Matteo Salvini, celui par qui le scandale arrive, non pas aux yeux des « païens », mais à ceux des prélats et des chiens de garde de la société vermoulue.

Le samedi 18 mai à l’occasion d’une réunion électorale à Milan à la veille des élections européennes, Matteo a pris une nouvelle fois le chapelet qui lui avait été donné (1) et il a déclaré : « Je confie ma vie et la vôtre au Cœur immaculé de Marie qui, j’en suis sûr, nous portera à la victoire », et victoire il y a eu ! (2)

Tout de suite, la presse soi-disant « catholique » a réagi en déclarant ce geste « scandaleux » (l’hebdomadaire Famiglia Cristiana), fustigeant cet acte « d’instrumentalisation du chapelet pour défendre ses idées » (l’Avvenire), déclarant ces paroles « inacceptables » (le prêtre M. Biancalani dans Il Giornale), lequel prétend « excommunier » Salvini et le stigmatise en disant que l’action du Ministre est « en contraste avec l’Evangile, la Vierge Marie et les enseignements de l’Eglise Catholique ».

Si cette action est « en contraste », c’est surtout avec la « nouvelle église », son interprétation spécieuse de l’Ecriture, ses paroles et ses actes, à l’instar de son porte-parole le secrétaire d’Etat du Saint-Siège Pietro Parolin qui s’est ému de « l’abus des symboles religieux » et opiné benoîtement qu’« invoquer Dieu pour soi-même est souvent dangereux » (3).

Heureusement, il se trouve encore en Italie des journalistes qui osent écrire : « Pauvre Eglise: oui à Allah, non à la vierge Marie ».
Telle est la dramatique situation des catholiques et des représentants de l’Eglise que l’on a peine à dire « catholique » aujourd’hui, puisqu’elle préfère tenir le discours laïciste de ses ennemis jurés et cachés qui l’ont domestiquée (le jésuite Antonio Spadaro a écrit dans Civilta cattolica : « maintenant César défie et brandit ce qui appartient à Dieu ») plutôt que le principe catholique de la non séparation du temporel et du spirituel.

Avant ces mêmes élections européennes, Matteo Salvini avait quant à lui rappelé qui sont les « saints patrons » de l’Europe, citant Benoît de Nursie, Brigitte de Suède, Catherine de Sienne, Cyrille et Méthode, Thérèse-Bénédicte de la Croix (Edith Stein, philosophe Allemande d’origine juive, convertie au catholicisme et morte à Auschwitz en 1942), non les saints patrons de l’union libérale et mondialiste qui ont pour pères Robert Schuman, Alcide de Gasperi ou J. Monnet.

Le lendemain de sa victoire aux européennes, lors d’une émission télévisé à la RAI, un journaliste a demandé à Salvini, comment il pouvait concilier sa politique de l’immigration et son adhésion au Pape qui a dit que « les derniers seraient les premiers » (parole évangélique) pour désigner les migrants.

En réponse Salvini a rappelé qu’en effet « les derniers seraient les premiers… Italiani », rappelant un principe de morale politique que le faux bon sens des “chariteux” de l’église en trompe-l’œil ont enterré avec toute la saine doctrine.

Ce principe repose sur la différence essentielle entre la morale individuelle et la morale politique : le commandement de la morale personnelle veut que l’on n’abandonne pas un homme dans la détresse, à la manière du bon Samaritain ; mais il n’a jamais été dit dans l’Evangile, qu’il faut accueillir les migrants en masse au détriment d’une autre charité adressée à une autre « personne morale » qu’est la nation. Celle-ci consiste à répondre aux besoins spécifiques du corps social, réalité sui generis, et en l’occurrence grand corps malade de sociétés nationales décomposées et rongées par le cancer d’un humanitarisme idéologique qui vise d’autres fins que le bien des immigrés ou le bien commun. Quand ces bien-pensants de la sentimentalité politique se réveilleront-ils pour songer réellement aux immigrés et aux peuples oppressés par cette même politique criminelle de déracinement des populations ?

A Parolin numéro deux du Vatican qui doucereusement lui rappelle qu’« ignorer notre voisin est le premier pas pour éteindre la charité qui est en nous », Matteo Salvini a également répondu : « Tout doit être mis en œuvre pour que tous les hommes puissent rester dans le pays où ils sont nés ».
C’est ce principe de charité politique qu’il faut rappeler aux bien-pensants : « Dans mon Italie, dit Salvini, l’immigration a des règles, des nombres et des limites. Comme aux États-Unis et au Canada. Selon vous, l’Évangile dit d’accueillir quiconque ? Avec 5 millions d’Italiens sous le seuil de pauvreté, « mon prochain » est à Milan, Naples, Turin, Rome… » (4).

“L’Eglise”, les “catholiques d’étiquette” se scandalisent, mais de quoi ? Il vaudrait mieux qu’ils réapprennent leur catéchisme et leur doctrine, ils comprendraient qu’il n’y a ni « contraste » ni « contradiction » à défendre une société chrétienne agonisante en passe de disparaître.

