ce changement de nom, et le fait que, dans les années 1980, un conducteur de cars pour handicapés qui travaillait pour l’APAHJ du département de l’Yonne faisait les gros titres des journaux ? Il s’appelait Emile Louis et l’affaire des disparues de l’Yonne commençait. Le directeur de l’APAHJ 89, Pierre Charrier, était impliqué et allait être condamné pour abus sexuel sur mineure handicapée. En 2001 un apport de l’IGAS allait mettre en lumière les énormes complicités des services sociaux.

Il était effectivement judicieux pour ALEFPJ-APAHJ du Pas-de-Calais de changer de nom !

Un institut de formation ?

En plus de ses activités d’accueil de personnes âgées, d’handicapés ou de jeunes en détresse, La Vie active fait office de centre de formation6.

Elle offre des stages de quelques jours, facturés entre 300 et 700 euros, auxquels les salariés ont accès via leurs entreprises par ce que l’on appelait jusqu’en 2015 le droit individuel à la formation (DIF) et qui est remplacé par le CPF, compte personnel à la formation.

Le guide des stages offert pour 20177 est pléthorique. On y trouve pêle-mêle :

  • des formations BTP pour intérimaires à 500 euros pour 4 jours à apprendre la pose de pavés autobloquants, ou à 150 euros les six heures pour apprendre à vérifier un échafaudage8.

  • Quatre jours de formation à 650 euros avec une sexologue pour le personnel médical sur le thème «  Sexualité et personnes handicapés » ou « Abus sexuel et déficience mentale ». On apprend dans l’intitulé de la formation que 50 % des handicapés ont été victime de sévices sexuels : par qui ? Il y également « Relations amoureuses, vie de couple et sexualité des résidents en institution. » Un autre intitulé a attiré notre attention, et nous sommes certains que les lecteurs de notre précèdent article le voient venir : « Intimité et sexualité de la personne âgée, en institution » visiblement une obsession des gestionnaires de maison de retraite 9.

  • On peut aussi noter des formations à la limite du ridicule : 600 euros pour se former au scrapbooking et 700 euros pour construire des objets en carton. On regrette qu’il n’y ai pas d’atelier pâte à sel, dommage !

On note également la présence d’une hypno-thérapeute, d’un sophrologue, d’un instructeur d’Hata-Yoga10 et d’une éducatrice spécialisée qui est également clown et qui forme en 3 jours à la relaxation coréenne11 pour 500 euros …

Le tout avec de l’argent public.

Le lecteur ne peut qu’être d’accord avec la Cour des comptes qui écrivait dans son rapport de 2010 : « Le pilotage de l’activité (l’institut de formation) ne repose sur aucun document stratégique, validé par le conseil d’administration, présentant des orientations ou priorités précises en termes opérationnels (offre, territoires…) ou financiers (chiffre d’affaires, marges…) »

On est en plus ravi d’apprendre  que « la tenue des dossiers de formation (feuilles d’émargement incomplètes, attestations délivrées…) demeure perfectible et plusieurs difficultés sont relevées dans la gestion du public accueilli (stages avec un nombre limité de participants, présence d’« invités »…) comme dans le suivi de ses facturations aux établissements (fin 2007, le montant des créances non recouvrées représente 30 % des produits annuels d’exploitation). »

Mais qui est Jean-Marie Alexandre, son directeur historique ?

Né à Souchez, dans le Pas-de-Calais, cet ancien instituteur est devenu homme politique.

Encore un ancien instituteur ?

Oui, et devenu banquier et gestionnaire de fonds. Il fut dans les années 1980, directeur adjoint de la Mutuelle générale de l’Education nationale puis, président du Crédit social des fonctionnaires (1,4 millions de membres)12.

Entre 1987 et 1994, Jean-Marie Alexandre fut député européen pour le Groupe socialiste, puis il rejoignit le cabinet de Jean-Pierre Chevènement 1988 à 1991.

Il est aujourd’hui toujours maire de sa ville natale et vice-président du Conseil régional du Pas-de-Calais.

Sa fiche disponible sur le site du Parlement européen13 est tout à fait éclairante : il été, notamment, le vice-président socialiste de la délégation pour les relations avec les Etats du golfe, (Arabie Saoudite, Bahreïn, Emirats Arabes Unis, Koweit, Oman, Qatar et Yémen). Beau parcours pour un maître d’école !

Un rapport de la Cour des comptes complètement ahurissant, pointe des dizaines d’irrégularités de fonctionnement, de gestion, de comptabilité, et d’entorses graves à la loi.

