Dans une note précédente, nous avons dénoncé la forfaiture intellectuelle opérée par la manipulation des mots. Nous le savons, l’idéologue en est le maître. Qu’il soit homme ou femme, politique ou intellectuel, journaliste ou artiste, l’idéologue cède à la folie de son imaginaire personnel pour le transformer en imaginaire collectif.

Si les mots servent l’écrit, ils servent aussi la parole. Dans les deux cas, ils sont le propre du langage qui, lui-même, est le propre de l’homme. Or le langage, dans le plus courant de ses usages, est celui d’un réel quotidiennement vécu par chacun des hommes dans la plus banale de ses conversations ou de ses échanges avec les autres. Avec un peu de travail, il devient une réflexion, un texte à méditer ; avec un peu de silence, il devient une prière.

Le langage est incessant. Il est omniprésent. Celui de la foule est chahut, brouhaha, vacarme. Celui de l’homme isolé, une écriture ou un chuchotement. Mot d’esprit, ou mot d’amour, chant lyrique ou harangue publique, le langage est le partenaire indissociable de nos idées. Mais il s’en faut de peu, de très peu, pour qu’il revête le manteau de l’imposture. Car l’imposture n’est jamais loin des mots que l’on utilise. Bon gré, mal gré. C’est une défaillance de l’esprit, une victoire de l’erreur sur la vérité, une reddition de l’intelligence face aux passions humaines ou, pire, un renversement de l’intelligence prise d’assaut par une volonté, devenue libre et souveraine, et qui la tient ainsi captive. L’imposture, c’est le mot galvaudé, c’est le sens détourné ; c’est le langage amputé de sa part de vérité, bref c’est le mensonge porté lui-même en dissimulation. Paradoxe des mots. Le mensonge est dissimulation : c’est l’intelligence qui cède ou qui se cache à la vérité. Mais la dissimulation du mensonge c’est l’imposture ; et l’imposture c’est l’intelligence tenue en captivité par une volonté décidée à la tromper.

L’exemple le plus édifiant de l’imposture du langage portée à notre connaissance, et qui défraie actuellement la chronique sous nos yeux, est celui de « l’abus sexuel » actif au sein du clergé catholique. Sans verser dans l’abomination des actes qu’ils désignent, les deux mots « d’abus sexuel », méritent un tout petit instant de réflexion car s’ils sont repris en boucle par les médias et tous les ignorants de la sphère médiatique qui les véhiculent, le plus grave est qu’ils sont repris par l’autorité ecclésiastique elle-même chargée de les condamner. Car parler « d’abus sexuels » de membres de l’Eglise (prêtres, évêques, cardinaux) est un abus de langage qui confine à l’imposture. Un abus sexuel, signifie qu’une activité sexuelle est portée à l’abus par la personne autorisée à s’y livrer. Ce n’est pas l’activité en soi qui est illicite mais sa pratique abusive. C’est l’abus qui mérite sanction et c’est ce dernier qui est répréhensible en droit comme en fait. Or les membres du clergé catholique, qu’il soit séculier ou régulier, sont tous, par principe et par le vœu de chasteté qui les gouverne, des personnes interdits à la pratique de la sexualité. Ainsi ce n’est pas l’abus sexuel qui est répréhensible chez eux mais l’activité sexuelle elle-même. Lorsque l’on dit que l’ex Cardinal McCarrick, entre-autres, s’est rendu coupable « d’abus sexuels » sur des prêtres et des séminaristes, nous sommes en plein flagrant délit d’imposture du langage. Tous ces malheureux se sont livrés et se livrent à des actes qui sont honteusement abusifs non au regard des soi-disant victimes qui les ont-elles-mêmes pratiqués mais au regard du statut ecclésiastique qui est le leur. Parler d’abus sexuel en l’espèce, c’est reconnaitre qu’une activité sexuelle n’est plus condamnable au sein du clergé que par l’abus par lequel elle se pratique.

En revanche, parler d’abus d’autorité de la part de ces mêmes personnes se rapproche du vrai, mais à qui fera-t-on croire qu’un séminariste, fidèle à sa future vocation sacerdotale et à tout ce qu’elle comporte d’abandon à Dieu et de renoncement à soi, puisse succomber, sans complicité ni déviance, à l’autorité de son chef corrompu !

La corruption des mœurs conduira tôt ou tard à  la corruption de la règle des mœurs. A l’évidence, la règle du célibat des prêtres finira par s’incliner devant la pratique sexuelle à laquelle ils se livrent. Les lois de Dieu et de l’Eglise seront doublement transgressées. A moins que la convocation d’un nouveau Concile de Trente ne surgisse dans la tête des cardinaux les plus fidèles…

Gilles Colroy

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