Un homme, un ecclésiastique, était jadis de bon aloi. Il était de bonne composition ou plutôt « d’un bon métal », comme on disait autrefois. D’aucuns ont dû assurer que, dès l’âge de raison, il avait la foi de ses pères. D’autres, qu’il avait celle de sa mère. Ainsi, chacun, par une sorte d’induction logique, a dû convaincre son entourage !

Le jeune homme devait être prometteur. Enfant, il a dû certainement parcourir les chemins qui mènent au bien, puis suivre les études secondaires qui développent le contrôle des passions. Car, à l’âge adulte, il a courageusement frappé à la porte d’un audacieux séminaire – le seul accablé d’injures par la hiérarchie -, dont le fondateur, en fidèle serviteur du Divin Maître, était resté attaché aux ressorts du catholicisme romain le plus traditionnel.

Là, il lut et médita les auteurs que l’Eglise dicte à l’intelligence de ses futurs apôtres. Tout ce corpus doctrinal qui, d’Aristote (plutôt que Platon), aux Pères Garrigou-Lagrange et Calmel (plutôt que Chenu et Congar), fait la quintessence de l’enseignement du bon prêtre. Il en ressortit grandit, revêtu de la soutane noire, celle qui annonce au monde qu’il lui renonce pour conduire les âmes des pécheurs vers leur proche ou leur lointain salut. Fier de l’enseignement des grandes signatures du Magistère, il déploya, des années durant, le fil doré de la Tradition.

Il le fit en Afrique puis à Compiègne puis encore à St Nicolas du Chardonnet. Il fit sienne cette source inépuisable de la Révélation qui, depuis la mort du dernier Apôtre, traverse les siècles pour ne cesser d’en nettoyer les tâches humaines les plus inhumaines. Sous la pensée accomplie du docteur angélique, dont la compréhension n’est aisée que lorsque la méthode est acquise, il fit ainsi du bien aux âmes…

Et puis, patatras ! Voilà que la philosophie moderne et personnaliste s’est emparée de l’ecclésiastique. Le doctorat (2007) qui est venu sanctionner sa puissante réflexion sur « les prodiges de l’analogie » chez le Cardinal Cajetan, thèse dirigée par le professeur Bruno Pinchard, lui-même disciple d’Althusser et de Derrida, l’a détourné des catégories initiales.

En mal d’indépendance, et soucieux d’une prise de plume ou de parole pour la défendre, il s’éloigna, en le dissimulant, de la pensée catholique authentique. Désormais, il fait du cabotage sur le littoral du catholicisme le plus libéral, se pare encore de la tunique du pieux soldat du Christ mais le col dégrafé ou ôté. Il a l’embonpoint de ces hommes de Dieu dont la rondeur trahit le manque de mysticisme ; l’entournure de ces cléricaux que le cléricalisme de cour affadit. Il devient caricatural. Une silhouette à la Daumier.

S’il défend la juste cause d’une église en détresse à Paris, c’est au profit d’une « étrange lucarne » qui le filme ou d’un microphone qui l’écoute. Le voici dépouillé de l’humilité évangélique. S’il défend la doctrine de l’Eglise, c’est en s’appuyant aussi bien sur les lieux communs et l’étrange mysticisme de la « Terre-Mère » de Laudato Si, que sur le salmigondis psychologiste d’Amoris Laetitia. Car, dans ce monde où, selon le Pape François, « le temps est supérieur à l’espace », notre ecclésiastique se meut avec largesse et ne compte plus son temps de parole.

Il devient le pourvoyeur zélé du Pontife, le couvre d’éloges à l’occasion de son dernier livre d’entretiens avec Dominique Wolton publié, dès à présent, aux éditions de l’Observatoire. Rien d’ironique dans le propos du prêtre. Non ! Une vraie mais ébouriffante approbation de la pensée profonde du Pape qu’il désigne comme « un pape en avance sur son temps ». « Un pape, ajoute-t-il, qui a saisi l’aspect particulier que doit prendre une pastorale soucieuse de réussir dans la société matérialisée dans laquelle nous vivons, je dirais : un pape authentiquement personnaliste ».

On croit rêver ! Mais, non ! nous ne rêvons point ! Notre abbé philosophe nous invitera, sans doute très vite, à placer nos esprits sous un nouveau « theos » ou un nouveau « muthos ». Il nous proposera un nouveau « logos » qui, à l’instar du Pape François s’adressant il y a quelques jours au gouvernement et aux catholiques de Colombie, nous fera « oser une nouvelle et irrésistible utopie de la vie » !

Gilles COLROY

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