Le 9 mars dernier, le théologien plus protestant que catholique, le père Hans Küng, avait publié “ un appel urgent au pape François pour qu’il permette d’ouvrir un débat impartial sur l’infaillibilité du pape et des évêques” paru sur le National Catholique Reporter des États-Unis.

Le 27 avril, le théologien a diffusé une déclaration, toujours par le biais du National Catholic Reporter, dans laquelle il affirme que le pape François a répondu positivement à sa demande d’une libre discussion sur le dogme de l’infaillibilité :

Le 9 mars, j’ai publié un Appel au pape François pour qu’il fasse place à une libre discussion, sans préjudices et totalement ouverte, sur le problème de l’infaillibilité. Il a été publié sur les principaux journaux de différents pays. Je suis ravi d’avoir reçu immédiatement après Pâques et par la nonciature à Berlin, une réponse personnelle du pape François datée du 20 mars.

Les points suivants de la réponse du pape sont significatifs pour moi :

Le fait que François ait répondu à tout et qu’il n’ait pas fait la sourde oreille, pour ainsi dire, à mon appel ;

Le fait qu’il m’ait répondu personnellement, et non pas via son secrétaire particulier ou le cardinal secrétaire d’État;

Qu’il m’ait répondu de manière fraternelle, en langue espagnole et en s’adressant à moi comme Lieber Mitbruder (‘cher frère’) et ces paroles sont en italiques;

Qu’il soit évident qu’il a lu très attentivement mon Appel, auquel j’avais ajouté une traduction en espagnol;

Qu’il ait grandement apprécié les réflexions qui m’ont conduit à publier le volume 5 de mes œuvres complètes, dans lequel je suggère de discuter théologiquement les diverses problématiques que le dogme de l’infaillibilité soulève à la lumière de l’Écriture et de la Tradition sacrée avec l’objectif d’approfondir le dialogue constructif entre les “semper reformanda” de l’Église du XXIe siècle et les autres Églises chrétiennes et la société post-modern.

Le pape François ne fixe aucune limite. De cette façon, il a répondu à ma demande d’ouvrir un débat libre sur le dogme de l’infaillibilité. Je pense qu’il est maintenant indispensable d’utiliser ce nouveau domaine de liberté pour faire avancer les réflexions sur les déclarations dogmatiques qui sont des motifs de polémiques à l’intérieur de l’Église catholique et dans sa relation avec les autres églises chrétiennes.

Je ne pouvais pas imaginer alors le grand espace de liberté qu’allait ouvrir le pape François avec son Exhortation apostolique Amoris Laetitia. Déjà dans l’introduction, il déclare : “tous les débats doctrinaux, moraux ou pastoraux ne doivent pas être tranchés par des interventions magistérielles.”

Il dénonce “la morale bureaucratique et froide” et ne veut pas que les évêques se comportent comme s’ils étaient des “arbitres de la grâce”. Il dit que l’Eucharistie n’est pas un prix pour les personnes parfaites mais “un aliment pour les faibles.”

Il cite souvent des déclarations faites au Synode des évêques ou dans les Conférences épiscopales nationales. François ne veut plus être l’unique porte-parole de l’Eglise.

Ceci est le nouvel esprit que j’ai toujours attendu du Magistère. Je suis pleinement convaincu que, grâce à ce nouvel esprit ouvert à une discussion libre, impartiale du dogme de l’infaillibilité, cette question fondamentale pour le futur de l’Église catholique pourra être discutée au mieux.

Je suis profondément reconnaissant à François pour cette nouvelle liberté. Et j’unis mes sincères remerciements à l’espoir que les évêques et les théologiens sachent sans réserve adopter cet esprit nouveau et collaborer à la tâche en accord avec les Écritures et la grande Tradition de l’Église.”

Une réponse à Hans Küng qui s’inscrit dans la continuité de l’Exhortation apostolique Evangelii Gaudium (n°32) dans laquelle le pape évoque “une conversion de la papauté” dans l’exercice de son ministère. Et de ses différents discours où il affirme qu’au sein de l’Église “personne ne peut être «élevé» au-dessus des autres”.

Une réponse en symbiose avec la lettre, datée du mois de mars également, que François a adressée au cardinal Marc Ouellet, président de la Commission pontificale pour l’Amérique Latine et préfet de la Congrégation pour les évêques, dans laquelle le pontife argentin met en garde contre :

“le cléricalisme” qui “éteint petit à petit le feu prophétique dont l’entière Église est appelée à rendre témoignage dans le cœur de ses peuples. (…) Nous devons reconnaître que le laïc, par sa réalité, son identité, parce qu’immergé au cœur de la vie sociale, publique et politique, parce que partie prenante de formes culturelles qui se génèrent en permanence, a besoin de nouvelles formes d’organisation et de célébration de la foi. (…) Il est illogique et même impossible de penser que nous, en tant que pasteurs, devrions avoir le monopole des solutions aux multiples défis que la vie contemporaine nous présente.(…) Ce n’est pas au pasteur de dire au laïc ce qu’il doit faire et dire.”

Après la révolutionnaire Exhortation, non pas apostolique mais apostate, Amoris laetitia qui s’oppose aux doctrines intangibles sur le sacrement de mariage et le péché mortel, accepter qu’un dogme immuable de l’Église catholique,- et les autres par la suite-, puisse être soumis à discussion non pour en clarifier l’interprétation mais pour le réécrire ou l’abolir procède de cet esprit nouveau que l’on peut qualifier, sans crainte, de révolutionnaire. Esprit révolutionnaire qui habite les ecclésiastiques conciliaires depuis le concile Vatican II et défigure le visage de l’Église catholique. Esprit nouveau cher au pape François et à Hans Küng…

Francesca de Villasmundo

http://www.corriere.it/cronache/16_aprile_28/francesco-apre-caso-dell-infallibilita-papa-kung-bergoglio-70beab00-0cb8-11e6-a4db-66a817deaada.shtml

http://www.noisiamochiesa.org/papa-francesco-ha-risposto-ad-hans-kung-via-libera-alla-discussione-sul-dogma-dellinfallibilita-e-sui-compiti-del-magistero/

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