Dans un long entretien accordé lundi 9 janvier 2017 au journal américain The Remnant de tendance traditionnelle, le cardinal Burke revient sur les dubia envoyées au pape et sur une future et possible correction fraternelle de ce dernier. C’est une manière de répondre cordialement mais fermement au cardinal Müller, Préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, qui le dimanche précédent avait affirmé quant à lui à une télévision italienne que « en ce moment une correction du pape n’est pas possible parce qu’il n’y a aucun danger pour la foi.»

Se font face au Vatican deux cardinaux, et non des moindres, et deux visions diamétralement opposées d’Amoris Laetitia. L’un parle à The Remnant du danger pour la foi que cette Exhortation sur la famille génère dans son sillage, et évoque un scandale probable et une possible hérésie si le pape ne clarifie pas l’Exhortation, l’autre prétend que tout va bien et que la doctrine est sauve.

Cette confusion qui règne au sein des cardinaux à propos d’Amoris Laetitia ne fait cependant que révéler à la face du monde l’imbroglio doctrinal et le subjectivisme qui prédominent à Rome depuis le révolutionnaire concile Vatican II qui a mis à la mode l’évolutionnisme doctrinal en rupture avec l’enseignement traditionnel et immuable catholique afin de forcer l’Église à s’adapter constamment au monde moderne, en suivant les courants moraux,- immoraux serait un terme plus juste -, et les mentalités progressistes du moment. Il se trouve qu’avec François la révolution conciliaire va si vite et si loin dans la destruction et la dissolution des restes de doctrine et de morale traditionnelles et de manière si visible que les ecclésiastiques, tel le cardinal Burke, et les fidèles conservateurs attachés pourtant à un certain esprit du Concile en sont interloqués, choqués, effarés et désemparés.

Si au cours de cet entretien, on perçoit que le cardinal Burke n’arrive pas encore à faire le lien entre l’esprit conciliaire néo-protestant, facteur d’hérésies, et Amoris Laetitia, qui n’est en somme qu’un fruit, bien pourri et extrême, de la doctrine de Vatican II de l’aveu même du pape François au journal des évêques italiens Avvenire, il perçoit en revanche toute la nocivité pour la foi catholique de cette Exhortation, « qui laisse les âmes dans l’erreur concernant des questions qui sont importantes pour leur salut. »

Le cardinal Burke affirme dans cet entretien que selon lui Amoris Laetitia n’appartient pas au magistère pontifical :

« Alors, comme je l’ai dit dès le début, la forme même d’Amoris Laetitia, et plus précisément les paroles du pape dans le document, indiquent qu’il ne s’agit pas d’un exercice du magistère papal. »

En revanche, il préfère ne pas s’engager plus avant au sujet d’une éventuelle hérésie matérielle dans Amoris Laetitia ni hérésie formelle en François. Il fait la distinction entre les deux en suggérant que la confusion contenue dans l’Exhortation bergoglienne ne permet pas de dire s’il s’agit d’hérésie matérielle mais qu’il est important cependant de clarifier ce point afin d’exclure la possibilité de la pertinacité dans l’erreur en Jorge Maria Bergoglio, ce qui pourrait vouloir dire alors une possible hérésie formelle.

« Certainement, sans la clarification concernant ces questions (les dubia, ndlr) il y a un danger potentiel de scandale. Au sujet de la question de l’hérésie, on doit être très attentif concernant l’hérésie matérielle et l’hérésie formelle. En d’autres mots, l’hérésie matérielle : y a-t-il des déclarations contenues dans le texte qui sont matériellement hérétiques ? Contredisent-elles la foi catholique ? L’hérésie formelle : est-ce que la personne – à savoir le pape qui a écrit le document – entend proclamer un enseignement hérétique ? Et quant à cette dernière possibilité, moi personnellement je n’y crois pas du tout.. Et je pense au sujet de la première question, le langage et le reste sont confus et c’est donc difficile de dire que ces déclarations confuses sont matériellement hérétiques. Mais elles doivent être clarifiées, et refuser de faire cela, pourrait mener les gens dans l’erreur, dans une pensée radicale par rapport à quelques questions extrêmement sérieuses. »

Cependant, le pape François ne semblant pas du tout avoir envie de répondre aux dubia clairement pour l’instant, le cardinal Burke est donc obligé d’admettre que ce manque de clarification « serait dévastateur » pour l’Église.

C’est pourquoi, malgré le risque qu’il encourt de perdre sa pourpre cardinalice avoue-t-il au journaliste, le cardinal Burke confirme que sans clarification aura alors lieu une « correction formelle » du pape sur le même modèle que les dubia :

« Les vérités qui semblent être remises en question par Amoris Laetitia devront être placées à côté de ce que l’Église a toujours enseigné, pratiqué et annoncé dans son enseignement officiel. De cette façon, ces erreurs seront corrigées. »

Le feuilleton Amoris Laetitia, l’Exhortation apostate et scandaleuse du pape François, ne semble pas devoir prendre fin de sitôt !

Francesca de Villasmundo

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