Selon la Convention internationale d’Oviedo du 7 juillet 2012 « une intervention ayant pour objet de modifier le génome humain ne peut être entreprise que pour des raisons préventives, diagnostiques ou thérapeutiques et seulement si elle n’a pas pour but d’introduire une modification dans le génome de la descendance. » Autrement dit, il est possible de travailler sur les embryons à condition qu’ils ne puissent pas être utilisés pour la reproduction après une modification du génome. Or cette transgression a été effectuée par le Chinois He Jiankui. Ce chercheur de la Southern University of Science and Technology de Shenzhen a annoncé le 26 novembre dernier dans une vidéo postée sur Internet en marge d’un congrès de génétique à Hong Kong, la naissance des deux premiers «bébés OGM ». Il déclara avoir réussi à faire naître des jumelles génétiquement modifiées et résistantes au sida. Il les appela Lulu et Nana. Il ajouta que cette mutation avait amélioré leurs intelligences : le fameux « homme augmenté » des transhumanistes.

Ce fut un tollé général qui valut à l’intéressé d’être arrêté. Actuellement He Jiankui est en résidence surveillée par plusieurs policiers (douze !) en civil. Il est comparé au professeur Frankenstein. Pourquoi ? Il voulait créer un nouvel être artificiel vivant. Il avait utilisé le fameux couteau à ADN appelé CRISPRCas9 découvert par la Française Emmanuelle Charpentier. Pourquoi cette levée de boucliers ?
Il est évident que toutes les cellules du corps de ces deux enfants se sont trouvées modifiées ; y compris celles de la reproduction. Quel sera leur avenir et celui de leurs propres enfants ? Personne ne peut le dire. Actuellement la technique d’Emmanuelle Charpentier n’est pas maîtrisée et il est toujours possible que le fameux ciseau en vienne à modifier d’autres parties du génome en dehors de la cible recherchée. Quels en seront les effets : on ne sait ?

Quoiqu’il en soit, cette réaction est manifestement salubre. Le devoir de prudence est de rigueur. Simple remarque : comment se fait-il que ce type de recherche ne soit pas plus encadré en Chine ? En réalité ce pays mène une série de recherches sur la bêta thalassémie en modifiant le génome d’embryons. Leur but n’est même pas caché ; ils entendent modifier l’être vivant pour qu’il acquière de nouvelles possibilités. Nous retrouvons « l’homme augmenté » des transhumanistes ; avec bien sût le fantasme de l’immortalité. Or il faut avancer dans ce domaine à pas de loup en se méfiant des savants fous… qui veulent faire un être humain nouveau.

Le vers Ceanorhabditis elegans est porteur d’un génome très proche de celui de l’homme. Il ne comporte que 965 cellules. Or en moyenne le corps humain est fait de 100.000 milliards de cellules. Mais il ne faut pas se faire d’illusions : cela n’est pas simple. L’intelligence humaine dépend de multiples facteurs génétiques qui sont inconnus. Le cancer s’adapte en permanence aux substances qui veulent le détruire. Notamment parce qu’en dehors du noyau cellulaire portant les chromosomes, on sait qu’il y a énormément d’ADN qui envoie des messages ; c’est ce qui se nommé l’épigénèse. Il faudra des décennies avant de décrypter l’épigénome alors que le génome est loin d’avoir livré tous ses secrets. Epi en grec signifie « au-dessus ». C’est en effet un code au-dessus du code génétique. Il contrôlerait notamment le vieillissement par des petits organites appelés mitochondries qui se situent hors du noyau cellulaire. Il faudra des décennies avant de comprendre l’épigénèse.

Quand Laurent Alexandre commence ses conférences en disant qu’hier était né l’enfant qui vivra 1.000 ans, il n’y a que les naïfs pour le croire. Les Frankenstein contemporains nous racontent bien des histoires…Le Pr Axel Kahn que l’on ne peut qualifier de bio-conservateur déclarera lui-même que « modifier le génome est insensé ».

Jean-Pierre Dickès

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