Il y a quelques jours paraissait l’Instrumentum Laboris, le document préparatoire du Synode sur la famille. Dans l’article évoquant ce texte, j’expliquais comment malgré une apparence trompeuse la révolution progressait et comment les propositions néfastes étaient toujours à l’ordre du jour, et ce à travers 3 axes :

– la praxis : les cardinaux et les prélats ayant les postes parmi les plus importants – le cardinal Marx par exemple, ou Mgr Bruno Forte secrétaire du Synode – ont pu battre en brèche la doctrine de l’Eglise pendant plus d’un an sans qu’aucune autorité ne les reprenne en aucune manière.

– le relativisme : les arguments avancés sont tous relativistes car antropocentriques ; nulle part il n’est question de Dieu, du péché. Les débats tournent uniquement sur les sentiments des divorcés remariés qui se sentiraient exclus, sur le ressenti que génère le refus de donner le baptême à un enfant élevé par un duo d’homosexuel en s’efforçant de croire qu’il sera élevé chrétiennement, etc…

– le changement de doctrine : certains refusent de le voir, et pourtant il est bien présent. Il est présent comme conséquence logique et inéluctable des deux points précédents, mais également dans l’Instrumentum Laboris que Sandro Magister qualifie de “douche glacée pour les novateurs”.  Pourtant le même Sandro Magister relève lui-même les éléments suivants :

Quand on lit le document, il faut avoir présent à l’esprit le fait que, au paragraphe 121, les interdictions concernant les divorcés remariés qui pourraient éventuellement être allégées sont celles qui les empêchent d’être témoins de mariage, parrains de baptême et de confirmation, lecteurs à l’église, catéchistes, membres de conseils pastoraux, enseignants de religion, ministres extraordinaires de l’eucharistie.

Quant à l’accès des divorcés remariés à la communion, le seul cas – en dehors de celui de la continence sexuelle entre les deux conjoints – où l’”instrument de travail” l’envisage, au paragraphe 123, est celui qui est examiné et éventuellement résolu dans le for interne entre le confesseur “qui en est chargé” et le pénitent, ce qui consolide une pratique en usage depuis un certain temps.

En clair on nous explique que des personnes, vivant en opposition avec la doctrine de l’Eglise de façon publique et choisie, vont pouvoir

– être parrains de baptême, alors que le parrain est sensé veiller à l’éducation chrétienne de son filleul et donc être un exemple ;

– être catéchistes et enseignants de religion, c’est à dire sensés dire une doctrine opposée à leur pratique personnelle quotidienne et connue de tous ;

– ministres extraordinaires de l’eucharistie, c’est à dire distribuer la communion. Déjà que cette pratique est un scandale en soi, car si le prêtre a les mains consacrés ce n’est pas pour rien, mais l’étendre à des personnes qui s’opposent à la doctrine dépasse l’entendement.

Ces différentes mesures constituent une relativisation extrême du scandale moral que constitue l’état de divorcé-remarié.

Et pour finir, il y a ce fameux “chemin pénitentiel” où il sera laissé à l’appréciation du confesseur ou de l’évêque la possibilité de donner la communion à tel ou tel divorcé remarié. C’est donc bien la destruction de la notion de péché mortel qui est ici complètement détruite et l’enseignement du Christ qui est foulé au pied. Saint Paul sur ce point précis dans sa lettre aux Corinthiens I,11. 20-32 parle très sévèrement :

« …C’est pourquoi, quiconque mangera le pain ou boira la coupe du Seigneur indignement aura à répondre du corps et du sang du Seigneur. Que chacun donc s’éprouve soi-même, et qu’alors seulement il mange de ce pain et boive à cette coupe ; car quiconque mange et boit indignement, mange et boit sa propre condamnation (…) »

Alors quand Sandro Magister parle de “douche glacée pour les novateurs”, il se trompe gravement et trompe les autres catholiques. Quand des médias qui se disent catholiques, qui plus est quand ils sont l’expression d’instituts catholiques, et qu’ils laissent croire que ce Synode est sous contrôle et que les progressistes ont perdu ou sont entrain de perdre la partie, est une tromperie grave. Certes, après avoir avancé de deux pas, les progressistes auront reculé d’un, et on appelle ça une douche glacée ? L’eau est bouillante M. Magister, chauffée du feu de l’enfer.

Reviennent ces paroles vibrantes et terribles de Mgr Marcel Lefebvre qui disait lors de son sermon historique de Lille en août 1976 :

Je veux qu’à l’heure de ma mort, lorsque Notre-Seigneur me demandera : « Qu’as-tu fait de ta grâce épiscopale et sacerdotale ? » je n’aie pas à entendre de la bouche du Seigneur : « Tu as contribué à détruire l’Église avec les autres. »

Si les catholiques se taisent sur ce qui se passe, et plus particulièrement les autorités, ils participent de cette destruction.

Xavier Celtillos

Cet article vous a plu ? MPI est une association à but non lucratif qui offre un service de réinformation gratuit et qui ne subsiste que par la générosité de ses lecteurs. Merci de votre soutien !

MPI vous informe gratuitement

Recevez la liste des nouveaux articles

Je veux recevoir la lettre d'information :

Nous n’envoyons pas de messages indésirables ! Lisez notre politique de confidentialité pour plus d’informations.

9 Commentaires
Les plus anciens
Les plus récents Les mieux notés
Inline Feedbacks
Voir tous les commentaires

Abonnez-vous à CARITAS !

Ça y est, le numéro 1 de la tout nouvelle revue Caritas est chez l’imprimeur et en prévente sur MCP.

Nous vous l’avions annoncé dans un précédent mailing : la naissance d’une toute nouvelle revue de qualité, Caritas, la revue du pays réel, et la parution prochaine de son premier numéro de 86 pages. Bonne nouvelle, : ce numéro 1 de Caritas qui consacre son dossier à la Lutte contre la haine anticatholique vient d’être envoyé à l’imprimerie et sera bientôt dans les librairies et les boites aux lettres des abonnés.

Militez,

En achetant le n°1 de CARITAS : Lutter contre la haine anticatholique

En s’abonnant à cette nouvelle revue : la revue CARITAS !