pape_francoisLa révolution du pape François secoue le monde entier et bouleverse rudement la frange conservatrice de l’Église conciliaire. Être en phase avec le monde, correspondre aux vies déchristianisées d’aujourd’hui, est néanmoins devenu, depuis 50 ans, la mission sociétale d’une Église en rupture avec sa Tradition et en chemin pour acquérir toujours plus d’affinité avec l’esprit du temps présent. Et comme le monde évolue continuellement selon une notion de progrès sans fin destiné à apporter le bonheur sur terre à une humanité régénérée, l’Église conciliaire ne cesse de lui courir après pour le rattraper…

De la haine du monde les ecclésiastiques modernes n’en veulent plus. Pourtant cette haine avait été prédite comme un signe d’élection par le Seigneur lui-même à ceux qu’ils avaient choisis pour être ses apôtres, ses dispensateurs de la Bonne nouvelle évangélique :

“Si le monde vous hait, sachez qu’il m’a haï avant de vous haïr. Si vous étiez du monde, le monde aimerait ce qui serait sien. Mais parce que vous n’êtes pas du monde et qu’en vous choisissant je vous ai tirés du monde, pour cette raison le monde vous hait.” (Jean, 15, 18-19)

Les innovations doctrinales et pratiques de Jorge Maria Bergoglio, qui s’adaptent au courant progressiste d’aujourd’hui tenu par les lobbies de la culture de mort, sont des coups de poing et des claques donnés à la Tradition immuable de l’Église catholique et à la morale naturelle. Dernièrement l’autorisation donnée à tous les prêtres d’absoudre le péché d’avortement, contenue dans la lettre apostolique Miséricorde et pauvreté, de même que la très probable suppression de l’excommunication latae sententiae qui frappe tous ceux qui participent à un avortement remuent les consciences des catholiques attachés à la vie.

L’excommunication est la plus haute sanction dans l’Église. Celle latae sententiae, c’est-à-dire de facto, entraîne l’exclusion automatique de l’Église et l’impossibilité de recevoir les sacrements. C’est donc une des peines les plus graves qui peut être infligée à un fidèle. Elle est prévue avant tout pour prévenir les délits : le fait de savoir qu’on encoure une censure si l’on commet un certain délit a un fort effet dissuasif, et aide à prendre conscience de la gravité de la faute. Une excommunication se doit d’être levée pour que le fidèle puisse à nouveau participer à la vie de l’Église et recevoir les sacrements. Dans le code de 1983 il est précisé :

“L’évêque du lieu peut remettre la peine, à moins que cette remise ne soit réservée au Pape (comme c’est le cas pour la violation du secret de la confession, ou l’ordination d’un évêque sans mandat pontifical). Dans la pratique, l’évêque désigne généralement un prêtre de son diocèse pour effectuer la levée d’une excommunication — ce prêtre reçoit alors le titre de «pénitencier». Une personne excommuniée doit s’adresser au pénitencier pour, dans les conditions requises, se voir relever de son excommunication.”

Par conséquent, permettre à tous les prêtres d’absoudre le péché d’avortement ne peut qu’entraîner de facto la suppression de l’excommunication. Cette facilité est vue par des catholiques pro-vie comme une banalisation, par la plus haute autorité morale, de l’avortement. D’ailleurs comment leur donner tord puisque les partisans de l’avortement se réjouissent quant à eux de cette ouverture qu’ils perçoivent comme une victoire.

Après les dubia des quatre cardinaux à propos d’Amoris Laetitia, les déclarations du cardinal Burke sur une possible correction du pape, une nouvelle tempête soufflée par l’opposition conservatrice s’abat sur François. Et Rome se retrouve prise entre ses propres contradictions : plaire au monde, défendre la vie et calmer le jeu.

Mgr Fisichella, président du Conseil pontifical pour la Nouvelle Évangélisation, lors de la présentation de la Lettre à la presse, avait déjà expliqué que le droit canonique étant « un ensemble de lois » « dès l’instant où le Pape prend une décision qui modifie les termes de la loi, on doit nécessairement changer l’article relatif à telle disposition ». En particulier, avait souligné Mgr Fisichella, avec cette absolution, « l’excommunication laetae sententiae n’a plus lieu d’être ».

Mgr Paglia, président de l’Académie pontificale pour la vie dont le docteur Dickès a démontré, pour MPI, les récentes dérives a admis lui-aussi dans le quotidien italien Il resto del Carlino du 23 novembre dernier la possible et future suppression de l’excommunication :

“Ce n’est pas à exclure. Si c’est le pape François qui abrogera le canon, je ne le sais pas. (…) Mais il ne faut pas s’étonner que le progrès de la vie [sic!] détermine une actualisation de la loi canonique.”

