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       Une nouvelle réforme du Collège unique est arrivée. Contrairement au Beaujolais annuel, elle n’est pas buvable. Face aux échecs, il s’agit comme souvent, de persister dans les principes qui les ont produits.

         Un point parmi d’autres a fait réagir, au sein du projet du nouveau programme d’histoire en cinquième : en thème 1, l’étude de l’Islam « début, expansion, société, et culture » est obligatoire et en thème 2, pour notre Occident chrétien, un sujet facultatif est réservé à « une société rurale encadrée par l’Eglise ».

         Najat Vallaud-Belkacem, propulsée Ministre de l’Education Nationale, a déjà prouvé sur d’autres questions que sa mission essentielle était de faire prendre, avec force minauderies, des vessies pour des lanternes en niant les évidences. Elle a répliqué que, dans ce projet, les origines du christianisme étaient « traitées en sixième », et que celui-ci serait inévitablement évoqué au passage et à propos d’autres questions obligatoires ou facultatives, ce qui, à chaque fois, escamote la Chrétienté de l’Occident médiéval.

          Une double intention se niche dans cette incongruité en faveur du « vivre-ensemble » : d’une part, présenter aux chères têtes blondes, brunes, noires ou parfois jaunes la fable d’un Islam compatible avec les « valeurs » de la république laïque, et d’autre part, en finir avec cette Chrétienté médiévale, berceau de notre civilisation, qui, si l’on tient à en parler, devra se réduire à l’encadrement clérical répressif d’un peuple de ploucs.

            Une historienne médiéviste célèbre et reconnue en son temps, voulait aussi en finir avec le Moyen-Âge, mais cette volonté avait, dans son cas, une toute autre signification. L’anniversaire récent de son décès, le 22 avril 1998, a été ignoré. Parmi les nombreux ouvrages que Régine Pernoud publia avec succès, le plus important se trouve être le plus court : 150 pages publiées en 1975 qui porte ce titre étonnant : « Pour en finir avec le Moyen Âge ».

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           Avec un humour délicieux, elle s’attaque à ce nom inventé aux prémices de ce qu’on a appelé « la Renaissance » et utilisé ensuite pour stigmatiser mille ans d’histoire, réduits à une longue éclipse de la civilisation entre la fin de l’empire romain et cette prétendue « Renaissance ». Un nom qui porte tous les préjugés, calomnies, erreurs et caricatures dont on l’affuble, qui le font apparaître comme le premier et très lourd volet des « heures-les-plus-sombres-de-notre-histoire », et qui fonde chez nos contemporains bien éclairés des expressions comme : « c’est un retour au Moyen Âge » ou la remarque fort pertinente qu’ « on n’est plus au Moyen-Âge ». En effet nous n’y sommes plus, et nous n’en connaissons souvent que des sottises.

             Considérons d’abord ce qui devrait être une évidence, et que les faits confirment : est-il possible que, durant tout un millénaire, l’obscurité ait uniformément régné ? A côté de périodes sombres n’en fut-il pas de brillantes, suivies de déclins ? L’auteur dégage à la fin de ce petit livre, quatre périodes, au minimum : la période franque de 300 ans, la période impériale de deux siècles que les historiens, au grand dam des ignorants, des idéologues et des imbéciles, se sont permis d’appeler renaissance carolingienne, la période féodale sur trois siècles et demi, couronnée à partir de la « renaissance » du XIIe siècle par ce sommet médiéval qu’on a appelé le Siècle de Saint Louis, époque de Saint Thomas d’Aquin ainsi que de l’art « gothique », et pour finir, la terrible période des deux derniers siècles, celle de la Grande Peste et en France, celle de la guerre de 100 ans. Régine Pernoud analyse qu’ensuite, les hommes d’alors, aspirant au retour de la civilisation, et admiratif d’une Antiquité qu’ils redécouvraient de plus en plus, ont assimilé l’ensemble de ce millénaire à ce qu’ils venaient de subir, en commettant par là une erreur de perspective historique. Il faudrait ajouter ce que l’historienne n’évoque pas ici, pour ne pas nuire à son entreprise : ensuite, par haine de l’Eglise et avec beaucoup de malhonnêteté, le parti des « philosophes » du siècle dit des Lumières, la révolution, et les anticléricaux maçons ont successivement entretenu et amplifié cette légende noire.

