L’Assemblée plénière du Conseil pontifical pour la Culture a approuvé à une large majorité une proposition envoyée au pape François dans laquelle il lui est demandé d’étudier la possibilité de retirer le Monitum de 1962 qui pèse sur les œuvres du jésuite Pierre Teilhard de Chardin.

Cette pétition a été signée le 18 novembre dernier durant les travaux de l’Assemblée réunie autour du thème « Le futur de l’humanité : les nouveaux défis pour l’anthropologie ». La demande est motivée comme suit :

« Nous retenons qu’un tel acte non seulement réhabiliterait l’effort sincère du pieux jésuite dans la tentative de réconcilier la vision scientifique de l’univers avec l’eschatologie chrétienne, mais représenterait aussi une formidable stimulation pour tous les théologiens et les scientifiques de bonne volonté à collaborer dans la construction d’un modèle anthropologique chrétien qui, en suivant les indications de l’encyclique Laudato Si, s’inscrit naturellement dans la merveilleuse trame du Cosmos. »

La lettre contenant cette proposition a été consignée hier 24 novembre au pape François, qui lors de la plénière avait souhaité aux participants « un majeur dialogue aussi entre l’Église, la communauté des croyants et la communauté scientifique ». Les signataires dans ce courrier de peu de lignes expliquent au pontife que durant les travaux de l’Assemblée est ressortie la sensation que la pensée de Teilhard de Chardin a été mal interprétée. D’où ce souhait que le Monitum qui frappe ses livres soit levé. Souhait auquel ils espèrent le pape actuel répondra positivement puisque la doctrine de Teilhard de Chardin ne lui est pas inconnue. Dans Laudato Si le pape le cite une fois (cf. n. 83) en faisant remarquer sa contribution, qu’il estime positive, à un christocentrisme de souffle cosmique.

Cette demande de réhabilitation par l’Église conciliaire du jésuite Teilhard de Chardin (1881-1955) est somme toute assez normale. Sa pensée influença énormément la réforme moderniste, évolutionniste et progressiste de l’Église entamée par le concile Vatican II.

Chercheur, paléontologue de formation, évolutionniste, progressiste, Chardin développa des idées qui furent considérées hétérodoxes par les autorités vaticanes d’avant le Concile. Dès 1921, après la lecture d’une étude de Teilhard sur le péché originel, le Saint-Siège lui interdit de publier d’autres ouvrages et la Compagnie de Jésus lui demande d’abandonner l’enseignement. En 1955, ses œuvres post-mortem sont condamnées par le Saint-Office qui le 30 juin 1962, édite ce fameux monitum que certains veulent supprimer aujourd’hui. Particulièrement sévère, il met en garde contre les idées hérétiques du père jésuite :

« Certaines œuvres du P. Pierre Teilhard de Chardin, même des œuvres posthumes, sont publiées et rencontrent une faveur qui n’est pas négligeable. Indépendamment du jugement porté sur ce qui relève des sciences positives, en matières de philosophie et de théologie, il apparaît clairement que les œuvres ci-dessus rappelées fourmillent de telles ambiguïtés et même d’erreurs si graves qu’elles offensent la doctrine catholique. Aussi les EEm. et RRv Pères de la Sacrée Congrégation du Saint-Office exhortent tous les Ordinaires et Supérieurs d’Instituts religieux, les Recteurs de Séminaires et les Présidents d’Université à défendre les esprits, particulièrement ceux des jeunes, contre les dangers des ouvrages du P. Teilhard de Chardin et de ses disciples. »

Dans une lettre de décembre 1967 adressée à Alain Tiloy, auteur d’un ouvrage intitulé Teilhard de Chardin, Père de l’Église ou pseudo-prophète, le futur évêque défenseur de la Tradition Mgr Lefebvre, alors supérieur de la Congrégation des Spiritains, écrivait :

« Sans avoir pu comme vous, étudier ces liens étroits avec la Gnose et les auteurs gnostiques, j’arrivais à la même conclusion que vous dans la contradiction totale, radicale de la pensée de T. avec celle de N. S.  […] En publiant votre étude vous rendez un grand service à la vérité. Car il apparaît à l’évidence que T. a réussi avec une habileté consommée à faire la synthèse de toutes les erreurs philosophiques qui le précèdent : évolutionnisme, scientisme, existentialisme, marxisme, pour ne citer que celles des derniers temps. Hegel et Freud peuvent le considérer comme un de leurs plus fidèles disciples.

Or toutes ces erreurs viennent de la même source empoisonnée, celle que désignait N. S. aux Pharisiens : Vos ex Patre diabolo estis… Vous êtes du diable (saint Jean 8,43-49). Vous en montrez un exemple de plus à vos lecteurs. Puissent-ils se détourner et détourner les leurs de ce mirage qui conduit à la mort. »

Et c’est ce penseur qui conduit « à la mort », qui se disait séduit par le monde, inspirateur du mouvement New Age, promoteur d’une nouvelle forme de gnose, que le Conseil pontifical pour la Culture demande au pape François de réhabiliter… avec grand espoir d’obtenir satisfaction !

Affaire à suivre.

Francesca de Villasmundo

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