Le Rapport de la Cour des comptes de 2010 sur l’association Vie Active est édifiant14 ! L’association semble avoir une vision bien particulière de la vie associative et de son fonctionnement : «  La chambre constate que le nombre des membres inscrits, présents et représentés aux assemblées générales, n’est jamais porté sur les procès-verbaux de ses réunions. » Ainsi lors des assemblées générales, on ne peut pas savoir qui est présent, absent, qui siège en fonction de quel titre, ou comment se déroulent les votes. Pour une association qui brasse des centaines de millions d’euros de subventions, emploie des dizaines de milliers de personnes et prend des décisions capitales pour des centaines de mineurs et de handicapés sous tutelle, cet amateurisme confine à la fraude.

Et ce n’est que le début : « Conformément à l’article 5 de la loi de 1901 précitée, les associations doivent tenir un registre spécial coté et paraphé sur chaque page par la personne habilitée à représenter l’association, c’est-à dire le président.(…) L’examen sur place du document présenté par l’association le 17 mars 2008 montre qu’il s’agit d’un simple classeur ni coté, ni paraphé. En outre, ce classeur ne contient aucune pièce relative aux acquisitions ou aliénations d’immeubles, pas plus que celles concernant la création de nouveaux établissements. »

De nombreuses anomalies dans la gestion comptable sont ensuite pointées du doigt, voici quelques exemples pris au hasard : « Plusieurs dispositions statutaires relatives à la surveillance administrative ne sont pas respectées en matière de dons et legs, d’emprunts ou d’information du représentant de l’Etat. »

La chambre « observe que l’association délivre, sans habilitation réglementaire, des attestations fiscales à ses donateurs dont certains figurent parmi ses fournisseurs les plus importants. » Le copinage frauduleux !

La Cour des comptes relève également que l’association qui gère environ 70 établissements possède néanmoins pas moins de 160 comptes bancaires et que « la tenue de la comptabilité présente des écarts entre les comptes généraux et les comptes des établissements ou les annexes aux comptes. »

Sans commentaire !

Comme pour le Groupe SOS, la clarté et la transparence ne sont pas vraiment de mise : « La chambre relève, de façon générale, l’insuffisante transparence, la complexité et le caractère contestable de l’affectation des produits de gestion de trésorerie. »

« Par ailleurs, elle (La Vie active) entretient des relations financières (apports en capital, subventions, fusion de comptes bancaires, mises à dispositions de personnel ou de biens…) avec de nombreuses structures commerciales ou associatives administrées par ses propres administrateurs sans que les précautions élémentaires de prévention des conflits d’intérêts n’aient été prises. »

Pour ce qui concerne le conflit d’intérêt la situation ne s’est pas arrangée depuis. Car si M. Jean-Marie Alexandre démissionna en 2012 et fut remplacé par un certain Alain Duconseil cadre chez Gaz de France, le vice-président de l’association La Vie Active est désormais le socialiste Daniel Maciejasz. Il est maire, vice-président du conseil départemental et vice-président de la communauté d’agglomération d’Henin-Carvin, où il est en charge du « développement économique, à l’emploi et à la formation »15

Une association qui ne vit que des subventions allouées par les collectivités territoriales et qui a pour administrateur un élu du département, montre un parfait exemple de conflit d’intérêt. On avait oublié le népotisme, le voici :, le directeur général de La Vie active est Guillaume Alexandre, fils de Jean-Marie. Et Jean-Marie a un autre fils, frère de Guillaume donc, qui est conseiller général16. Ah… la famille !

Mais le pire est encore à venir : la dernière partie de ce rapport est consacrée à la gestion des mesures de tutelles. Car, entre les mineurs qui n’ont pas de proches capables d’assurer l’autorité parentale et les handicapés, l’association gère les tutelles d’un nombre important de ses administrés.

Et là, c’est l’apothéose, les bras nous en tombent : « Si l’association figure sur la liste établie par le procureur de la République du tribunal de Grande Instance d’Arras pour exercer les fonctions de gérant de la tutelle, (…) elle n’a pas été en mesure de produire la preuve de son inscription sur les listes établies par les Procureurs des Tribunaux de Grande Instance de Saint-Omer et de Boulogne-sur-Mer pour les exercices 2006 et 2007. »

Pas d’inquiétude, ce n’est pas la peine d’être dans les normes pour ce qui concerne la protection des mineurs sous tutelle ! Après tout, Saint-Omer et Boulogne-sur-Mer sont justement les deux cours de justice ou se sont déroulés les multiples rebondissements de la sordide affaire d’Outreau. La situation est « sous contrôle ».

