Dimanche prochain, 8 février 2015, aura lieu le 2ème tour d’une élection législative dans la 4ème circonscription du Doubs, opposant Sophie Montel (FN) et Frédéric Barbier (PS).

[Résultats comparatifs en voix et pourcentage]

L’élimination du candidat de l’UMP, Charles Demouge, est une mauvaise surprise pour ce parti. Il semble que l’UMP misait sur son passage au 2ème tour, avec victoire probable. C’est ce qu’un journaliste de Marianne croit savoir.

L’UMP est tellement sous le choc qu’ils ont préféré éviter tout commentaire à chaud. Il faut reconnaître que Charles Demouge (UMP) s’est torpillé lui-même, juste avant le 1er tour, avec une déclaration fracassante qui sent le racisme anti-Français et anti-blanc:

“Moi, je vous le dis, c’est les bons petits blonds qui m’emmerdent et pas les gens qui viennent de l’immigration”

[Racisme anti-Français et anti-blanc à l’UMP]

Cette déclaration, hallucinante il faut bien le dire et qui tombe même peut-être sous le coup des lois anti-racistes, lui a certainement coûté les quelque 600 voix « de droite » qui lui aurait permis de devancer le PS.

Aussitôt après la défaite de leur candidat, tel le vaisseau fantôme Flying Hollander, l’UMP est retombée dans ses vieux démons et son incapacité à tenir une ligne et un discours cohérents.

[L’UMP en quête d’une ligne politique]

L’élection de dimanche prochain est un test important pour la politique française en général, même si ce n’est qu’une élection partielle et locale. En effet, s’il s’était maintenu, la victoire du candidat UMP aurait profité du cumul de tout ou partie des voix de la « gauche ». Etant donné qu’il s’est lui-même auto-détruit, il met les électeurs de l’UMP face au choix : PS ou FN ? Un choix en quelque sorte cornélien pour un certain nombre d’électeurs.

Si on refait l’histoire du FN depuis qu’il existe, l’UMP a joué plusieurs stratégies vis-à-vis du FN :

– Dans un 1er temps, l’UMP (et avant le RPR) a joué la politique de l’endiguement et de la satellisation. Dans cette phase, le FN pesait moins de 15% de l’électorat et les électeurs FN n’avaient pas d’autre choix que de bouder ou de se reporter, généralement sur l’UMP. Le FN était une sorte de vote ghettoïsé et sans véritable concrétisation.

– Une étape intermédiaire est représentée par Nicolas Sarkozy, qui a siphonné les voix frontistes en tenant un discours ouvertement acceptable pour les électeurs du FN. Ce discours a bien marché en 2007 et le FN a subi un trauma électoral et financier énorme, menaçant presque son existence. Néanmoins, étant donné que ce n’était qu’un discours et que Nicolas Sarkozy n’a jamais cessé de se contredire et de se dédire, la sanction est tombée en 2012.

– Avec Marine Le Pen comme présidente, nous sommes maintenant dans une phase où le FN est complètement sorti de la ghettoïsation et de la diabolisation. Il attire à lui une masse considérable d’électeurs. Une majorité d’électeurs considère maintenant que le FN est un parti comme les autres.

Les derniers sondages créditent Marine Le Pen d’environ 30% des voix, au 1er tour de l’élection présidentielle, si elle avait lieu aujourd’hui.

[Marine Le Pen autour de 30% dans tous les cas]

Beaucoup de choses laissent à penser que ce pourcentage est crédible et en outre solidement acquis. Dans un billet précédent, nous avons montré qu’une part considérable de l’électorat français ne se marche pas dans la combine de « l’effet Charlie », censé rattrouper tout le monde derrière le panache rose de l’apprenti président François Hollande et de son bucheron de 1er ministre. Les réfractaires à « l’effet Charlie » sont essentiellement les électeurs FN et environ la moitié des électeurs UMP. Et ce dernier point est important pour l’élection de dimanche prochain.

On peut aussi noter que le dernier sondage de l’IFOP de janvier 2015 indique que Nicolas Sarkozy est de moins en moins en situation de ramener à lui les voix frontistes, le fameux siphonnage. Face à lui, Marine Le Pen serait à 30% aujourd’hui, alors qu’en septembre elle était à 28%. Cela montre qu’il n’y a pas de dynamique en faveur de Nicolas Sarkozy. Florian Philippot ne cesse de le marteler, et en pratique ce n’est pas seulement de la propagande. Les sondages le confirment. Nicolas Sarkozy a plus ou moins raté son retour.

Dans ces conditions, quel avenir pour l’UMP ? Il apparaît plutôt assez sombre.

Outre les différentes péripéties judiciaires autour de son financement, l’UMP s’est choisi un chef, Nicolas Sarkozy, mais cela ne semble plus suffire à créer une dynamique « comme au bon vieux temps. » D’autre part, l’UMP est largement inaudible sur le plan politico-économique, puisque le PS fait en pratique quasiment exactement ce que l’UMP a fait précédemment et aurait continuer de faire. L’UMP est une sorte de PS-bis, et réciproquement. Il y a des querelles d’égos, des jalousies et des inimitiés, mais l’offre politique est la même, ce qui est un poison mortel.

L’autre problème majeur de l’UMP, c’est que le FN est devenu beaucoup trop gros. En pratique, l’UMP n’a pas réussi à satelliser le FN, mais au contraire, est en train de devenir un réservoir de voix pour le FN. Si dimanche les électeurs se reportent sur la candidate frontiste, ce sera un clou de plus dans le cercueil de l’UMP. Car cette configuration opposant le FN à la gauche va inévitablement se multiplier avec le système électoral en France. L’UMP est pris en tenaille entre le PS, certes très affaibli, et le FN, de plus en plus conquérant.

Les différents tweets et déclarations depuis dimanche soir montrent bien la cacophonie totale à l’UMP. Il y a quelque chose de pathétique dans les appels de l’UMP à voter PS, alors que, par exemple, leur candidat malheureux, Charles Demouge, qualifiait la politique du PS de désastreuse.

Le palme d’or revient certainement à Alain Juppé, qui parle de monde rural à propos de l’agglomération de Sochaux-Montbéliard, riche de 150 000 habitants et berceau historique de Peugeot Automobiles. Presque une insulte, venant d’un apparatchik mondialiste déconnecté des réalités de la France. Il est vrai qu’il a dû se cacher quelque temps au Canada après sa condamnation.

[Le berceau de Peugeot Automobiles serait dans le monde rural]

A croire que l’UMP prend vraiment les électeurs et les Français pour des idiots. Cela pourrait finir par leur coûter cher.

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