… et c’est aussi une romance d’aujourd’hui ! Aux faîtes de sa gloire, le bitcoin a fait l’objet d’un article sur Eurasian Finance le 19 novembre dernier, à un moment de grand frémissement médiatique sur ce convertisseur électronique, devenu monnaie avec le temps, qu’est le bitcoin. Mais la Chine a levé le petit doigt, alors le bitcoin, lui, baisse les bras ! Chronique d’une mort annoncée ?

Il y a, dans l’histoire de ce moyen d’échange, toute une analyse de notre société. L’objet a été créé en 2009, soit juste après que les bourses d’actions se soient effondrées. Pour rappeler de façon rapide les raisons de ce mouvement, la crise des subprimes a entraîné un début de fort discrédit sur le dollar US et, partant, d’immenses besoins en liquidités pour d’institutions financières qui se sont trouvées rapidement en manque de collatéraux pour garantir les emprunts en cours alors que des pans entiers d’investissements s’écroulaient comme châteaux de cartes suite à la mise à zéro des valeurs de titrisation immobilières.

Ensuite, chacun d’en appeler à la régulation accrue des marchés et du secteur financiers, avec toute sa suite de demande de transparence.

Parallèlement à cela, et tandis que la bonne conscience américaine focalisait l’attention du monde entier sur le risque d’une monnaie mondiale basée sur un panier de devises – c’est-à-dire qu’elle excitait l’inquiétude européenne sur l’état de ses endettements, tandis que ces mêmes européens voyaient là aussi un moyen de fragiliser une construction européenne grappillant constamment des pans de souverainetés nationales –, à rebrousse-poil de tout le mouvement médiatique et populaire envers le monde de la finance, saluait-on la création d’une monnaie virtuelle, le bitcoin, dont le créateur, tout fier, se présente sous un pseudonyme, Satoshi Nakamato. Vous avez dit transparence ?

Bref, les pourfendeurs du monde financier dérégulé, subtilement imprégnés de sentiments complotistes, donnent suite à cet engin en faisant évoluer la barre de l’offre et de la demande au point de faire évoluer sa parité avec le dollar US sous la barre des 0,10 USD en octobre 2010 à presque 1150 USD fin novembre 2013. En clair, un individu qui s’inscrirait philosophiquement contre le mode opératoire des marchés financiers, et convertissant en octobre 2010 1000 USD en bitcoins et les revendant en novembre 2013 est devenu presque douze fois millionnaire en dollars en trois ans ! Gageons qu’une saine vision humaniste basée sur le concept de redistribution d’une part des bénéfices produits anime ce thuriféraire de la décroissance… Le propos est peut-être un peu hyperbolique, mais pas tellement plus que ce que l’on peut parfois lire comme incrimination systématique des milieux financiers.

Que lire dans cette chute du bitcoin ?

Premièrement, cet outil n’est soumis à aucune régulation systémique, ce qui rend ce marché, dans un contexte de mondialisation parfaite – étant donné que certaines de ses propriétés sont son internationalisation, sa convertibilité et son « électronicisation » – beaucoup plus proche de la théorie des marchés efficients d’Eugène Fama, notamment dans son paramètre d’intégration immédiate et directe de l’information dans le prix du sous-jacent considéré. Ici, l’information vient de Chine où, dans un premier temps, la banque centrale chinoise interdit le recours aux bitcoins pour les institutions financières – première dégringolade – et à présent, les autorités chinoises ont interdit le recours aux bitcoins sur les plateformes de payement en ligne, notamment Alipay, fortement fréquenté en Chine. La Chine étant le premier négociateur de bitcoins, l’impact a eu la fulgurance que l’on connaît : -53% de la valeur de la parité Bitcoin/USD en vingt jours.

A présent, l’Europe emboîte, logiquement, le pas, en constatant les pertes vécues d’ores et déjà par ses consommateurs. L’autorité bancaire européenne précise qu’il n’y a aucun moyen légal de récupérer l’argent converti par un consommateur en une monnaie virtuelle en cas de piratage ou de faillite de la plate-forme. Cette précision peut faire sourire, mais le fait que l’autorité bancaire européenne doive l’annoncer en dit long sur la déconnexion du principe de réalité de beaucoup d’usagers susceptibles de venir se plaindre : non, le bitcoin n’est pas une expression un peu similaire aux points de vie dans un jeu de PlayStation !

Comme le disait bien Guy Béart en 1968 – tout un programme ! – dans sa chanson « La Vérité », c’est le premier qui la dit qui doit être exécuté. Attendons-nous dès lors à des cris désespérés – et complotistes – de la part de ceux qui accuseront les marchés, de connivence avec les Etats, la Chine en tête, d’avoir torpillé ce splendide projet de monnaie citoyenne (mais sans équilibrage ni régulation tant demandée et qui permet un anonymat correct quand on veut blanchir de l’argent).

Il est donc assez probable que l’on assiste dans un avenir proche à une re-diabolisation des marchés financiers qui veulent à tout prix empêcher de se développer un système alternatif à eux, symbole de l’asservissement de la population mondiale à la planète financière…

Evolution du Bitcoin d’octobre 2011 jusqu’au 18 décembre 2013

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