Jadis, le McDonnell-Douglas DC-10 américain était surnommé « le cercueil volant » (46 incidents impliquant cet avion pour un total de 1556 morts, y compris les 113 morts du Concorde provoqués par une pièce tombée d’un DC-10). Le Tupolev-154 est son digne homologue russe : il a été impliqué dans 67 incidents pour un total de 3109 morts, ayant le triste privilège d’être impliqué dans la pire catastrophe aérienne de plusieurs pays : Kazakhstan, Ouzbékistan, Russie, Géorgie, Chine et Norvège. Suite à la dernière catastrophe, les 30 derniers Tu-154 sont cloués au sol en Russie. Il en reste encore 17 hors de la Russie, deux à Air Koryo (compagnie aérienne nord-coréenne), un dans l’armée kazakhe, douze dans l’armée de l’air chinoise et trois à Belavia (compagnie aérienne bélarusse).

Sur les 67 incidents impliquant le Tupolev 154, 39 furent mortels et provoqués par divers facteurs, peu en fait impliquant l’avion en lui-même. Lancé le 7 février 1972, il connu sa première catastrophe dès le 19 février 1973 quand le CCCP-85023 du vol Aeroflot 141 s’écrasa sur l’aéroport de Prague suite à un problème technique au niveau des stabilisateurs, causant la mort de 66 des 100 passagers. Une autre panne, cette fois de radar, provoqua la mort des 46 passagers du CCCP-85102 du vol Aeroflot 418 sur l’aéroport de Malabo, en Guinée-Equatoriale, le 1er juin 1976. Autre panne technique, un incendie de moteurs, provoqua le crash le 23 décembre 1984 du CCCP-85338 du vol Aeroflot 3519 sur l’aéroport de Krasnoyarsk pour un bilan de 110 morts. Moins meurtrier car s’agissant d’un avion à vide, le YR-TPJ de la Tarom (compagnie aérienne roumaine) s’écrasa le 9 février 1989 sur l’aéroport de Bucarest, tuant les 5 membres d’équipage suite à une défaillance des moteurs. C’est encore un incendie des moteurs qui provoqua le crash du RA-85656 du vol Baikal Airlines 130 le 3 janvier 1994 à Mamony, près d’Irkoutsk, qui fit 125 morts et celui du EP-CPG du vol Caspian Airlines (compagnie iranienne) le 15 juillet 2009 près de Qazvin, qui en fit 168. Le Tupolev-154 n°RA-85572 qui s’est écrasé le jour de Noël a lui aussi apparemment été victime d’une panne technique au niveau du pilote automatique.

La technique n’est bien sur pas la seule responsable des plus de 3000 morts du Careless (nom de code de l’OTAN de l’avion, ce qui signifie « insouciant ». Coïncidence morbide, le Careless s’est écrasé le jour même de la mort du chanteur juif George Michael, coqueluche des midinettes dans les années 80 quoique gay, dont la chanson la plus célèbre était… Careless whisper !). L’avion a aussi été victimes de nombreuses erreurs de pilotage, de maintenance ou du personnel au sol, notamment à l’époque de l’URSS. Dans ce registre, la série noire a commencé le 16 novembre 1981, quand le CCCP-85480 du vol Aeroflot 3603 s’est écrasé à Norilsk suite à une surcharge, tuant 99 des 167 passagers. La catastrophe la plus stupide et qui amena les réactions les plus dures fut celle du CCCP-85243 du vol Aeroflot 3352 le 11 octobre 1984, pire catastrophe aérienne en Russie. 178 morts parce que la piste de l’aéroport d’Omsk n’avait pas été dégagée par le personnel au sol. Ces dernières écopèrent de 12 à 15 ans de prison et une enquête montra que ce genre de négligence était coutumier et provoqua le limogeage de plusieurs directeurs d’aéroports. Quelques mois plus tard, le 10 juin 1985, les 200 passagers du vol Aeroflot 7425 assuré par l’avion CCCP-85311 moururent à Uchkuduk, en Ouzbékistan, suite à la fatigue des pilotes. La surcharge amena le crash d’un avion géorgien, l’ex-CCCP-85222 de la Tbilissi Aviation Entreprise qui n’arriva pas à décoller et s’encastra dans un building à Tbilissi le 20 juillet 1992, tuant 28 personnes. La fatigue fut la cause du crash de l’EY-85281 du vol Tadjikistan Airlines 3183 sur l’aéroport émirati de Sharjah, pour un bilan de 85 morts. Une erreur de navigation le 29 août 1995 à Operafjellet, en Norvège, provoqua le crash sur une montagne du RA-85621 du vol Vnukovo Airlines 2801 et 141 morts. Des erreurs dans les boutons de commandes provoquèrent au moins deux catastrophes, celles du 7 décembre 1995 à Khabarovsk, 98 morts dans le crash du RA-85164 du Khabarovsk United Air Group 3949 et les 80 morts du CU-T1264, du vol Cubana de Aviacion 389 à Quito le 29 août 1998. Les Chinois ont eu de gros problèmes de maintenance avec leurs Tu-154 dont ils finirent par renoncer à utiliser : deux catastrophes pour cause d’avion mal entretenu eurent lieu les 6 juin 1994 à Xian (avion B-2610 du vol China Northwest Airlines 2303) avec 160 morts à la clé et le 24 février 1999 à Ruian Xian (avion B-2622 du vol China Southwest Airlines 4509) provoquant 61 morts.

