Certains éléments en notre possession laissent présager une engagement au sol en Syrie des forces russes dans les jours à venir. Le général Gomart doutait d’une opération Overlord des Russes, nous verrons ce qu’il en est. La liste détaillée et la nature des objectifs des premières frappes russes répondront aux suspicions de l’Occident. Et pour finir ce tour d’horizon de la guerre en Syrie ce vendredi, nous examinerons qui sont les alliés, sur le terrain, de la Russie. Mais en introduction revenons sur les déclarations du patron du renseignement militaire français. Les titres vous guideront. (Photo ci-dessus prise lors des exercices des Fraternités slaves au sud de la Russie, le 19 septembre.)

Les premières missions de reconnaissance russes semblent avoir débuté le 24 septembre. C’est à peu prés à cette date que L’Elysée a décidé contre toutes ses affirmations précédentes, que la France allait effectuer des vols de reconnaissance pour comprendre ce qui se passe sur le terrain, comme si les renseignements militaires n’étaient pas déjà assez précis, et pour entamer des frappes aériennes distinctes de celles de la coalition américaine dont pourtant la France fait partie. Le général de corps d’armée (quatre étoiles) Christophe Gomart, patron de la DRM (Direction du renseignement militaire), chargé de recueillir toutes les informations susceptibles d’aider la France à prendre ses décisions d’ordre militaire, était intervenu de façon fort instructive à ce propos le 12 septembre dernier:

La DRM, qui est leader en France sur le renseignement d’origine imagerie (ROIM) fourni par les satellites-espions militaires, a inauguré le 19 janvier dernier un très discret centre d’expertise, le CRGI (Centre de renseignement géospatial interarmées). Pluridisciplinaire, il intègre une trentaine de spécialistes civils, militaires et réservistes de haut niveau dont la principale fonction consiste à fusionner le renseignement recueilli par la DRM à partir d’une multitude de capteurs (interceptions, satellites, sources ouvertes, cybersurveillance, etc.), avait-il déclaré.

Aux yeux du patron du renseignement militaire français, le Geoint est devenu « l’outil idéal pour valoriser des données massives géolocalisées. Il joue le rôle d’un accélérateur de prises de décisions en donnant une vision claire et complète aux chefs militaires et aux décideurs politiques ». (…) Il prend pour exemple la situation en Ukraine, l’an dernier : « Si on écoutait les sources ouvertes, tout tendait à prouver que les Russes avaient envahi l’Ukraine. Mais quand on regardait la géographie et les données du renseignement, on voyait que les Russes n’avaient pas mis en place d’hôpitaux de campagne, n’avaient pas mis en place les pipelines mobiles permettant d’alimenter les blindés en carburant. »

Concernant la situation actuelle en Syrie, l’officier est resté sibyllin, mais a estimé que l’arrivée des Russes pour protéger le régime de Bachar el-Assad ne relève en rien d’un « renforcement type Overlord. [Référence à l’opération Overlord du débarquement de Normandie en 1945 ndlr]. (…) S’agissant de Daesh:« On doit pouvoir dire au PR [le président de la République, NDLR] : si vous voulez faire mal à Daesh, c’est là qu’il faut porter l’effort. Après, c’est une décision qui me dépasse ». (Source)

C’est dire que François Hollande, et ses homologues n’auraient rien du ignorer du débarquement russe en Syrie et pourtant même le général Gomart ne semble pas apporter grand crédit à cette éventualité deux semaines avant; il est vrai que le débarquement russe en Syrie, est loin de l’ampleur du débarquement de Normandie en 1945, même si Poutine demande une alliance du type de celle qui a été menée contre l’Allemagne. Par contre, comme c’est souvent le cas, les chefs d’Etat se méfient du renseignement et n’en tiennent pas compte, trop imbus qu’ils sont de leur supériorité, surtout vis-à-vis des Russes.

