Le chancelier Scholz entend étendre et renforcer les contrôles à toutes les frontières
Le chancelier Scholz, septembre 2024, et les contrôles des frontières

Contrôles et rejets, retour des frontières. Le chancelier Scholz copie la droite et annonce un plan de fermeture des frontières pour faire barrage aux clandestins.

Accablé par les polémiques et la crise économique, et avec un siège chancelant, Olaf Scholz cherche un tournant et a récupéré des voix électorales après la cuisante défaite des élections régionales de début septembre : voici le plan de du chancelier, copié sur les mesures de la droite populiste qui a le vent en poupe. Après avoir dévoilé un un plan de paix pour l’Ukraine et la Russie, le chancelier a ainsi opté pour une répression contre les migrants.

L’Allemagne a décidé de fermer ses frontières

Le gouvernement Scholz entend étendre et renforcer les contrôles à toutes les frontières. Selon les journaux allemands, la ministre allemande de l’Intérieur, Nancy Faeser, souhaite accroître les refus de personnes en quête de protection qui entrent illégalement en Allemagne aux frontières du pays. À partir de lundi, des contrôles seront mis en place à toutes les frontières afin de réduire davantage l’immigration irrégulière grâce à une gestion plus efficace des frontières. En bref, l’Allemagne a décidé de fermer ses frontières. Ce n’est pas une mince affaire, notamment parce que l’Europe repose sur le fait que les citoyens peuvent se rendre en Allemagne, ou dans tout autre pays de l’espace Schengen en voiture sans frontières, etc. Le pays partage une frontière terrestre avec les Pays-Bas, la Belgique, le Danemark, le Luxembourg, la Suisse, l’Autriche, la France, la République tchèque et la Pologne.

« Nous devons pouvoir choisir qui vient en Allemagne. Je le dis très explicitement ici. C’est pourquoi il est important que nous gérions la migration irrégulière, que nous réduisions le nombre de ceux qui arrivent en Allemagne de manière irrégulière et que nous ramenions aussi ceux qui ne peuvent pas rester » a ainsi déclaré le chancelier allemand dans un discours qui éberlue la presse mainstream dont Scholz est pourtant un chouchou. « Saisissante intervention du chancelier Scholz, qui revendique son rétablissement du contrôle aux frontières, en dépit de Schengen. Une sorte d’anti-Merkel 2015 en quelques mots » écrit d’ailleurs le journaliste bien-pensant Darius Rochebin sur X.

La Pologne qui va conserver les clandestins qui transitent par chez elle avant d‘aller en Allemagne condamne cette fermeture des frontières

Mais la politique anti-immigration lancée par Scholz, surtout en paroles pour l’instant, ne s’arrête pas là. Pleins feux sur le terrorisme islamique et la criminalité transfrontalière. L’Allemagne entend prendre les choses au sérieux, à tel point que le ministre Faeser a déjà notifié la décision à la Commission européenne. Le gouvernement a désormais « développé un modèle de refoulement efficace conforme au droit européen », ont indiqué les milieux gouvernementaux. Nous vous rappelons qu’à l’heure actuelle, les refus aux frontières terrestres allemandes ne se produisent que dans certains cas. Comme le rapporte LaPresse, ils surviennent si quelqu’un est soumis à une interdiction d’entrée ou ne demande pas l’asile. Dès la mi-octobre 2023, le ministre Faeser avait instauré des contrôles fixes aux frontières avec la Pologne, la République tchèque et la Suisse, dans le sillage de ceux instaurés en 2015 à la frontière avec l’Autriche.

Pendant ce temps, la Pologne, l’Autriche et la Hollande, qui vont hériter ou conserver ces clandestins refoulés d’Allemagne sont furieux. Le Premier ministre polonais, Donald Tusk, a ainsi dénoncé l’intention de l’Allemagne d’introduire des contrôles à ses frontière en déclarant, mardi à Varsovie, lors d’une réunion des chefs des missions diplomatiques polonaises, que « de telles actions sont inacceptables du point de vue polonais », a déclaré Donald Tusk.

L’hypocrisie allemande

Les actions de Berlin signifient, a-t-il ajouté, « de facto une suspension à grande échelle de l’espace Schengen ». L’espace Schengen comprend 25 des 27 États membres de l’UE et d’autres pays, et permet de circuler librement entre eux sans contrôle aux frontières. « La Pologne n’a pas besoin de renforcer les contrôles à sa frontière, mais de renforcer la participation de pays tels que l’Allemagne à la surveillance et à la sécurisation des frontières extérieures de l’Union européenne », a encore souligné Tusk.

De son côté, en Italie des voix s’élèvent pour dénoncer cette hypocrisie allemande, car il faut se le dire ce sont surtout les Européens qui vont pâtir de ces contrôles :

« Réalisons-nous que cette Europe a empêché l’Italie de fermer ses frontières extérieures, alors que les Allemands font désormais ce qu’ils veulent et ferment leurs frontières intérieures ? Ce n’est rien d’autre qu’une gigantesque hypocrisie dont quelqu’un devrait tôt ou tard parler. De plus, la fermeture des frontières allemandes est réalisée par les mêmes personnes qui nous ont accablé si nous disions « non » aux immigrés illégaux arrivés en Italie par l’intermédiaire d’ONG. L’Italie a un ministre qui a été jugé pour séquestration de personne (Matteo Salvini qui, lorsqu’il était ministre de l’Intérieur italien empêcha les migrants de débarquer, ndlr) et, pendant que les Allemands séquestrent toute l’Europe, tout le monde se tait. »

Francesca de Villasmundo

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