Prix cassés, ristournes cachés : Emmanuel Macron aurait bénéficié d’une aide occulte de la part d’entreprises durant sa campagne électorale. Mais cela ne fait pas tiquer la Commission des comptes de campagne qui a finalement jugé que ces ristournes étaient “normales et régulières”. Une attitude qui pourrait en dire long sur la connivence entre le pouvoir En Marche et les autorités de contrôle.

Pour une fois, ce qui n’est pas coutume, saluons le travail des journalistes de France Info qui ont mené l’enquête et en expliquent les tenants et aboutissants :

« Emmanuel Macron a bel et bien bénéficié de ristournes de la part d’entreprises durant sa campagne présidentielle. Plusieurs prestataires ont accordé des tarifs très préférentiels au candidat d’En marche !, notamment sur des locations de salles. […] L’importance des rabais dont a bénéficié l’équipe d’En marche ! a fait tiquer les rapporteurs de la Commission nationale des comptes de campagnes et des financements politiques. L’autorité chargée de contrôler et de valider les comptes de campagne des candidats note que ces promotions sont parfois “d’un pourcentage anormalement élevé”. Et elle a relevé un total de 208 984 euros de “dépenses apparemment sous-évaluées”.

Mais selon la cellule investigation de Radio France, certains rabais conséquents ont échappé à la vigilance de l’autorité de contrôle. Elle cite de nombreux exemples à commencer par le propriétaire de théâtres parisiens, Jean-Marc Dumontet, qui a loué deux de ses salles, Bobino et le théâtre Antoine, pour deux meetings de campagne à 3 000 euros la soirée. Un tarif très inférieur à celui pratiqué habituellement. Bobino a en effet été proposé à 13 000 euros lorsque franceinfo a appelé le théâtre afin d’obtenir un devis pour un événement du même format qu’un des meetings d’Emmanuel Macron.

[…] En marche ! a également bénéficié d’importantes remises de la part de la société GL Events… Le 10 décembre 2016, la facture de la location du matériel pour le meeting de la porte de Versailles a été allégée de plus de 9 000 euros, passant de 39 490 euros à 29 663…. Le meeting organisé à La Mutualité, à Paris, le 12 juillet 2016, facturé que 39 863 euros. Soit 36% de réduction. Et en mars 2017, L’Usine, en Seine-Saint-Denis, a accordé une ristourne de 40% à l’équipe d’Emmanuel Macron. La société Jaulin, elle aussi, a proposé des tarifs imbattables. MVision, qui a assuré la captation vidéo de certains meetings, s’est également montré généreuse. L’entreprise a accordé 21 647,88 euros de remise sur son contrat pour le meeting de Bercy. Sur une facture soldée à 45 020,32 euros, la ristourne est de près de 30%, selon L’Obs.

Enfin, Self Contact, spécialiste du démarchage téléphonique, a fait un geste commercial de 76 800 euros, soit une réduction de 24% environ sur sa prestation, selon le magazine. Dans les trois derniers jours de la campagne du premier tour, du 18 au 21 avril, l’entreprise a passé plus de 6 millions d’appels afin de diffuser un message enregistré par Emmanuel Macron à l’attention de ses électeurs potentiels.

Le Code électoral prévoit des sanctions pénales pour les personnes morales (entreprises, associations…) qui auraient accordé des dons, sous quelque forme que ce soit, à un candidat. Selon la jurisprudence de la Commission nationale des comptes de campagne (PDF), une remise peut être considérée comme une aide illégale si elle n’entre pas dans une “pratique commerciale habituelle”.

D’après les enquêtes des différents médias précédemment cités, Emmanuel Macron semble être le seul candidat à avoir bénéficié de tels avantages. Selon Mediapart, par exemple, Benoît Hamon a dû débourser un peu plus de 32 000 euros pour la location de La Mutualité, en janvier 2017 (et n’a pas économisé que 32,40 euros sur les “frais de service vin”). Même constat pour François Fillon, qui a déboursé 44 000 euros pour la même salle le même mois, selon Europe1. La cellule investigation de Radio France cite aussi l’exemple de La Bellevilloise, dont la location “brute” a été facturée 200 euros hors taxes au camp Macron, contre 2 580 euros pour une soirée assez similaire organisée par le candidat du Parti socialiste. […]

Plusieurs ristournes révélées par les journalistes ont semble-t-il échappé à la vigilance de la Commission des comptes de campagne. Celle-ci explique toutefois que le délai légal dont elle disposait pour statuer sur les comptes est “écoulé” et qu’elle n’a “plus compétence pour rouvrir à posteriori le dossier”.

Des arguments qui ne satisfont pas ses détracteurs. Jean-Christophe Picard, président de l’association anticorruption Anticor, se dit “très étonné que la Commission nationale des comptes de campagne n’ait pas tiqué parce que cela ressemble vraiment à des dons interdits de personnes morales”.”

Vite une loi contre les “fake news” pour stopper ces vraies informations…

Francesca de Villasmundo

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