Depuis le cardinal Feltin en 1965 (année de fin du concile), les Parisiens ont eu des évêques plus ou moins subordonnés aux idées de Vatican II. Notons que Mgr Lustiger avait à cette époque fondé un Séminaire à Paris, pour se démarquer des séminaires sulpiciens profondément marqués par la pensée délétère et relativiste de Teilhard de Chardin. Cela a permis aux vocations religieuses de se maintenir dans le diocèse de Paris. Plusieurs paroisses proposent des messes traditionnelles. Notons aussi que plusieurs d’entre elles se  maintiennent grâce à l’impressionnante piété des noirs d’origine africaine.

Dans ce cadre on pouvait se demander quelle direction allait prendre le nouvel archevêque Mgr Aupetit, ancien médecin généraliste. La réponse est donnée de manière spectaculaire dans le Quotidien du Médecin du 7 mai. Ce journal fondé par Gérard Kouchner (le  frère de l’autre) est à classer à gauche en ce qui concerne la bioéthique. Ce sera à cette occasion, deux grandes pages présentées sous forme d’interviews. Apparemment les rédacteurs ont avalé leur chapeau sans rechigner. Tous les sujets sont abordés.

L’évêque dénonce d’abord l’évolution de la médecine dans le sens d’une sorte de contrat entre le médecin et son patient comme il en est dans le monde anglo-saxon. La notion de « confiance » disparaît. Le médecin ne doit pas être un simple prestataire de service.

Homme de foi, Mgr Aupetit estime que la notion de bien et de mal existe ancré dans le cœur de l’homme comme il en était déjà dans la Haute Antiquité. Mais la foi en Dieu crée une sorte d’épanouissement de la morale naturelle par la relation intime avec Dieu.

Puis sans concessions l’archevêque de Paris, droit dans ses bottes, explique que la dignité de l’homme commence dans les micro-dimensions de l’embryon. Il défend les handicapés qui sont tout aussi dignes que les hommes les plus intelligents. Il estime que l’eugénisme ambiant met notre société à la croisée des chemins. Mais il constate une sorte de repliement des Français sur eux-mêmes « Le droit change et s’aligne sur les désirs individuels ».Or l’Évangile nous rappelle que les handicapés sont aussi nos frères et sœurs. De plus les lois de bioéthiques doivent évoluer en fonction des évolutions techniques et non des opinions de société. Par exemple le « droit à l’enfant » n’a pas lieu d’exister car il « chosifie » les êtres vivants. À ce sujet Mgr Aupetit ajoute : « La convention relative aux droits de l’enfant adoptée en 1989 avec la participation de la France mentionne le droit d’être élevé par son père et sa mère ». Il répond par-là aux projets visant à autoriser la fécondation in vitro des lesbiennes ou des femmes seules. En ce qui concerne la PMA, « créer un enfant qui n’aurait pas de père ce n’est pas réparer une injustice ; c’est en créer une ».

Puis Mgr Aupetit revient sur une question qui lui tient à cœur, celui de l’eugénisme créé par les diagnostics préimplantatoires et prénataux aboutissant à l’élimination des trisomiques autorisée par la vestale de la République, Mme Veil (qui n’est pas citée). Il y a là un « tri sélectif ». « Pourquoi n’auraient-ils pas le droit de vivre ? ».

En ce qui concerne la question de Vincent Lambert, l’archevêque a été très ferme. Il estime de donner à boire et à manger « c’est ce que l’on doit à toute personne ». Il en profite pour dénoncer la dernière version de la loi Léonetti qui permet aux médecins de faire mourir de dénutrition et de déshydratation ceux qu’ils estiment être en fin de vie. Il explique que la loi sur les soins palliatifs n’est que très mal appliquée. Par ailleurs il explique cette situation que tout médecin généraliste a connue : l’administration de morphine aux mourants entraîne une dépression respiratoire. Elle raccourcit la vie. Tout réside dans l’intention : celle de soulager ou celle de tuer. C’est exactement ce que nous disons et redisons dans les Cahiers Saint Raphaël sur l’euthanasie.

En ce qui concerne la « sédation en phase terminale » les critères d’appréciation sont exactement les mêmes. Certains médicaments aboutissent à une sédation vigile, c’est-à-dire permettant de soulager tout en préservant une conscience minimale. Mais le terme de « sédation terminale » est ambiguë car il semble donner une forme de « droit de tuer ».

En ce qui concerne le sida, la réponse est simple. La solution est la fidélité vis-à-vis du conjoint.

D’autres sujets ont été abordés comme celui de l’Intelligence Artificielle qui peut être dangereuse si ses pouvoirs ne sont pas limités. Il en est de même de la robotisation. L’’homme « augmenté » des transhumanistes ne profitera qu’aux riches ; les pauvres ne pourront jamais se payer le matériel pour obtenir des pouvoirs surhumains. Il se créera ainsi une société à deux vitesses. Les plus pauvres seront les esclaves. « L’homme plus performant, c’est dangereux. »

Mgr Aupetit mentionne que les débats citoyens ont permis à beaucoup de catholiques de se manifester. Une brochure a été diffusée à 150.000 exemplaires. De plus la voix de l’Église a été écoutée au Comité consultatif national d’Éthique et au Conseil d’État. Reste à savoir si elle sera entendue.

Jean-Pierre Dickès

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