Depuis plusieurs mois maintenant, le conflit syrien est entré dans une phase décisive. Les forces gouvernementales de Bachar  ont pris un sérieux avantage  sur les forces rebelles dans plusieurs villes de Syrie, plus particulièrement dans le gouvernorat d’Idlib.

Rappel des accords de Sotchi.

Conclu le 17 septembre 2018, l’accord signé entre les présidents russe Vladimir Poutine et turc Recep Tayyip Erdogan à Sotchi dans le Caucase, prévoyait  la création d’une «zone démilitarisée» à Idlib. L’offensive imminente du dernier bastion rebelle par l’armée syrienne sur Idlib n’avait pas eu lieu. Deux coalitions de groupes armés dominaient et dominent toujours la province d’Idlib qui représentent un total de 60 000 combattants: le Front national de libération, proche de la Turquie et allié des Frères musulmans, et Hayat Tahrir al-Cham (HTS), un groupe djihadiste, issu du Front al-Nusra, ex-branche d’Al-Qaida en Syrie, qui contrôle la ville d’Idlib. Selon les dires du Président Poutine « Nous avons décidé de créer le long de la ligne de contact à partir du 15 octobre de cette année une zone démilitarisée de 15-20 kilomètres de large ». Cette zone était contrôlée par des unités de l’armée turque et de la police militaire russe. Toujours selon Vladimir Poutine, l’accord prévoyait également « le retrait de tous les rebelles à l’esprit radical » et le retrait des armes lourdes de tous les groupes armés d’ici au 10 octobre. Dans la pratique, le « mémorandum » de Sotchi n’a pas été mis en Å“uvre sur le terrain en raison du refus des organisations jihadistes, en particulier du Siège de Libération d’Al-Sham, de se retirer de la zone démilitarisée ou de retirer leurs armes lourdes et moyennes. La trêve se terminera le 6 mai 2019.

Le 6 mai, les armées syrienne et russe lancent une offensive au sud de l’enclave qui permet au Régime de Bachar de reprendre quelques localités. Sous l’égide de l’Organisation des Nations Unies, un cessez-le-feu avait pu être trouvé afin qu’une assistance soit apportée aux populations civiles.

Jeudi 1er août a eu lieu une énième réunion à Astana – capitale du Kazakhstan -, à laquelle ont participé la Russie, la Syrie, la Turquie, l’Iran et des représentants d’organisations rebelles (parrainées par la Turquie). Dans la soirée du 1er août 2019, la Russie, la Turquie et l’Iran ont publié une déclaration commune soulignant la « nécessité d’instaurer une accalmie sur le terrain dans la région d’Idlib, sur la base de la mise en œuvre du mémorandum de Sotchi du 17 septembre 2018 ». Les trois pays ont souligné leur inquiétude face à la présence accrue du Siège de Libération d’Al-Sham dans la région d’Idlib, et ont réaffirmé leur « détermination à coopérer dans le but ultime d’éliminer l’Etat islamique, le front Al-Nusra (le Siège de Libération d’Al-Sham) et d’autres groupes terroristes désignés par le Conseil de sécurité des Nations unies » (Site Internet officiel du ministère des Affaires étrangères du Kazakhstan, 2 août 2019).

La Turquie mise en cause.

Mais le 5 août, la situation a pris une tout autre tournure comme l’a annoncé la chaîne de télévision Ikhbariya[1] : des informations émanant du haut commandement des forces gouvernementales indiquaient que l’armée allait reprendre ses opérations contre les groupes terroristes dans la province d’Idlib. Damas a mis en avant la responsabilité de la Turquie dans ce changement de situation. Selon les autorités syriennes, Ankara a violé les termes de l’accord du cessez-le-feu. « Les groupes terroristes soutenus par la Turquie ont refusé de respecter le cessez-le feu et ont mené plusieurs attaques contre les civils. L’armée va reprendre ses opérations militaires et répliquer aux agressions ».  De plus « le fait que le régime turc continue d’autoriser ses mandataires parmi les organisations terroristes déployées dans la région d’Idlib indique qu’Ankara persiste dans son attitude destructrice et continue à ignorer ses obligations dans le cadre du mémorandum de Sotchi (…) » (SANA[2], 5 août 2019)

Les fulgurantes avancées du Général Souheil al-Hassan, alias le «Tigre».