           En 6 chapitres dont nous rappelons ici les titres sans pouvoir en restituer tous les riches contenus, elle répond aux principaux bobards concernant le « Moyen Âge » :

          – « gauches et maladroits », et « frustes et ignares » sont les qualificatifs employés jusqu’au XIXe siècle pour juger les artistes et les écrivains de cette période. L’imitation servile de l’Antique avait rendu les hommes aveugles à la splendeur et à la créativité des inventions et évolutions médiévales. Notre vue, sur ces points, s’est quelque peu améliorée.

          – « torpeur et barbarie », et « des grenouilles et des hommes » font allusion aux manuels scolaires dans lesquels les seigneurs, à cheval, passaient leur temps à « fouler aux pieds les moissons dorées des paysans », lesquels, esclaves, passaient leur vie à « battre les étangs pour faire taire les grenouilles qui empêchaient le seigneur de dormir ». Outre les arguments de bon sens par lesquels l’auteur montre l’invraisemblance de ces tableaux, ce sont les réalités de l’ordre féodal « acte d’homme à homme (…) contrat mutuel » et du statut du servage médiéval qui, preuves à l’appui, sont ici rétablies. L’esclavage existait massivement auparavant et a été rétabli ensuite, les serfs du Moyen Âge au contraire, certes liés à la terre selon les nécessités du moment, avaient des droits et de réelles possibilités d’amélioration de leur condition.

          – « la femme sans âme » et « l’index accusateur » concernent plus directement l’influence de   l’Eglise : « ce n’est qu’au XVe siècle que l’Eglise a admis que la femme avait une âme » a pu affirmer avec assurance « une romancière sur une radio » nous dit l’auteur, ignorant superbement les sacrements donnés aux femmes, les martyres et les autres saintes, incompatibles avec cette exclusion stupidement imaginaire. Régine Pernoud, sottement qualifiée de féministe, a écrit de nombreux livres magnifiques sur des femmes célèbres, leur statut, leur influence et leurs responsabilités au « Moyen Âge », sans renoncer nécessairement à leur maternité. Là encore, c’est véritablement avant et après cette époque chrétienne qu’elles ne furent pas reconnues comme des personnes à part entière, relégation institutionnalisée dans le Droit romain et reprise par le Code Napoléon. Le dernier de ces chapitres concerne, bien entendu, l’Inquisition, les bûchers et autres horreurs, au sujet desquels les confusions d’époques, les exagérations et les ignorances du contexte historique sont également démontrées. 

               Le livre se termine par une magnifique leçon sur la mission et la déontologie des études historiques. 

         Lecture, donc, véritablement instructive et salutaire à conseiller, notamment à tout professeur d’histoire de bonne foi et de bonnes intentions. Il pourrait ensuite la recommander à ceux de ses élèves qui sauraient lire. Ainsi instruit, il pourrait encore, avec un peu d’astuce, dans le respect scrupuleux des directives officielles, choisir l’histoire de sainte Jeanne d’Arc pour faire découvrir aux collégiens qui lui sont confiés beaucoup de bonnes vérités sur « la société rurale encadrée par l’Eglise », en leur proposant, de plus, la lecture du roman de Philippe de Villiers sur ce sujet. Il devrait tout de même ruser avec l’inquisition des inspecteurs jouant les commissaires politiques, les élèves mouchards, les parents, collègues, et directions « collabos » du mensonge historique. 

             Ce travail de salut public semble encore possible.

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Affiche JA 2015

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