L’anneau avait été offert à la Pucelle d’Orléans par ses parents. “La dicte Jeanne a mis un sort dans son anneau”, prétendent ses juges dans son procès. L’action de Jeanne d’Arc est si foudroyante, que ses ennemis vaincus, refusant d’y voir la main de Dieu, l’accusèrent de sorcellerie: 

Le soupçon de magie qu’avait et que voulait fortifier le juge à l’égard de Jeanne d’Arc se trahit encore par la façon dont il y revint plus tard (17 mars) :

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“Interroguée de l’un de ces agneaux où il estoit escript JESHUS MARIA de quelle manière il estoit, respond : elle ne sçait proprement ; et s’il est d’or il n’est pas de fin or, et si ne sçait se c’estoit or ou lecton ; et pense qu’il y avoit trois croix et non autre signe qu’elle saiche, excepté JESHUS MARIA.
Interroguée pour quoy c’estoit qu’elle regardoit voulentiers cel anel, quant elle aloit en fait de guerre, respond que par plaisance et par l’onneur de son père et de sa mère ; et elle ayant son anel en sa main et en son doy a touché à saincte Katherine qui lui appareist.
Et interroguée en quelle partie de la dicte saincte Katherine, respond : « Vous n’en aurés autre chose. »
(Procès, t. I, p. 185.)

Cela suffit pourtant aux juges pour affirmer dans l’acte d’accusation (art. 20) :
« Item. La dicte Jeanne a mis un sort dans son anneau, etc. id., p. 236). (Source: le site Jeanne d’Arc )

Les minutes du procès authentifient donc que Jeanne d’Arc a bien porté un anneau. Vallet de Viriville dans un livre paru en 1904, évoque deux anneaux dont Jeanne d’Arc a parlé. Mais il parle de deux anneaux d’or alors que la Pucelle elle-même parle d’un de ces anneaux comme étant en or ou en laiton, selon les minutes du procès ci-dessus. Selon cet auteur, il y aurait eu “le petit anneau d’or qu’elle envoya à l’aïeule de Gui et d’André de Laval, la veuve de Du Guesclin (juin 1429 : lettre des deux frères, ibid., t. V. p. 109), et un cachet d’or aux armes de la Pucelle qui se trouvait au XVIIe siècle entre les mains d’un descendant de Pierre d’Arc, son frère puîné.” Cité dans Les anneaux de Jeanne D’arc, extrait du t. XXX de la Société des Antiquaires de France, 1867.  
.
A propos de l’anneau d’or offert à la veuve du connétable du Guesclin:

“A Loches encore, Jeanne reçut une lettre de la veuve de Bertrand du Guesclin, remariée ensuite au sire de Laval. C’était sans doute pour recommander ses deux petits-fils, Guy et André de Laval, qui étaient en route pour rejoindre le corps expéditionnaire. Jeanne répondit à la noble dame et lui fit présent d’un anneau d’or… , anneau précieux qui unissait la pensée de la vierge guerrière au souvenir du grand connétable. (Source: le Rouge et le blanc)

Les seigneurs de Laval ont témoigné de l’anneau envoyé à leur mère dans une importante lettre qu’il ont écrite de Selle-en-Berry en juin 1429:

“Quand je rendis visite, en son logis, à la Pucelle, elle me dit que, trois jours avant mon arrivée, elle vous avait envoyé à vous, mon aïeule, un petit anneau d’or, mais que c’était bien peu de chose; si elle l’avait pu, elle vous eût fait plus riche présent à cause de l’honneur qu’elle vous porte.(Source: le Rouge et le blanc)

A noter que rien ne permet de penser que l’anneau d’or offert à la veuve du Gueclin était celui dont il est question à son procès. Divers témoignages nous montrent que Jeanne d’Arc était particulièrement élégante, elle pouvait donc certainement se fournir divers objets, même précieux pour les offrir,  qui tous ne lui étaient pas forcément personnels. 

L’expert de la maison de vente-aux-enchères anglaise est très affirmatif quant à l’identification  de l’anneau de sa vente à celui dont il est question dans le procès de la Pucelle :

Rien ne prouve formellement que l’anneau en lui-même était bien la propriété de Jeanne d’Arc, mais selon Timeline, les mots correspondent à sa description de l’anneau, et son ancienneté remonte à un cadeau fait à l’origine par le cardinal Henry Beaufort, qui était présent lors du procès et de l’exécution de Jeanne d’Arc en 1431.

La bague a été transmise à travers les générations par le Roi Henry VII d’Angleterre et a finalement atterri entre les mains d‘Ottoline Morrell, aristocrate anglaise et femme du monde de la Belle Epoque, qui fit cadeau de l’anneau à son conjoint de l’époque, le peintre Augustus John, lequel vendit la bague en 1914 à un gardien des Armoiries Royales, avant qu’il soit finalement acquis par un homme originaire de l’Essex, en Angleterre.

Selon Brett Hammond, directeur exécutif de Timeline Auctions,

« Dans mon esprit, il y a peu de doute, c’est sa bague. Avoir un autre anneau du 15e siècle qui correspond parfaitement à sa description, ce serait vraiment plus qu’une coïncidence. C’est un anneau vraiment intéressant, et nous avons le privilège d’être en mesure de le vendre ».

De fait, la bague correspond à la description, révélée dans les minutes du procès, donnée par Jeanne d’Arc elle-même, et qui faisait état d’une inscription « Jhesus Maria » ainsi que trois croix et fait d’or ou de laiton. Elle a affirmé qu’il était sur sa main quand elle a touché St Catherine, qui lui était apparue lors d’une de ses visions. (Source)

Les documents d’authentification de la relique doivent être persuasifs, puisque les enchères ont dépassé de très loin les estimations envisagées au départ. Il est heureux que cet anneau soit revenu en France. A noter que le cardinal Henry Beaufort, ainsi que le roi d’Angleterre, devaient croire en la sainteté de Jeanne d’Arc, sinon ils auraient conservé et transmis un objet qu’ils croyaient ensorcelé…

“Ainsi l’anneau donné à la Pucelle par ses parents sur lequel étaient gravés trois croix avec Jhésus Maria était vraisemblablement un  signet”, explique le colonel Liocourt dans son livre intitulé “La mission de Jeanne d’Arc”, paru en 1981. Il donne plusieurs exemples de tels objets ayant appartenu à de grands personnages du XVè siècle, ce qui prouve que cet usage était courant, explique-t-il. Ce sont aussi ces inscriptions qui apparaissent sur les lettres de la Pucelle, dont il reste une dizaine d’exemplaires. “En présence de tant de faits semblables, on peut se demander pourquoi il n’a pas été parlé de devise au tribunal”, s’interroge l’auteur.  

Une devise serait-elle sur deux signets ou anneaux de la même époque avec les mêmes mots ? Les devises étant des formules très personnelles, ce fait plaide pour l’authenticité de cet anneau. Il serait néanmoins intéressant de connaître l’identité précise de tous les propriétaires successifs de l’anneau, ce qui est, semble-t-il, réservé à ce jour à l’heureux et fortuné acquéreur français, n’ayant trouvé ces détails nulle part. 

Brûlée sur le bûcher par les Anglais à l’âge de 19 ans en 1431, Jeanne d’Arc a été canonisée en 1920 par le pape Benoît XV. Elle est patronne secondaire de la France.

Emilie Defresne

emiliedefresne@medias-presse.info

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