L’argent des majeurs en incapacité semble être aussi bien géré que le reste : « L’association n’a pu produire de document interne retraçant précisément les procédures relatives à la gestion des biens des incapables majeurs. »

« Les factures (énergie, alimentation, vêture…) ne portent pas le cachet de leur date d’arrivée au service des tutelles. »

« Les prélèvements sur les mesures « Etat » (312 000 euros en 2007) ne donnent lieu à aucune pièce comptable justificative au dossier des intéressés. »

« Les rapports et comptes de gestion prévus par les articles R. 167-29 et R. 167-3049 du code de la sécurité sociale, dans le cas de tutelle aux prestations sociales (TPS), ne sont pas établis par le service et ne figurent pas dans les dossiers individuels des bénéficiaires. »

Et le pompon ? Le voici : « L’association n’a pas été, non plus, en mesure de produire les copies de ses déclarations fiscales et n’a retrouvé que celle de 2007, (…) qui ne comporte ni date, ni cachet de sa réception par les services fiscaux. »

Quel particulier ou petit patron aujourd’hui en France pourrait « survivre » à un contrôle fiscal au cours duquel il serait incapable de produire les copies de ses déclarations ? Je vous déconseille très fortement d’essayer, n’est pas l’association La Vie Active qui veut.

Et les rapports avec les services de la DDASS, qui sont censé contrôler ces associations ? « S’agissant des comptes administratifs annuels, l’association déclare les adresser à la DDASS, mais n’a pas été en mesure de produire les lettres d’envoi correspondantes. Questionnée sur ce point, la DDASS n’a produit que la lettre d’envoi du compte administratif de l’exercice 2005. »

En gros, l’association est en roue libre totale et personne d’extérieur ne contrôle rien. Et cela ne concerne pas seulement les comptes en banque ou les déclarations fiscales. La DDASS était censée faire des contrôles fréquents dans les institutions pour s’assurer du bien-être et du bon traitement des enfants ou des handicapés.

La lecture d’une des dernières phrases du rapport avant les conclusions, fait alors froid dans le dos : « La chambre relève enfin que la DDASS n’a jamais fait les contrôles ou les visites d’inspection prévus par la loi. Aucun procès-verbal, n’a pu, par conséquent, être produit à la chambre. »

Je vous conseille de relire cette dernière phrase et de prendre la mesure de ce que cela implique…

Conclusion 

Les membres d’une association à but non lucratif qui brasse des millions, qui dispense des formations pour le moins étranges, dont la comptabilité est truffée d’irrégularités et dont la gestion est opaque sinon frauduleuse, voilà qui sont « les Français » qui applaudissent les clandestins arrivant à Croisilles.

Comme pour le Groupe SOS, La Vie active est une de ces nombreuses structure à but non lucratif qui siphonne l’argent public dans des proportions gargantuesques, hors de tout contrôle citoyen, hors même du cadre légal.

On trouve ici les socialistes du Nord de la France, qui, dans un département très défavorisé, rendent des services à un vaste réseau de clientèle, dans une ambiance pour le moins népotique, dans l’opacité la plus complète.

Les familles de « migrants » fuyant la guerre au Moyen-Orient, se trouvent en réalité être des jeunes hommes africains ; les associations à but non-lucratif génèrent des milliers d’emplois et engloutissent des milliards d’argent public ; les services sociaux continuent à ne pas contrôler les personnes fragiles dans les institutions, laissant un boulevard à toutes les dérives les plus abominables.

Ordo ab chaos ?

Ludovic Lefèbvre

2 http://www.lavoixdunord.fr/region/jean-marie-alexandre-quitte-la-presidence-de-la-vie-active-jna29b0n554564

3 http://vieactive.fr/historique/

8 http://www.vieactiveformation.org/wp-content/themes/lvaf2/uneFormationNp1.php?idF=2879&cat=1

9 Voir ici la partie sur le médecin  Guy Sebbah de l’article « Qui se cache derrière le groupe SOS… » Et son hallucinant rapport interministériel sur la sexualité, les lgbt et des personnes agées en maison de retraite : http://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports-publics/134000807.pdf

10 http://www.vieactiveformation.org/wp-content/themes/lvaf2/uneFormationNp1.php?idF=4297&cat=15

11 http://www.vieactiveformation.org/wp-content/themes/lvaf2/uneFormationNp1.php?idF=1464283484&cat=15

12 Emmanuel Ratier, Encyclopédie politique française.

14https://www.ccomptes.fr/Publications/Publications/Association-Association-La-Vie-Active-Pas-de-Calais

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