Le film est tiré du roman de Tomasi Di Lampedusa : le Guépard. Cette œuvre posthume est parue en 1958. Cinq ans après, il était adapté au cinéma par Luchino Visconti avec un casting d’acteurs brillants : Burt Lancaster, Alain Delon, Claudia Cardinale. Il obtiendra la palme d’or au festival de Cannes en 1963. La scène du bal d’une durée de 45 mn, qui sera la plus exténuante à tourner, reste d’anthologie pour ses décors, ses costumes et sa mise en scène.

 

Trame :

« Il faut que tout change pour que tout reste comme avant. » Cette phrase désormais célèbre apparaît comme le fil conducteur du film. Nous sommes en pleine révolution italienne en 1860. Victor-Emmanuel au nord et Garibaldi au sud cherchent à opérer l’unité italienne en brisant les états italiens. Les Chemises rouges de Garibaldi débarquent en Sicile pour renverser le roi François II. Le vent est en train de tourner pour l’aristocratie qui est la génération vieillissante.  Dans ce film qui dure deux heures, Visconti veut montrer avec subtilité comment le changement s’opère tout en douceur. Ici, il n’y a pas de guillotine. Quand débute le film, la famille du prince de Salina récite le chapelet et plus loin la bataille fait rage. Un soldat vient mourir dans le jardin du palais rappelant les événements qui sont en train de se dérouler en Sicile. Le neveu du prince : Tancrède annonce qu’il va rejoindre les rebelles sur la colline. C’est pendant les vacances que tout se joue quand ce dernier tombe amoureux d’Angelica, fille d’un parvenu devenu l’homme important de la région grâce à la révolution. Il charge son oncle de demander sa main. Elle scelle la fin de la famille Salina qui est obligée d’accepter cette mésalliance pour sauver ce qui reste. Tancrède apporte le nom et Angelica la fortune. Chacun y a son intérêt. Don Fabrizio vote aussi oui à la nouvelle constitution. La scène du bal sonne comme la fin de l’aristocratie.  Il introduit dans ce monde fermé Angelica et son père. Désormais, il n’y a plus de barrière et c’est la fortune qui mène le jeu.

 

Personnages :

Burt Lancaster dans le Guépard
Burt Lancaster dans le Guépard

Don Fabrizio, le Prince Salina « le Guépard » : il est incarné par Burt Lancaster qui à l’époque a 50 ans. Malgré la surprise de ce choix, il incarne à merveille l’aristocrate en pleine maturité de son âge et semble taillé pour ce rôle. Le Prince Salina est conscient qu’il est le dernier représentant d’une « race » qui va disparaitre. Il est plein d’indulgence pour son neveu en qui il voit l’avenir contrairement à ses enfants qui n’ont pas compris que le vent tourne. C’est pourquoi il l’aide dans toutes ses démarches et consent à s’abaisser à demander la main d’Angelica pour lui. Lucide, il n’essaye même plus de s’opposer à ce changement. Il est sans pitié pour ses semblables.  Il refuse le poste de sénateur qu’on lui propose. Il se sent vieilli et proche de la mort. Pendant la scène du bal, il s’attarde sur un tableau représentant la mort du père avec le retour trop tard du fils prodigue. Tancrède et Angelica le trouvent bizarre. Il accepte de danser une valse avec sa future « belle-fille » prouvant qu’il reste encore un excellent danseur. Il rentre seul à pied. En finissant le film par cette scène (contrairement au livre), Visconti marque la solitude du personnage qui n’attend qu’une chose : la mort  car il a fait son temps.