Mettant une fois encore les points sur les “i”, Sergeï Lavrov, le premier diplomate russe a précisé jeudi lors d’une conférence de presse à aux Nations-Unies : “Nous souhaitons coopérer avec la coalition. Nous ne pouvons pas adhérer à la coalition qui agit sans mandat du Conseil de sécurité de l’ONU sur les territoires des pays sans leur avoir adressé aucune demande”. Après le discours corrosif de Vladimir Poutine lundi dernier, la position russe est très claire. Nos oligarques devraient savoir que le pouvoir russe ne parle que lorsqu’il est prêt à agir. Sans doute sont-ils devenus plus attentifs à présent alors que leurs renseignements sophistiqués ont du leur apprendre les mouvements de troupes russes en Syrie ?

Vers une intervention au sol de la Russie en Syrie ?

La Russie dispose depuis peu, de deux bases militaires en Syrie : la base navale de Tartous qu’elle occupe depuis l’époque soviétique, qui a été rénovée, et dernièrement, de la base aérienne Bassel-el-Assad, proche de Lattaquié.  L’aménagement de ces deux bases ne s’est pas fait en quelques semaines, ni le déploiement des forces et matériels. Les USA ont-elles laissé faire ou bien dans leur mépris pour tout ce qui ne dépend pas de leur autorité n’y ont-elles réellement prêté aucune attention ? Quoiqu’il en soit, “la plus grande puissance du monde”, selon l’expression martelée par Obama à la tribune de l’ONU, s’est réveillée groggy, après avoir admis son échec dans sa lutte contre le pouvoir légitime de Bachar-el-Assad. S’agit-il d’un réel échec ou bien d’une nouvelle manoeuvre destinée à couvrir la submersion musulmane de Union européenne ? Si les propagateurs de guerre au Moyen-Orient étaient anéantis, il faudrait trouver d’autres prétextes et d’autres voies d’immigration que le proche Orient pour submerger l’Europe d’Africains. Nos compatriotes ont-ils bien conscience que c’est au Proche-Orient que tout se joue ?

Vladimir Poutine au matin des premières frappes a réitéré que la Russie n’envisageait pas “pour le moment” de déploiement au sol. Il semble bien que ce moment approche pourtant si on en juge à certains signes. Autrement pourquoi des convois russes de chars, de véhicules blindés et de transports de troupes de fusillers marins auraient-ils été observés et photographiés sur l’autoroute reliant Homs à Alep ? Il s’agit de mouvements de troupes sur de longues distances. Autant d’éléments qui constituent un dispositif opérationnel. (source). La position du Kremlin a toujours été d’affirmer que les frappes aériennes n’avaient aucune efficacité sans intervention au sol. L’Armée continuera-t-elle de se contenter d’appuyer l’armée syrienne et les troupes kurdes au sol, ou bien s’apprête-t-elle a intervenir elle-même au sol ? Les mouvements de troupes observés laissent penser que la deuxième solution est probable.

Le débarquement

Le président de l’Académie des problèmes géopolitiques de Russie, Konstantin Sivkov a donné des précision à Sputnik dans une intervew. Selon lui, « Il y a sur place une base aérienne, cela signifie qu’on devrait mobiliser des forces à l’échelle d’une unité aérienne – environ 40-60 appareils. Si elles sont basées sur un aérodrome syrien, cela veut dire qu’il faudra impliquer encore deux bataillons de protection, afin d’assurer la sécurité », a-t-il indiqué.

Le pont aérien mis en place par la Russie pour acheminer le matériel et les troupes part du Caucase, avec  de gros avions cargo Antonov-124 capables d’acheminer 150 tonnes de charge par appareil. Ce type d’avions frappés de l’étoile rouge des forces aériennes russes ont été aperçus sur la base aérienne, de Jableh, près de Lattaquié. Lorsque les observateurs des médias du Système disent que les Russes ont pris Washington par surprise, on reste dubitatif. C’est d’autant plus étrange que le couloir aérien russe passe au-dessus de la mer Caspienne et au Nord de l’Irak, une zone contrôlée par des avions américains AWACS d’alerte précoce de la base aérienne d’Incirlik, dans l’est de la Turquie et basés aussi dans l’émirat de Bahreïn.

