Alain Minc, économiste et conseiller politique, proche de Nicolas Sarkozy, signe Un Français de tant de souches chez Grasset.

Il s’agit d’un livre de plus sur l’identité française, qui vient d’une certaine façon répondre à L’identité malheureuse d’Alain Finkielkraut et au Suicide français d’Eric Zemmour. Ce qui résume le débat sur l’identité française à une étrange confrontation entre trois auteurs juifs français.

Le livre d’Alain Minc est divisé en neuf chapitres dont chaque intitulé est un symbole. Attachons-nous essentiellement aux quatre premiers chapitres qui révèlent le mieux la nature profonde d’Alain Minc.

Chapitre 1 – La France d’un enfant de la M.O.I. (“main-d’œuvre immigrée : branche de la Résistance communiste formée par des immigrés, dont de nombreux Juifs“)

De ces trois termes, Résistant, Juif, communiste, le premier m’a le plus fasciné car rien n’ancrait davantage ma francité.“, écrit Alain Minc.

Chapitre 2 – La France d’un “mauvais Juif”

Alain Minc évoque ici son rapport à la judéité mais aussi celui de la France d’après-guerre avec le judaïsme. Alain Minc précise qu’il est juif “au sens où Sartre l’entend dans ses Réflexions sur la question juive, c’est-à-dire par “le regard de l’autre””. A ce sujet, Alain Minc rapporte cette anecdote. Convoqué en 1971 par Jacques Chapsal, directeur de Sciences Po, celui-ci fait à Minc ce compliment : “Je voulais vous dire combien je suis heureux qu’un israélite sorte major de cette maison.

Pourquoi les Juifs qui ont le plus pesé sur le cours des idées, voire l’histoire elle-même, sont-ils ceux qui ont eu maille à partir avec leur identité ?“, s’interroge Alain Minc qui aborde un peu plus loin son regard sur la religion.

La religion juive n’exerce, pour tout dire, aucune séduction sur moi. Autant le catholicisme peut susciter une fascination intellectuelle chez un athée (…) autant le judaïsme est rébarbatif aux yeux d’un esprit rétif.

Alain Minc ne manquera pas de susciter l’effroi dans sa communauté en écrivant avec une certaine audace  : “Puis-je avouer à quel point j’ai été choqué que l’enterrement à Jérusalem des quatre victimes de l’Hypercacher de Vincennes apparaisse naturel ? L’émotion du moment était telle que nul ne s’est étonné que le gouvernement y soit représenté au plus haut niveau, en l’occurrence par Ségolène Royal. Les victimes auraient-elles été inhumées en France, que la République se serait due d’être présente. A Jérusalem, rien n’était moins évident.

Dans ce chapitre probablement le plus intime de ce livre, Alain Minc décoche aussi une flèche à Mgr Lustiger à l’égard duquel il manifeste “une méfiance devant sa volonté de se considérer comme juif. Dès lors que converti, il avait coupé tout lien avec la religion de ses ancêtres, s’affirmer juif comme il le faisait, c’était proclamer qu’il existait ontologiquement une identité juive.

Chapitre 3 – La France d’un symbole de l’énarchie

Alain Minc évoque ici les “jeunes aristocrates de la fonction publique” qu’il a côtoyé et se livre à un éloge obséquieux de la classe dirigeante française.

Chapitre 4 – La France d’un thuriféraire de la mondialisation heureuse

Sans surprise, Alain Minc profite de ce chapitre pour rédiger un plaidoyer en faveur de l’oligarchie mondiale et se placer à ce sujet dans le camp qui va “de Valls à Juppé, de Hollande à Sarkozy“, sans oublier Bernard-Henri Lévy et Jacques Attali.

Dans les chapitres qui suivent, Alain Minc se flatte d’avoir ressenti une “fierté cocardière” à la vue… du défilé du 11 janvier après l’attentat contre Charlie Hebdo; nous dit toute sa fierté d’être un “européen obsessionnel” en constatant comment le mariage homosexuel, l’avortement et bientôt l’euthanasie se banalisent en Europe; nous conte son amour pour la langue française, seul domaine où le nationalisme ne fait pas honte.

Lorsque Alain Minc finit par évoquer l’islam en France, c’est pour rêver “d’oser faire vis-à-vis des musulmans (…) la même démarche que Napoléon a suivie à l’égard des Juifs à partir de 1806” et soumettre les musulmans à un questionnaire qui révèlerait, croit-il pouvoir affirmer, “la reconnaissance très largement majoritaire du primat des principes républicains” et mènerait à un “Grand Sanhedrin” musulman, “émanation d’un Islam quasi concordataire“.

Au final, le lecteur découvrira un Alain Minc  qui, bien que se définissant “mauvais Juif“, fait constamment allusion à la judéité, beaucoup plus qu’à son amour pour la France, ramenant ce livre à la quête personnelle d’une identité complexe.

Un Français de tant de souches, Alain Minc, Grasset, 201 pages, 17 euros

 

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