rehfram-douala-2016

Du 1er au 7 février 2016 s’est tenu à Douala (Cameroun) le grand rendez-vous annuel de la franc-maçonnerie africaine toujours sous la tutelle de la franc-maçonnerie française. Environ 400 francs-maçons ont participé aux 24e Rencontres humanistes et fraternelles africaines et malgaches (Rehfram).

Ces journées étaient présidées par la Grande Loge unie du Cameroun (GLUC). Le thème choisi cette année semblait copié de la franc-maçonnerie française :  « Face à la montée de l’intolérance et de la violence, francs-maçons d’Afrique et de Madagascar, quels sont nos devoirs envers notre continent ? ».

Au cours d’une « rencontre initiatique » qui a précédé les travaux et traitait du « rôle et la problématique de l’initiation maçonnique dans les sociétés en développement », le conférencier a invité les francs-maçons à prendre des responsabilités dans les associations de droits de l’homme et les mouvements citoyens.

Les francs-maçons africains, décidément très inspirés par la France, ont débattu de la question de la binationalité.  « Sommes-nous des citoyens français de seconde zone ? Cette manière de poser le débat accrédite le repli identitaire en France », déclarait un maçon d’origine centrafricaine. Un avocat maçon camerounais estimait pourtant qu’ « il n’est pas question de confier à des binationaux des fonctions régaliennes, comme le poste de ministre de la Défense ou des Affaires étrangères ».

Les loges ont par ailleurs déploré l’enfermement dans leur tour d’ivoire de la plupart des « présidents francs-maçons », qui n’écoutent plus leur peuple.

Autre débat très européen importé en Afrique par les loges maçonniques : l’égalité hommes-femmes. La Grande Loge féminine de France compte déjà une quinzaine de loges en Afrique et à Madagascar et a pour objectif la création d’obédiences féminines nationales au cours des deux prochaines années.

Comme en France, la franc-maçonnerie africaine est invitée à développer une certaine visibilité. « Il faut entrouvrir les temples pour que sortent des messages visibles avec des actions en perspective », a déclaré la présidente du conseil national de la Fédération française du droit humain. Daniel Keller, grand maître du Grand Orient de France (GODF), a renchéri : « Dans ce contexte, on ne peut plus se contenter de débats à huis clos, confinés dans l’atmosphère compassée de nos temples… Le moment est venu pour les maçons d’Afrique et de Madagascar d’être les artisans du renouveau politique, économique et social du continent, au service d’une vision adogmatique du monde prônant la liberté absolue de conscience et d’une réconciliation des sociétés africaines avec elles-mêmes où tradition et modernité pourront enfin s’accorder et ne plus jamais s’exclure… »

Le modèle mondialiste est avancé sous des prétextes philosophiques. « Nous énonçons des principes philosophiques. Le respect de l’État de droit et la liberté absolue de conscience sont des principes universalisables qui ne sont pas le monopole des sociétés occidentales mais peuvent s’inscrire dans des cultures différentes. Les politiques de tous pays sont pris dans une tenaille du court terme. La maçonnerie peut redonner au débat public le sens du long terme qui lui fait défaut », a continué Daniel Keller en militant pour la franc-maçonnerie universelle, qui « pourrait prendre la forme d’une rencontre entre l’Alliance maçonnique européenne, qui réfléchit à la manière de réinventer une Europe déliquescente, et le CPMAM. Cela pourrait donner une visibilité politique et sociétale à la franc-maçonnerie du continent africain ».

Le GODF a inauguré deux nouvelles loges africaines, l’une à Yaoundé et l’autre à Bangui, la capitale de la République centrafricaine. La franc-maçonnerie africaine est bien toujours sous la coupe de la franc-maçonnerie française. On est loin de la déclaration de Casablanca de 2009 qui recommandait la création d’obédiences nationales africaines et l’installation de nouvelles loges par ces dernières.

Daniel Keller n’a pas manqué d’arrogance en parlant du « retour du GODF sur sa terre africaine ». La franc-maçonnerie serait-elle néo-colonialiste ?

 

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