yamaplace

Je m’en vais un matin voir mon ami Etienne, kinésithérapeute de son état, pour soigner mon rhume de hanche. Il a l’air contrarié. Il est là à se tourner les pouces alors qu’il est plus habitué à masser ceux de ses contemporains.

  • Qu’est-ce qui t’arrive ?
  • Tu ne vas pas me croire. Ce matin sur 14 rendez-vous il y en a huit qui ne sont pas venus ? Ils ne se sont même pas décommandés
  • Décidément, par les temps qui courent il n’y a plus aucune éducation.

La sonnette retentit. Un retardataire ? Non c’est un Anglais qui se présente. Il se nomme Larry Cover. Il s’est tordu le genou en descendant la passerelle du bateau. Etienne l’examine et paraît inquiet. Il faudrait mieux le montrer à un rhumatologue. Il fait plusieurs numéros. Pas un seul ne répond.

  • Les vaches…Ils coupent le téléphone quand ils sont saturés et n’ont plus de place.

La situation semble désespérée. Je lui demande de me prêter son ordinateur. Je tape yamaplace.fr. Il s’agit d’un site permettant de trouver une personne qui elle-même a renoncé à un de ses rendez-vous. Cela tombe bien. Jean Bambois devait aller dans l’après-midi voir un rhumatologue. Or, il vient de perdre sa belle-mère ; il propose alors sa place sur ce site à celui qui peut en avoir besoin. L’affaire est vite réglée : Lucien n’habite pas loin. C’est sans hésiter et tout heureux que Larry lui paye 20 € et récupère le rendez-vous pour lui.

Cette histoire n’est pas une blague. Actuellement le délai d’attente pour avoir un rendez-vous chez un spécialiste à Paris peut monter à 51 jours. Dans ma ville, chez l’ophtalmologiste c’est un an.

Le site, une sorte de « bon coin » de la santé est gratuit. Ceux qui font appel pour proposer leur rendez-vous ne se font pas obligatoirement payer. L’acheteur peut d’ailleurs marchander.

Cette affaire semble choquante et mercantile. Mais dans le fond elle arrange tout le monde. Il est bon de savoir qu’en France 28 millions de personnes chaque année prennent des rendez-vous qu’ils n’honorent pas et « posent un lapin » à leur médecin. Ce qui casse littéralement le rythme de travail des praticiens concernés, qui se voient obligés d’attendre pour rien. Ce qui a effet de désorganiser les soins, si le patient suivant arrive à l’heure précise de son rendez-vous. Ce site peut être aussi une solution partielle aux déserts médicaux.

Cependant le Conseil de l’Ordre des médecins est réticent dans la mesure où certains petits malins pourraient en faire une sorte de commerce en prenant des rendez-vous bidons et en les revendant.

Mais personne ne dit la vérité. Il n’y a plus assez de médecins en France. Il est donc nécessaire d’en faire venir de l’étranger ; dans ma région, ce sont des Polonais, beaucoup d’Africains du Maghreb, mais aussi des Roumains voire des Grecs. Mais aussi des Français n’ayant pas réussi le concours de 1ère année de médecine et qui sont allés faire leurs études en Belgique.

Qui est le responsable de cette situation ? C’est Juppé, premier ministre de Chirac qui en 1997 a poussé vers la retraite les médecins. Ils vont quitter la profession à 10600 en cinq ans. Mais surtout il cale le numérus clausus d’entrée aux études à 3500. C’est la moitié de ce qu’il faudrait. Il a une autre idée toute aussi géniale ; celle de faire payer les médecins au cas où le budget de la sécurité sociale serait en déficit.

C’est dix ans plus tard que la pénurie commence à s’installer. En aucun cas elle ne peut se résoudre en en quelques années.

Les Français ont vraiment la mémoire courte quand ils font de Juppé l’homme politique le plus populaire.

Jean-Pierre Dickès

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