Mardi dernier les parents de Vincent Lambert avaient déposé un recours en « référé-libertés» auprès du Tribunal Administratif de Chalons en Champagne pour interdire l’arrêt de l’alimentation et l’hydratation artificielles de leur fils souffrant d’un handicape lourd depuis 2008.

Dans un communiqué publié le 16 avril dernier par le comité de soutien Vincent Lambert, il était précisé que « ce recours est suspensif et fait valoir des éléments médicaux laissés sciemment de côté par le docteur Sanchez du CHU de Reims. De nombreuses incohérences sont dénoncées par les avocats qui ne cessent de rappeler que Vincent ne fait pas l’objet d’une obstination déraisonnable. » 

Le but de ce référé était de faire annuler la décision du docteur Sanchez . L’objectif a été atteint puisque le tribunal administratif a ordonné une nouvelle expertise  : il « a estimé nécessaire, pour statuer sur le bien-fondé de leur requête, d’avoir recours à une expertise qui devra déterminer si le tableau clinique que présente Vincent Lambert a évolué depuis 2014, date de la dernière expertise réalisée par le Conseil d’État ».

« Enfin, on nous a écoutés! », a déclaré Me Jérôme Triomphe, l’un des conseils des parents. « Cette décision, extrêmement importante, est un camouflet pour le Dr Sanchez, qui avait décidé le 9 avril d’arrêter l’alimentation et l’hydratation artificielles de Vincent Lambert. Le tribunal, qui a vu les vidéos que ce médecin a refusé de voir, conteste son analyse », ajoute l’avocat.

Aux micros de France Info Maître Triomphe a ajouté : « Ce n’est pas une simple expertise, parce qu’une expertise il y en a déjà eu une, c’est une expertise qui est ordonnée en tenant compte des spécificités des patients dans l’état de Vincent Lambert. Car il ne s’agit pas de rentrer dans sa chambre pour pouvoir l’évaluer cliniquement, ça ne se passe pas comme ça et le tribunal en a tenu compte. » C’est également un « camouflet et un désaveu terrible » pour le docteur Sanchez, pour qui « le tribunal n’a pas tenu compte de ses affirmations médicales comme étant absolument certaines ». Au terme d’une nouvelle procédure collégiale – la quatrième en cinq ans – le docteur Sanchez avait décidé de l’arrêt des soins en vertu de « l’obstination déraisonnable » faite au patient, devenu « un corps souffrant », selon ses observations. Cette décision de justice est donc « capitale »  affirme l’avocat des parents « et c’est une victoire pour Vincent Lambert lui-même”.

Pour les parents de Vincent Lambert, et de nombreux médecins, le malade est « handicapé » mais il peut être rééduqué car il est capable d’émettre des vocalises, de déglutir et de communiquer avec les siens. La santé de Vincent Lambert « a évolué favorablement : on ne peut plus dire qu’il est en état végétatif comme le collège d’experts devant le Conseil d’État l’avait prétendu » en 2014, a estimé Me Paillot, autre conseil des parents Lambert.

« Les parents ne veulent pas garder Vincent Lambert vivant, il est vivant ! La seule manière qu’il meure c’est qu’on provoque sa mort », a souligné maître Triomphe rappelant qu’ « aucune machine [ne] le maintient artificiellement en vie. » « On reconnaît le caractère civilisé d’une société à la capacité qu’elle a de s’occuper des plus faibles et des plus vulnérables d’entre les siens. Sinon, demain, à qui le tour ? », continue l’avocat. « Est-ce qu’il faudra provoquer la mort des déments ? Des Alzheimer ? De toutes les personnes qui encombrent ? C’est ça la véritable question. La médecine doit prendre soin des patients et ne pas vouloir s’en débarrasser au motif qu’en réalité on porte un sens sur le jugement de leur vie. L’affaire Vincent Lambert ne fait que commencer », conclut-il.  

Les juges ont entendu la requête des parents et ont donc demandé cette autre expertise médicale qui sera confiée à « un collège de trois médecins qualifiés soit en neurologie, soit en médecine physique et de réadaptation ». Ils devront « décrire, après examen clinique, l’état actuel de M. Vincent Lambert », dans « un délai d’un mois, à compter de la constitution du collège ».

Le tribunal demande aussi aux experts que, « partant de l’expertise ordonnée par le Conseil d’État en 2014, et dont les conclusions sont consignées dans le rapport du 26 mai 2014 », de dire « si le tableau clinique que présente M. Vincent Lambert a évolué » et, « si oui », de « décrire cette évolution et indiquer si elle est positive ou péjorative ». Les médecins chargés de l’expertise devront enfin « se prononcer sur la capacité de déglutition de M. Vincent Lambert ; de dire si elle est susceptible de permettre, à terme, et éventuellement après une rééducation, une alimentation et une hydratation fonctionnelles ».

La bataille pour permettre à Vincent Lambert de continuer à vivre est avant tout une lutte contre la culture de l’euthanasie. D’ailleurs, de nombreux journaux soulignent bien que les parents du patient sont contraire à l’euthanasie, preuve s’il en est que ce n’est pas mettre fin à un acharnement thérapeutique qui se joue là mais une mise à mort euthanasique qui est récusée.

Francesca de Villasmundo

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