La plupart des appareils russes débarqués sur place proviennent de bases aériennes du Caucase: 24 sukoï  Su-25SM et Su-24M2, plus 4 intercepteurs Su-30SM et 16 hélicoptères d’attaque et de transport. IDes hélicoptères d’assaut et des  bombardiers tactiques sont attendus et peut-être déjà sur le terrain. (source). Lorsque les USA ont interdit les vols de cargos humanitaires vers la Syrie dans les espaces aériens de leurs alliés, il y avait déjà longtemps que les russes s’étaient assurés leurs alliés et connaissaient la route aérienne qu’ils allaient prendre.

Le transport par air a l’avantage d’être rapide, mais la voie maritime est aussi largement utilisée et depuis plus longtemps, par Moscou: des navires de débarquement  « Nikolay Filchenkov » et « Saratov » capables de transporter 1.500 tonnes de fret ou 25 à 30 chars et blindés. De plus, le 24 septembre, la frégate « Ladnyy” de la classe “Krivak » a été aperçue franchissant le Bosphore. Le renseignement militaire US estime  qu’au moins 6 chars T-90, 35 blindés divers et transports de troupe et 15 pièces d’artillerie ont été débarqués, et le trafic en provenance de la Mer Noire continue.

les riverains du Bosphore, observent avec curiosité le détroit qui sépare la mer Noire de la Méditerranée dans lequel transitent au milieu du trafic maritime civil, les bâtiments de la flotte russe, arborant la Croix de Saint-André, en direction des côtes syriennes, en croisant d’autres qui reviennent en sens inverse pour rejoindre leurs ports d’attache en Crimée. Tous sont suivis par la marine turque qui les surveille. (Source: Bosphorus Naval News.) Est-il vraiment crédible que les alliés de l’Amérique aient été surpris du déploiement et de l’engagement russe ?

L’unité déployée appartiendrait à la Flotte de la Mer Noire stationnée en Crimée qui compte 2000 hommes, composée de deux bataillons d’infanterie de marine , d’un bataillon de parachutistes de marine, d’un bataillon de reconnaissance, d’une batterie d’artillerie et d’une batterie de défense antiaérienne. Le journal britannique The Guardian a indiqué qu’un premier convoi russe était en route vers Hama, non loin de Tartous (source), ce qui expliquerait les premières frappes aériennes dans la zone de Homs et de Hama, pour dégager le terrain.

Quelles sont les cibles atteintes mercredi, jeudi et vendredi ?

Ainsi que l’a précisé Sergeï Lavrov, le chef de la diplomatie russe, tous les groupes touchés par les premiers raids aériens russes sont affiliés à l’Etat islamique  ou à al-Qaïda en Syrie (al-Nosra): “Nos frappes aériennes ne dépasseront pas les limites du territoire contrôlé par l’EI, le Front al-Nosra et les autres groupes considérés comme terroristes par le Conseil de sécurité de l’Onu et les autorités russes”, a-t-il dit au siège des Nations unies jeudi.

Les islamistes formés par les USA, si chères au sénateur McCaïn, que le commandement américain déplorait ne plus retrouver, craignat qu’il n’aient rejoint l’EI ont été retrouvés par les pilotes russes. Ils n’ont pas rejoint l’EI mais le Front al-Nosra, c’est–dire al-Qaïda en Syrie, des assassins chers à Fabius. Il s’agit du groupe Tajammu al–Izzah, affilié au Front al-Nosra.  Le groupe avait été recruté, armé et formé par la division des opérations spéciales de la CIA, avant de rejoindre l’Etat islamique.  Deux positions du groupe ont été touchées : une unité de logistique à Rastan, une à Talbisieh (Nord de Homs) et une au Nord-Ouest de Hama, le QG du groupe à Lataminah et le bourg de Kafr Zita. Et oui, sénateur MacCaïn, ce sont de purs produits de l’Amérique !

Le secteur de Lattaquié (pour la partie tenue par les islamistes : Ghamam, Bani Zayd, Deir Hanna) aurait aussi été touché par une attaque aérienne.