L’avion,  car un attentat n’est pas exclu à 100 %, a aussi payé un lourd tribut à la guerre et au terrorisme. Le 10 juillet 1974, le HA-LCI du vol Malev 240 (compagnie aérienne hongroise) a été abattu au dessus de Beyrouth par des missiles sol-air tirés conjointement par l’armée syrienne et l’armée israélienne, pour un bilan de 60 morts. Le 22 septembre 1993, c’est sur l’aéroport de Babusheri, en Géorgie, que des rebelles abkhazes descendent l’ex-CCCP-85163, tuant 108 des 132 passagers. Le 4 octobre 2001, le RA-85693 du vol Siberia Airlines 1812, est abattu par erreur par un S-200 ukrainien au-dessus de la Mer Noire, vers Sochi (au même endroit à peu près que le crash de 2016) pour un bilan de 78 morts. Le 24 août 2004, deux terroristes femmes tchétchènes firent sauter en vol deux avions russes au-dessus de Gluboki, dont le RA-85556 du vol Sibir Airlines 1047 qui fut détruit par Satsita Dzhebirkhanova qui entraîna dans la mort 45 autres personnes.

Il y a bien entendu les conditions météorologiques, qui peuvent venir à bout du meilleur des pilotes. Le 2 décembre 1977, le LZ-BTN loué pour un vol exceptionnel par la Libyan Arab Airlines à la Balkan Airlines (compagnie aérienne bulgare) visant à ramener des pèlerins musulmans de La Mecque, s’est écrasé à Benghazi suite à une panne d’essence, l’avion n’ayant pu atterrir à cause du brouillard. L’atterrissage forcé dans le désert provoqua la mort de 59 des 165 passagers.  Le 8 juillet 1980, c’est le CCCP-85355 du vol Aeroflot 4225 s’écrasa au décollage à Alma-Ata suite au cisaillement du vent pour un bilan de 166 morts. Une tempête fit s’écraser le RA-85185 du vol Pulkovo 612 (compagnie ukrainienne) à Donetsk le 22 août 2006 (170 morts). Mais le crash le plus célèbre est celui de l’avion 101 de l’armée de l’air polonaise qui s’écrasa vers Smolensk le 10 avril 2010, décapitant l’élite de la Pologne qui se rendait… à Katyn. 96 morts dont le Président, sa femme, les principaux officiers…

Et il y a bien entendu les trois collisions fatales : celle du 8 février 1993 entre l’EP-ITD et un Sukhoi-24 de l’armée de l’air iranienne (133 morts), celle du 11-02, un avion militaire de la Lutwaffe qui percuta en Namibie un C-141 de l’US Army, tuant 33 militaires, et celle du 1er juillet 2002 quand le RA-85816 du vol de la Bashkirian Airlines 2937 percuta un avion-cargo de la compagnie de messagerie DHL au-dessus de Uberlingen, en Allemagne, provoquant la mort des 69 passagers.

Hristo XIEP

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