Pour quelques heures plus tard, la fronde grondant, revenir dessus mais de façon plus subtile, sur Radio Vaticana :

“L’excommunication reste comme elle est dans le Code de droit canon. Dans ce sens il n’y a pas de changements dans la conception de la gravité du péché, aucun affaiblissement : cela reste l’élimination coupable d’un innocent et c’est très grave. Le sens du texte pontifical est dans la volonté de faire comprendre que qui se repent, même de ce péché si grave, est pardonné et embrassé par le Seigneur. Dans ce sens, l’excommunication qui était infligée pour cet acte dramatique est comme oubliée de Dieu. Certainement, ensuite, il y a dans ce geste du pape une grande considération de la faiblesse ou des drames de tant de femmes qui, si elles sont laissées à elles-mêmes, difficilement réussissent à en sortir et à trouver une voie non seulement pour ne pas répéter ce qu’elles ont fait, mais aussi pour se sentir aidées face au drame que chaque avortement procure aux femmes elles-mêmes.”

La grande erreur en tout cela est de mêler le sentiment subjectif et le péché objectif. Le drame humain et spirituel de bien des femmes, ou praticiens, médecins, infirmières, qui ont commis un ou des avortements, le problème des pressions intolérables de la part de leur entourage et d’un monde moderne effroyable et tentaculaire auquel ils et elles sont soumis, du remords lacérant et dévorant qui les hante, n’est certainement pas à sous-estimer. Il est nécessaire que les pasteurs les aident à obtenir la miséricorde de Dieu, à se pardonner bien souvent eux-mêmes et à se reconstruire, mais ces considérations subjectives ne doivent pas influencer la loi canonique qui témoigne aux yeux du monde de la gravité objective, qui ne change pas, du crime d’avortement. Cette loi est, de plus, le rempart et le garde-fou contre l’avortement pour les âmes faibles et influençables qui seraient tentées d’y avoir recours. La supprimer, bien plus que de favoriser la prise de conscience de la gravité de ce crime par des éventuels pénitents futurs ayant recours à la confession, facilitera leur passage à l’acte dans le présent. Quoi qu’en disent les messeigneurs romains !

L’autre erreur, voire supercherie, consiste à faire croire au monde qu’avant l’avènement de François, l’Église, par rigorisme, empêchait trop souvent les fidèles ayant perpétré les pires crimes d’obtenir le pardon de Dieu. Pourtant Jésus-Christ ne veut pas qu’une seule âme se perde et désespère et c’est lui donc qui donne à l’Église la loi du pardon illimité. Les psaumes de David, grand pêcheur devant l’Éternel, chantent eux-aussi la miséricorde du Seigneur. Il n’a pas fallu, loin de là, attendre le pape venu “de la fin du monde” pour que les âmes connaissent l’infinie miséricorde de Dieu qui la donne à travers la confession. Mais le Christ, tout de tendresse, c’est aussi être sévère et dit à la femme adultère : “Va et ne pêche plus”. Et prévient : “Mais, si quelqu’un scandalisait un de ces petits qui croient en moi, il vaudrait mieux pour lui qu’on suspendît à son cou une meule de moulin, et qu’on le jetât au fond de la mer.” Et saint Paul exhorte les fidèles à enlever du milieu d’eux le pécheur impénitent : “Enlevez le pervers du milieu de vous.” (I Co 5,11-13).

Le Dieu de Miséricorde protège les plus petits tout en donnant son pardon à tous les pécheurs repentants mais il n’y a pas de pardon sans justice ni loi. Le pape François oublie la justice divine et l’enseignement sage du Christ. Il prêche une miséricorde déconnectée de la réalité du péché et de sa gravité. “La crainte du Seigneur est le commencement de la sagesse “ et “Ceux qui craignent le Seigneur gardent ses commandements” proclame le Saint-Esprit pas la bouche de David. C’est donc bien la crainte du Seigneur qui fait éviter à l’homme le péché. Cette crainte de la colère de Dieu, qui peut s’exprimer à travers les peines d’excommunication, a donc une vertu salvatrice comme la confession.

Le crime d’avortement par sa gravité, le scandale public qu’il procure au monde, l’offense qui est faite à l’auteur de la vie dont on bafoue la loi de la création, mérite un traitement différent, plus sévère, que le mensonge du petit garçon qui a volé la confiture de Bonne-Maman. En faciliter l’absolution et supprimer l’excommunication afférente en relativisent sa gravité et, par conséquent, en banalisent le geste dans un monde catholique déjà bien atteint par une affaiblissement, si ce n’est une inversion, des valeurs morales.

Le pape François, sous couvert de vouloir venir en aide aux personnes en détresse face à leur crime, ouvre donc bien la voie à une normalisation de l’avortement dans les consciences catholiques mais aussi des païens, athées ou infidèles contraires à sa pratique. Oui Emma Bonino peut exulter : le pape François favorise, qu’il le veuille ou non, cette culture de mort qu’elle adore à la place du vrai Dieu !

Francesca de Villasmundo

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