La Cour des Comptes a rendu public aujourd’hui un rapport un rapport sur les soutiens à la production cinématographique et audiovisuelle. Elle étudie notamment si les moyens engagés sont toujours adaptés aux nouveaux modes de fonctionnement. Elle note qu’au cours de ces dernières décennies, les aides publiques ont subi une forte augmentation de plus de 88% soit quatre fois plus que les dépenses de l’Etat et ce sans remise en cause ni révision du modèle, et sans que les résultats obtenus permettent d’en attester aujourd’hui la complète pertinence.

La Cour des Comptes met en avant que le système français est unique en Europe : « par l’ampleur de ses aides, la diversité des soutiens indirects et l’étendue du cadre réglementaire. » Le tout est régi par le CNC (ndlr : centre national du cinéma et du dessin animé) qui octroie des aides, auxquelles s’ajoutent des subventions des collectivités territoriales et des dépenses fiscales, et par un encadrement juridique de certaines dépenses et recettes, publiques ou privées. Quant au CNC,lui, il est financé par des taxes spécifiques touchant le secteur de l’audiovisuel que ce soit sur les places de cinéma ou sur les éditeurs et distributeurs de service de télévision. On peut dire que les recettes sont plutôt bonnes puisque Bercy n’hésite pas à puiser dedans exceptionnellement pour augmenter le budget de l’Etat.

Cependant ce préfinancement, qui a un avantage en permettant à des films de se produire sans attendre des crédits, a provoqué une inflation des productions. Selon ce rapport, on aurait eu en tout 270 films en 2012 soit environ 22 films par mois et ce n’est pas pour rien que le cinéma français est le plus prolifique d’Europe mais dont la majorité des films sont destinés à la télévision. Le rapport de la Cour des Comptes pointe un essoufflement : « en raison de la tendance à l’augmentation des coûts de production et de distribution des films, et à la réduction de la place des films français sur les écrans des salles de cinéma et des chaînes de télévision. » De plus, il note qu’en général, l’audience des films français n’est pas très bonne contrairement aux films à succès.  La constatation est pareille à la télé où les productions étrangères engrangent les meilleures audiences audiovisuelles contrairement aux françaises. Autre écueil pointé du doigt, le soutien au cinéma français privilégie le quantitatif au détriment de la création et de la production des œuvres.

Pour finir, ce rapport met en avant que : « les évolutions technologiques rendent caduque une politique de soutien qui se limiterait à défendre le marché national et à préserver l’attractivité du territoire français. La politique française de promotion de ses territoires est de plus en plus coûteuse, mal coordonnée et sans impact vérifiable. Les dispositifs fiscaux conçus pour attirer et maintenir les productions sur le territoire national s’inscrivent dans une vaine surenchère à l’échelle européenne. » Il pointe aussi le manque d’adaptation à la nouvelle donne économique, se basant sur un modèle ancien et dépassé. Il faut prendre aussi en compte le développement de plateformes numériques.

Le rapport de la Cour des Comptes ne se penche pas sur les salaires des acteurs français, qui on se souvient avaient été mis en cause dans une tribune par Vincent Maraval de la société de distribution Wild Bunch. Cependant, il révèle bien une chose, c’est que le cinéma français est dépassé par la nouvelle conjoncture économique et qu’il se contente de vivre de ses acquis. Les différentes aides demanderaient une gestion plus rigoureuse et encadrée. Il ne suffit pas de produire des films, encore faudrait-il est un intérêt et qu’il soit de qualité !

Pour lire le rapport en entier : http://www.ccomptes.fr/Actualites/A-la-une/Les-soutiens-a-la-production-cinematographique-et-audiovisuelle-des-changements-necessaires

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