Je sais, on va encore m’accuser de “poutinomanie”, “poutinophilie” ou je ne sais quoi. Les interventions de Vladimir Poutine font parties de l’actualité et nous renseignent sur des sujets dont ne parlent jamais les médias du système, sauf pour nous laver le cerveau à leur convenance. La Russie qui capitalise sur son dos la haine farouche du monde occidental auquel nous appartenons bon gré, mal gré, est l’un des deux pivots les plus importants, de la paix ou de la guerre en Europe. L’autre pivot, les USA, est partout présent sur tous les grands médias du système. N’est-ce pas le rôle d’“une réinformation réactive”, ainsi que se présente Médias-presse Info, de donner des éléments qu’on ne trouve pas ailleurs ? L’intérêt de ce document est qu’il s’adresse, non au monde, mais aux Russes. Il ne s’agit que de brefs extraits. Il est plus détaillé en anglais sur ce lien.      E.D.

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Vladimir Poutine : « Les Américains ne veulent pas nous humilier, ils veulent nous soumettre », « Jamais personne dans l’Histoire n’est parvenu à cela avec la Russie, et personne n’y parviendra. »

Mardi 18 novembre, le président russe Vladimir Poutine a pris part à la séance plénière du Forum d’actions du Front populaire fédéral, dont il est lui-même le leader. Lors de son intervention, le chef d’État a longuement traité de l’état de l’économie nationale, des perspectives d’avenir et du développement économique dans le contexte de sanctions. Extraits.

Sur l’agriculture

Si je ne sentais pas que notre agriculture était capable de nourrir tout le monde, nous n’aurions jamais introduit de contre-sanctions. Nous agissons avant tout pour notre propre bien – quel serait l’intérêt de nous créer des problèmes ?

Là, pour dire les choses franchement, nous avons utilisé à notre avantage le comportement incorrect de nos partenaires et offert à notre agriculture des possibilités supplémentaires de travailler sur leur propre marché.

Ce serait absurde d’établir en Russie un système de mesures pour encourager la production de bananes. On pourrait y consacrer des milliards que le résultat ne correspondrait tout de même pas à ce que l’on voudrait. Ce sont des âneries, pardonnez-moi. En revanche, nous pouvons fabriquer nous-mêmes tous nos produits traditionnels, tous les produits de base – céréales, cultures maraîchères, élevage, production laitière –, et ce, avec une efficacité bien plus grande qu’aujourd’hui. Il faut profiter de la conjoncture actuelle, et il faut le faire dès maintenant, dès aujourd’hui.

Sur l’état actuel de l’économie

Notre économie était déjà dépendante [des revenus gaziers et pétroliers, ndlr] à l’époque soviétique, et elle l’est devenue davantage encore au cours des dernières décennies. Les acteurs de l’économie ont concentré leurs efforts sur les secteurs les plus rentables et la recherche de profit rapide. Et de quels secteurs s’agit-il ?

C’est, avant tout, l’extraction et la production de matières premières. C’est le pétrole, le gaz, partiellement la chimie et partiellement les métaux. Le pétrole et le gaz occupent plus de 70 % de la structure de nos exportations, la chimie, 5 %, et les métaux, 8%.

Notre tâche consiste aujourd’hui à modifier cette structure de l’économie – c’est une de nos missions principales. Mais pour l’heure, cette structure est ce qu’elle est, et il n’apparaît pas possible de la modifier en peu de temps – et pas parce que nous travaillons bien ou mal : ce sont simplement des choses inscrites dans des cycles longs, exigeant d’importants investissements de capitaux. Et quand une crise survient sur le marché des matières premières, qui assure les revenus principaux de notre budget, l’influence sur le cours du rouble est immédiate – c’est une pression qui l’entraîne à la baisse.

Sur les revenus budgétaires

Les revenus de notre budget n’ont pas souffert. Avant, nous vendions une marchandise un dollar et rapportions au pays 35 roubles. Aujourd’hui, ce même dollar ne rapporte plus 35 roubles au pays, mais 47 ou 49. C’est-à-dire que les revenus de notre budget n’ont pas diminué – ils ont même augmenté grâce aux variations du change.

Sur le sommet du G20

Nos partenaires australiens ont créé une atmosphère de travail exceptionnellement bienveillante, très cordiale et particulièrement adaptée à la recherche de solutions aux problèmes que rencontre l’économie mondiale – je vous assure, je le dis en toute sincérité.

J’ai même été étonné de la chaleur avec laquelle notre délégation a été accueillie par les citoyens ordinaires, dans les rues, je ne saurais même pas l’expliquer mais vraiment – avec des applaudissements, des signes d’attention et avec une grande bienveillance. C’étaient les gens les plus simples, dans la rue – et je leur en suis extrêmement reconnaissant.

Quant aux déclarations belliqueuses de mon collègue australien, je pense que cela fait partie de leur culture politique : ils font exprès de tendre la situation. Mais je le répète : il n’y a rien eu de tel – ni dans la vie, ni dans le travail. Nous avons débattu de façon extrêmement constructive non seulement des thèmes qui nous rassemblaient, mais aussi de questions très graves, liées au crash du Boeing malaisien [en Ukraine, le 17 juillet 2014, ndlr]. Et je vous l’assure, tout s’est déroulé non seulement dans la plus parfaite politesse, mais même avec beaucoup de bienveillance.

Sur son « départ précipité »

Je suis effectivement parti un peu plus tôt du sommet, parce que nous devions faire 21 heures d’avion – soit sans doute beaucoup plus que toutes les autres personnes présentes. Je sais bien comment ça se passe : vous êtes au moins 20, et il faut encore faire la queue pour savoir, par ordre alphabétique, qui doit partir quand. J’ai donc préféré regagner mes pénates un peu en avance : ce n’est pas le travail qui manque à la maison.

