Supalayat, la dernière reine de Birmanie

Les chats semblent parfois bien cruels avec les souris. Ils jouent avec avant de subitement les tuer d’un coup de dent. Ainsi était Supalayat, la dernière reine de Birmanie, avec ceux qui s’opposaient à elle. Ainsi était, surtout, l’empire britannique avec tous les royaumes qu’il convoitait. On vient de fêter, en décembre, le centenaire de la mort du roi Thibaw, dernier souverain officiel de Birmanie. En réalité, c’était Supalayat qui tenait le pays dans ses griffes.

L’hérédité des rois n’est concevable que quand l’éducation qui est donnée est sans faille garantissant la pérennité de l’institution royale. Le roi Thibaw de Birmanie, mort en exil en Inde occidentale en 1916, avait peut-être peu reçu. Peut-être était-il l’être falot et dégénéré, alcoolique et peureux que décrivaient avec mépris les récits des conquérants britanniques. Plus probablement, était-il épuisé par les cigarillos bourrés à l’opium que lui fournissaient obligeamment les « avaleurs de terre à visage de buffle », comme il les appelait . En tout cas, il défendit son royaume comme il put, s’appuyant sur un petit bout de femme au regard d’acier : Supalayat, la dernière reine de Birmanie.

Supalayat avait de qui tenir en matière de cruauté : sa mère, la reine Hsinbyumashin avait fait tuer tous les autres héritiers potentiels, afin que Supalayat put épouser Thibaw, un de ses demi-frères, et devenir reine. Le ver était dans le fruit.

Le père de Thibaw et de Supalayat, Mindon Min, avait été pourtant un grand roi. Il s’était efforcé, avec son frère Kanaung, administrateur habile et formidable visionnaire, de résister à l’envahisseur anglais en étudiant les technologies occidentales, dotant progressivement son armée d’armes modernes et son économie de machines-outils. Kanaung et son frère furent opportunément tués par des révolutions de palais organisées par les colonisateurs britanniques.

À l’époque de l’accession au trône de Thibaw, en 1878, la Basse-Birmanie était déjà aux mains des britanniques. Dès les années 1880, Thibaw chercha à se rapprocher des Français pour reconquérir le sud de son royaume et se maintenir au pouvoir. Les Anglais décidèrent alors de l’exiler en Inde occidentale. Ce fut la « Grande Question des chaussures » : les ambassadeurs britanniques refusèrent d’abord de se déchausser en sa présence comme l’exigeait le protocole. Expulsés du palais de  Mandalay, ils revinrent en 1885 avec 11 000 hommes, une flotte de navires et de l’artillerie tirée par des éléphants pour achever de conquérir ce royaume sur lequel ils avaient jeté leur dévolu depuis longtemps. Ils relatèrent à l’envie que le roi Thibaw, prisonnier terrorisé, s’effondra à genoux à la lueur de leurs baïonnettes. Il faut peut-être rappeler que les parents de Thibaw, confrontés au même empire, avaient été sortis des cellules, où on les avait torturés, pour périr foulés au sol par des éléphants…

Si le roi était tombé à genoux, en proie à ses traumatismes, la reine Supalayat, elle, était restée debout, demandant même du feu à un soldat pour achever de fumer son cigare. Il faut dire que la reine Supalayat avait le cœur bien accroché. Comme sa mère, elle avait fait assassiner environ cent parents de son mari  pour éliminer tous les rivaux potentiels à son trône. Selon une des femmes de chambre de Supayalat: «Personne ne pouvait être contre elle quand elle était en colère. Il valait mieux faire face à une tigresse. Tout le monde se penchait et frissonnait de peur devant elle, et tout ce qu’elle ordonnait était exécuté. »  Vicieuse et criminelle, elle était frivole également, à l’instar de nombre de ces  rois d’Asie. Elle avait une faiblesse pour les bijoux. Elle portait un énorme collier de diamants à trois ou quatre rangées, une couronne de rubis, d’émeraudes et de diamants.

Elle détestait, on peut le comprendre, les Anglais qui lui avaient tout pris. Même en exil, dans la masure où l’avaient laissé les Anglais, l’ex-reine exigeait que l’on respecte les égards dûs à son rang. Elle avait eu six enfants de Thibaw, l’unique fils étant, était-ce l’oeuvre du diable rouge ou de soldats de même couleur, mort à l’âge de six mois. L’Empire britannique avait décidé, de toute façon, que la dynastie birmane devait se terminer.

Source : King Thebaw and the ecological rape of Burma, Charles Lee Keeton

Cet article vous a plu ? MPI est une association à but non lucratif qui offre un service de réinformation gratuit et qui ne subsiste que par la générosité de ses lecteurs. Merci de votre soutien !

MPI vous informe gratuitement

Recevez la liste des nouveaux articles

Je veux recevoir la lettre d'information :

Nous n’envoyons pas de messages indésirables ! Lisez notre politique de confidentialité pour plus d’informations.

1 Commentaire
Les plus anciens
Les plus récents Les mieux notés
Inline Feedbacks
Voir tous les commentaires

Abonnez-vous à CARITAS !

Ça y est, le numéro 1 de la tout nouvelle revue Caritas est chez l’imprimeur et en prévente sur MCP.

Nous vous l’avions annoncé dans un précédent mailing : la naissance d’une toute nouvelle revue de qualité, Caritas, la revue du pays réel, et la parution prochaine de son premier numéro de 86 pages. Bonne nouvelle, : ce numéro 1 de Caritas qui consacre son dossier à la Lutte contre la haine anticatholique vient d’être envoyé à l’imprimerie et sera bientôt dans les librairies et les boites aux lettres des abonnés.

Militez,

En achetant le n°1 de CARITAS : Lutter contre la haine anticatholique

En s’abonnant à cette nouvelle revue : la revue CARITAS !