Sur le terrain, les avancées du Général Souheil al-Hassan vont bon train. Les forces de l’armée syrienne ont réussi le 8 août à libérer les localités d’al-Sakhar et d’al-Jaysat et à se rapprocher de la cité d’al-Habit au sud d’Idlib, cité proche de la plus grande base des terroristes dans le rif nord de Hama. Selon Fars News, l’armée syrienne a poursuivi ce 8 août ses opérations dans le nord de la province de Hama contre les terroristes du Front al-Nosra et a pris le contrôle des localités d’al-Sakhar et d’al-Jaysat à la périphérie de Hama. Ces deux cités sont situées au nord de Hama, à la frontière administrative de la province d’Idlib.

De leur côté, Les États-Unis et la Turquie viennent d’annoncer la création d’une zone tampon faisant fi du droit aux peuples de disposer d’eux-mêmes pourtant inscrit à la Charte des Nations Unies. Sans attendre, les forces syriennes ont réussi à pénétrer dans la banlieue du sud-ouest du gouvernorat d’Idlib après avoir repris le contrôle de la colline stratégique de Tal Sakher. Depuis la reprise de Tal Sakher, l’armée syrienne a sécurisé le secteur oriental de Kafr Naboudeh et a déplacé ses forces vers la ville d’al-Hobeit. Elle attaque actuellement al-Hobeit dans le but d’expulser les derniers terroristes de Jaysh al-Izza de la région. La plupart des terroristes qui se battent contre l’armée sont des étrangers, rameutés par la Turquie et armés par les États-Unis.

« Les terroristes déployés dans ces régions, en majorité appartenant à Jaysh al-Izza et d’origine étrangère, ont essuyé de lourdes pertes  », affirme l’armée syrienne dimanche dernier. Trois chefs de guerre du groupe terroriste Jaych al-Ahrar, autre milice active à Hama et à Idlib, ont été éliminés ce dimanche 11 août. Affilié au groupe terroriste du Front national de libération, soutenu par Ankara, Jaych al-Ahrar a annoncé la mort de ses trois chefs de guerre, les dénommés Abou Misab al-Tunisi, commandant général de Jaych al-Ahrar, Abou Sutif al-Binishi, commandant général des forces spéciales du groupe et Abou Qutadah al-Homsi, commandant de la salle des opérations militaires. Les trois seraient d’origine tunisienne.

Dans le même temps, on apprenait que, «le 11 août, vers 20h10, heure de Moscou [17h10 GMT], les systèmes de défense aérienne de la base aérienne russe de Hmeimim ont détecté six véhicules aériens sans pilote qui approchaient de l’aérodrome depuis le nord-ouest»  explique le communiqué du ministère russe de la Défense, avant de préciser que les six drones avaient été détruits et que la base n’avait subi aucun dommage. Le site de Hmeimim abrite des forces russes depuis le lancement par Moscou du soutien au Président Bachar en Syrie en septembre 2015[3].

Opérations des Forces spéciales russes.

Pour la deuxième fois en une semaine, une opération des forces spéciales russes a été menée derrière des lignes terroristes dans le gouvernorat d’Idlib. Selon une source de l’armée syrienne, les forces spéciales russes se seraient infiltrées derrière les lignes ennemies dans la plaine d’al-Ghaab, où elles auraient ensuite pris en embuscade le groupe Hurras al-Deen, lié à al-Qaïda. L’opération spéciale a causé la mort d’au moins cinq membres des Hurras al-Deen. Avant cette attaque, une opération similaire a été menée contre Suqour al-Sham, dans le sud de la région d’Idlib.

Vers la victoire…

Si la poche d’Idlib demeure le dernier bastion des forces rebelles et dont le gouvernement syrien souhaite au plus vite se débarrasser légitimement, elle n’en reste pas moins  l’objet de toutes les pressions que le camp atlantiste se réserve d’exercer – sans aucun mandat légal mais avec tout l’attirail d’organisations soumises à ses causes – aux bonnes fins de leurs intentions suprémacistes. Qu’on ne s’y trompe pas, les coalisés imbus de leurs « éternelles » références aux Droits des Peuples comme à la Liberté jouent un jeu où elles risquent gros au point d’être définitivement exclus du théâtre syrien. Encore une fois, ce conflit révèle, à qui veut bien le comprendre, le marché de dupe qui mène ce monde. Oui la victoire d’Idlib sera la victoire d’un peuple souverain au grand dam du mondialisme.

C.Mihaïlovitch Tripetzky

[1] Syrian News Channel, également connue sous le nom de Alikhbaria Syria ou Al-Ikhbariyah Syria, est une chaîne de télévision publique basée à Damas, en Syrie

[2] Agence de Presse Officielle Syrienne

[3] RT du 11 08 2019

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