Enfin Le QG de la 24e division de l’Armée syrienne libre,  à Aqarba près de Daraa, au Sud de Damas, aurait aussi été touché et Rateb al-Hameed, commandant de la Brigade Osama bin Zayd aurait été blessé. Il est possible que le chef djihadiste en question ait été tué, avec trois autres de ses officiers. (Source) L’Armée russe ne fait pas de préférence entre les islamistes. L’Armée Syrienne prétendument libre (mais en réalité armée et soutenue par la Turquie, la France les USA …) avait commencé à persécuter des villages chrétiens, dés le début de la guerre civile.

Par ailleurs, les conseillers militaires russes qui supervisent les opérations de l’armée dans le Nord de la Syrie ont pris en main la contre-offensive à l’Est d’Alep dans le but de lever le siège de l’aéroport militaire de Kuweires.

Les dernières frappes

Les frappes se sont poursuivies jeudi et la nuit qui a suivi contre des positions terroristes. Le quartier général d’une unité affiliée à al-Nosra près de Homs a été visé à huit reprises. Ces raids aériens ont atteint le quartier général de la brigade islamiste «Suqour al-Jabal » c’est-à-dire “l’Armée de la conquête”, et des dépôts de munitions près de Homs et près d’Idlib. «l’Armée de la conquête » est apparue en mars dernier à partir de plusieurs groupes islamistes en lien avec al-Nosra. Férocement anti-gouvernementale elle a été créée par Abu Issa, ce qui n’a pas empêcher la CIA de l’inclure dans son programme de formation, entraînés dans des camps en Arabie Saoudite, an Turquie et au Qatar. 20 bombes auraient frappé le QG de cette formation islamiste.

Les alliés de la coalition russe

Des pourparlers secrets entre la Russie, l’Iran, la Syrie et l’Irak ont ​​conduit à la création d’une nouvelle alliance dans la région, auxquels se sont ajoutées les Unités de Protection du Peuple kurde, qui feront partie de la nouvelle alliance anti-terroriste, dirigé par Moscou.  L’organisation de la Protection du Peuple kurde en Syrie, forme la branche armée du Parti de l’union démocratique kurde qui est affilié au PKK. (Source)

De son côté le ministre russe des Affaires étrangères qui a été interrogé jeudi à l’ONU a déclaré: “Nous fournissons des armes aux Kurdes par le biais du gouvernement irakien. Les Kurdes participent également au fonctionnement du centre d’information à Bagdad, aux côtés des militaires irakiens, syriens, iraniens et russes”, a-t-il déclaré. 

La Russie pourrait aussi étendre ses interventions en Irak, c’est en tout cas le souhait exprimé par son premier ministre, M.al-Abadi à la chaîne France 24:  “M.Poutine m’a dit que la Russie luttait contre l’EI en Syrie et je le crois. Je suis favorable aux frappes aériennes russes contre Daesh en Irak”. Il est donc fort probable que très bientôt une lettre du gouvernement irakien parvienne a Moscou pour demander l’extension de ses interventions sur le sol irakien.  Cette alliance avec l’Irak démontre que les USA ont perdu leur guerre en Irak. Ils avaient envahi ce pays sous un faux prétexte et sans l’aval de l’ONU, et y avaient mené une guerre dévastatrice et meurtrière. Aujourd’hui le Pentagone demandent à ce pays  de ne pas divulguer à la Russie les renseignements secrets qu’ils leur communiquent…

Dans le cadre des exercices navals russes en Méditerranée, un porte-avion chinois avait été annoncé. Il semble que les exercices se faisant désormais en vrai, les Chinois aient pour projet de se joindre à la libération du Proche-Orient. Le porte-avion chinois « Liaoning-CV-16″ est arrivé au port de Tartous, accompagné d’un croiseur lance-missiles. L’escadre a traversé le canal de Suez le 22 septembre. une source israélienne prête au Chinois l’intention de déployer en Syrie, vers le milieu du mois de novembre, un escadron de chasseurs; certains appareils seraient stationnés sur le porte-avion et d’autres auraient déjà rejoint la base aérienne russe de Bassel al-Assad proche de Lattaquié. Les Chinois devraient également amener en Syrie des hélicoptères Z-18F spécialisés dans la lutte anti-sous-marine et des hélicoptères d’alerte Z-18J. 1.000 fusiliers marins chinois seraient également dépêchés sur place.        Emilie Defresne

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