Alain Delon incarnant Tancrède
Alain Delon incarnant Tancrède

 

Tancrède : le rôle est tenu par le beau et éblouissant Alain Delon qui séduit tout de suite. Il a 28 ans et il n’est qu’au début de sa carrière. Tancrède, neveu du prince, est un jeune homme qui a un nom mais sans fortune et sans avenir. Opportuniste, il a compris le parti qu’il pouvait tirer de cette révolution. Il n’entend pas rester en arrière. C’est pourquoi il rejoint Garibaldi puis le lâche ensuite pour se mettre du côté du vainqueur : le Roi Victor-Emmanuel. Officier, il gravit les échelons de la hiérarchie. Jeune, fougueux, impétueux, il semble amoureux de sa cousine Concetta. L’arrivée d’Angelica va tout changer. Ebloui par son charme et la fortune qu’elle lui apporterait, il la demande en mariage par l’intermédiaire de son oncle. Le livre nous apprend que ce mariage sera un échec mais que les apparences seront sauves. Tancrède réussira sa carrière politique.

 

 

 

Claudia Cardinale dans le rôle d'Angelica
Claudia Cardinale dans le rôle d’Angelica

Angelica : c’est l’actrice Claudia Cardinale qui tient ce rôle. Elle a 25 ans et ce film lui permettra d’entamer une carrière internationale. On la retrouvera d’ailleurs en 1969 dans le célèbre western : Il était une fois dans l’Ouest. Angelica est la fille d’un père, jaloux de sa femme très belle qu’il cache de tout le monde. Elle a reçu une très bonne éducation scolaire mais elle manque de distinction dans le beau monde. Toute la famille est conquise par sa beauté. Elle est pleine de tendresse pour son futur « beau-père » qu’elle vénère et respecte. Elle est consciente de la chance qu’elle a d’épouser Tancrède. La famille l’accepte sans difficulté particulière. Son entrée dans le monde aristocratique sera réussie.

 

 

 

Personnages secondaires :

Concetta : très amoureuse de Tancrède, par sa maladresse, elle pousse Angelica dans ses bras. Minée par son chagrin d’amour, elle repoussera les avances du Comte Cavriaghi. Néanmoins, elle acceptera ce mariage. Elle est la fille préférée du Prince. C’est une figure attachante. Elle est victime de son époque et de l’ambition de son cousin.

Le Père Pierrone : c’est en quelque sorte le bras droit du Prince. C’est son confident et son conseiller. C’est vers lui que se tourne Concetta. Il n’hésite pas à adresser des reproches à Don Fabrizio pour ses fautes. Il incarne avec lui la fin d’une génération. Le réalisateur ne tombe pas dans la caricature. Ce prêtre jésuite est très bien à sa place et tient son rôle.

La femme du Prince : on la voit peu dans le film. Prude et « bigote » à l’extrême, elle manque à son devoir d’épouse et pousse son mari dans les bras de maîtresses. Elle ne comprend pas le changement qui s’opère et passe son temps à se lamenter.

Don Calogero : homme plein d’ambition, il doit son ascension à la révolution.  C’est le personnage le plus influent de la région. Très jaloux de ses biens, il cache sa femme et sa fortune aux yeux des autres. Mais il sait préparer son effet de surprise avec l’arrivée de sa fille à la réception donnée par les Salina. Il est assez intelligent pour ne pas humilier le Prince.

Don Tumeo : organiste du village et compagnon de chasse du Prince, il doit tout aux Bourbons à qui il reste fidèle.  Il reproche à Don Fabrizio sa trahison et désapprouve le mariage.

 

Regarder ce film comme une histoire d’amour, c’est passer à côté d’un scénario riche et travaillé où presque chaque phrase a son importance. Le mariage n’est que le symbole d’un changement d’époque et de la fin d’un monde. D’un côté, on a un personnage lucide et dernier représentant d’une longue lignée et de l’autre un jeune homme ambitieux opportuniste. Au milieu, le riche propriétaire tire les ficelles. Les autres ne peuvent que s’incliner devant le fait accompli. Pour mieux comprendre, il faut remettre l’histoire dans son contexte historique. Visconti a su rendre avec finesse le roman de Lampedusa. Il a fait découvrir au public ce chef-d’œuvre qui pourrait trouver sa place dans la « Comédie humaine ».

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