Sur les nouvelles taxes pour les PME

Les autorités moscovites ont rapporté au gouvernement et à l’administration présidentielle ce que les grosses chaînes commerciales avaient versé comme impôts au budget de la ville : et vous savez combien ça fait ? Tous les impôts de toutes les chaînes commerciales représentent près de deux dizaines de millions de roubles [1 euro = environ 56 roubles]. Vous vous rendez compte de ce que c’est ? C’est rien du tout. C’est-à-dire qu’ils ne paient rien. Est-ce que c’est admissible ?

Sur les commandes publiques

Nos entreprises d’État et celles à participation étatique doivent déployer plus d’attention à l’acquisition de marchandises de production nationale. Et pas seulement la production des grosses entreprises, mais aussi des petites et moyennes. Elles ne doivent pas se cacher derrière des vœux pieux sur le maintien de leur capacité concurrentielle et ne doivent pas acheter en dehors de Russie ce qu’elles pourraient acheter chez nous.

Je vous propose de rechercher ensemble, simplement, des critères qui ne contraindraient pas trop fortement nos sociétés d’État, mais qui assureraient dans le même temps des commandes publiques à nos entreprises. Pourquoi emporterions-nous du capital à l’étranger, en y créant des emplois et en y versant des impôts à tous les niveaux du système fiscal ? Que tout cela se fasse ici. Mais il doit s’agir d’une décision subtile – afin que ça ne nuise pas à la capacité concurrentielle de nos entreprises d’État.

Sur le chômage

Il y a encore quelques mois, le taux de chômage dans notre pays s’élevait à 5,3 %. Aujourd’hui, il est descendu à 4,9 %. Et peut-être qu’à la fin de l’année, il sera même de 4,7 %. Ce n’est pas certain, mais peut-être. En tout cas, il se maintiendra aux alentours de 5 %.

Si l’on regarde ce qui se passe dans le monde, notre situation est tout simplement excellente. Un des pays qui se portent le mieux sur ce plan dans l’Union européenne est l’Allemagne : le taux de chômage s’y élève aujourd’hui, selon moi, à 5,3%. C’est-à-dire que le chômage chez nous est même moins élevé qu’en Allemagne. Aux États-Unis, il se situe quelque part à 6 ou 7 %. Et dans certains pays de l’UE, en Espagne, par exemple, il atteint 25 %. Parmi les jeunes, il y est même proche de 50 %. Certes, nous connaissons en Russie des problèmes dans certaines régions. Dans le Caucase, le chômage est bien plus élevé que la moyenne du reste du pays. Mais en tout cas, la situation globale chez nous est celle-ci : moins de 5 %.

Sur les immigrés

Il est parfaitement évident que nous ne nous en sortirons pas sans faire venir de la main d’œuvre étrangère – mais c’est aussi le cas de quasiment toutes les économies développées dans le monde. Mis à part, bien sûr, les pays présentant une surabondance de main d’œuvre.

Sur les États-Unis

Les Américains ne veulent pas nous humilier, ils veulent nous soumettre, ils veulent régler leurs problèmes sur notre dos. Ils veulent nous subordonner à leur influence. Jamais personne dans l’Histoire n’est parvenu à cela avec la Russie, et personne n’y parviendra.

En revanche, ils parviennent à soumettre leurs alliés à leur influence. Et s’ils y parviennent, c’est parce que beaucoup de leurs alliés, malheureusement, s’efforcent de défendre des intérêts nationaux étrangers au détriment des leurs, pour des motifs incompréhensibles et avec une perspective incompréhensible.

Parfois même, je m’y perds. Parce que le fait de défendre ce que l’on appelle les « valeurs communes » européennes ou occidentales au détriment des siennes comporte un certain nombre de problèmes. Tout d’abord, on ne comprend pas ce que c’est que ces « intérêts ». Il ne s’agit que de propos généraux : sur la démocratie, sur ceci et cela. Mais enfin, ça ne veut dire ni droit au coup d’État, ni droit au génocide, que je sache ? De quels intérêts parle-ton ?

C’est la première chose. Deuxièmement : qu’est-ce qui se cache derrière ? Il y a derrière cela les intérêts géopolitiques d’un pays ou d’un groupe de pays. Et est-ce que les intérêts des élites de ces pays correspondent à ceux même de leurs propres peuples ? C’est une vaste question. Nous avons beaucoup discuté de ce sujet avec nos collègues, et nous en discuterons encore beaucoup – mais au final, je pense que, comme pour le cours de notre devise nationale, la vie remettra naturellement tout à sa place.

Personne n’a envie de tendre encore plus la situation dans le monde, et croyez-moi, personne n’a besoin de ça en réalité aux États-Unis, je veux dire le grand public, les citoyens – et pour cette raison, tout va rentrer dans l’ordre.

Sur la proposition de limiter la projection des films américains en Russie

Je pense qu’il y a plus de gens dans notre pays qui aiment l’Amérique et le peuple américain que de gens qui ne les aiment pas – toutefois, la majorité des Russes sont plutôt critiques à l’égard de la politique de leur classe dirigeante [américaine, ndlr]. Il est indéniable que l’Amérique est une énorme et une grande puissance, que le peuple américain est talentueux et qu’il réussit – ils ont des choses à apprendre au reste du monde. Ce serait bête de nous priver de choses dont nous pourrions profiter ; et ce ne serait certainement pas correct d’empêcher nos consommateurs d’avoir accès aux produits qu’ils désirent – la production cinématographique étant l’un d’eux.

Source: Le Courrier de la Russie

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