Mgr Gian Carlo Perego, archevêque de Ferrara, connu comme « l’évêque des réfugiés a été outré que Salvini ait eu l’audace de brandir un Évangile et un Rosaire : « Ici nous nous trouvons devant un leader qui de manière contradictoire se présente avec un Évangile et un chapelet et de l’autre côté prêche le non-accueil et le refus de l’autre » (au journal gauchiste italien La Republicca).

Les scandaleux ce sont eux, catholiques, journalistes et évêques dont l’ignorance coupable est complice d’une idéologie qui les entretient complaisamment dans leur confort si précaire puisque une partie de ceux qu’ils prétendent défendre épauleront peut-être ceux qui les égorgeront bientôt. Les scandaleux, ce sont tous ceux qui ne reçoivent les immigrés que le temps d’apaiser leur fausse bonne conscience morale, ceux qui n’ont pas « la charité de la vérité » pour reprendre le titre d’un opuscule de Guérard des Lauriers (5).

Salvini est-il sincère ? On a rappelé qu’il était d’un parti dont l’ex chef de file, Umberto Bossi et ses membres sont des païens d’extrême droite capables d’une haine viscérale du Christ et de la chrétienté. On rapporte aussi qu’il n’a pas refusé de discuter avec des membres du LGBT, donnant par là une caution qui révélerait un éclectisme douteux.

Peut-être ne faut-il pas demander à Salvini d’être plus papiste que le pape, puisque François accueille des homosexuels aux Vatican et qu’il ne rejette pas de recevoir le mercredi des cendres au Vatican une chanteuse (parmi d’autres) qui a déclaré avoir fait un pacte avec le démon. Mais justement, ce qui étonne et questionne c’est que Salvini dise tant de bien de François, bien qu’il ait décidé de soutenir le combat catholique pour la famille et contre les unions homosexuelles et la théorie du genre (sujets sur lesquels les évêques ne se montrent pas d’une virulence extrême).

Tout de même cette renommée médiatique et cet enthousiasme que suscite Matteo, jointe à cette admiration affichée de François – lequel apparaît comme le chef de l’église mondiale des religions – ne dénotent-ils pas chez lui le politique casuiste ou bien une lucidité en demi-teinte ? N’est-il qu’un fin limier de la politique, assez habile pour prendre la vague médiatique « François » et parvenir à ses fins ou bien est-il lui aussi un peu berné par les jeux du désirs politico-médiatique ?

Que penser de cette stratégie politique qui semble faire de l’entrisme en République, ménageant la chèvre (la république maçonnique) prête à dévorer le chou (les “catholiques” mous complices et la canaille) et le chou – il est vrai bien content de se laisser manger -, mais qui pourraient bien vite retourner son talon contre lui ?
En effet, on ne joue pas impunément avec la règle du jeu républicain et avec le principe démocratique qui impose la loi du nombre et des intérêts ; on ne se sert que difficilement de l’instrument des médias de l’establishment, sans devoir payer son obole morale et y laisser un bout de son âme.

Comme Poutine ou les chefs d’Etats membres du groupe de Visegrad (6), Salvini a semble-t-il pris la vague de ce qu’il reste de « bon sens » (au meilleur sens, sens philosophique du mot : la raison droite, pas le sens « moyen  ou « mesquin ») redonnant un peu de son honneur à l’Italie et à l’Europe et c’est aussi de ce sursaut qu’il faut espérer pour de stopper la machine à « décatholiciser » (Emile Combes), à « organiser la société sans Dieu » (J. Ferry), machine à tuer la vraie civilisation.

Le Lien d’En-Haut
Pour l’heure le programme légitime de Matteo est clair franc, c’est celui que nous pourrions attendre d’un Salvini Français : dire non à l’Europe du déracinement, par des moyens concrets (7), et rappeler que le lien social est aussi un Lien « d’en haut ».

Jusqu’où va ou ira le « bon sens » actuel des italiens et de Salvini ? Dit-il ou dira-t-il son chapelet ? On reconnaîtra l’arbre de Matteo à ses fruits, mais ne doutons pas que la Vierge invoquée donnera la victoire comme elle a l’a déjà donnée à Belgrade, à Varsovie, à Vienne ou à Rome.

(1)  « Un abbé me l’a offert, fait par une femme qui combat dans la rue, et je ne le laisse plus. »

(2)  Lors du scrutin européen (26 mai), son parti, La Lega, a obtenu 34,3 % des suffrages, score deux fois plus élevé que celui de son partenaire au Gouvernement, le mouvement cinq étoiles (M5S) qui obtient 17 %. Il quintuple son résultat des européennes de 2014. La Lega reste toutefois en retrait de deux points du Parti démocratique (PD) de centre gauche.

(3)  https://fsspx.news/fr/news-events/news/le-chapelet-de-la-discorde-48102

(4) Francesca de Villasmundo, https://medias-presse.info/italie-salvini-avec-rosaire-et-evangile-aux-eveque-pro-migrants-levangile-ne-dit-pas-quil-faut-accueillir-tout-le-monde/88058/

(5) « Le chapelet de Matteo Salvini provoque la colère de l’Église italienne », in

https://www.la-croix.com/Religion/Catholicisme/Pape/Le-chapelet-Matteo-Salvini-provoque-colere-lEglise-italienne-2019-05-20-1201023165

(6) Hongrie, Pologne, Slovaquie, République tchèque, les quatre pays qui refusent les oukases de la politique immigrationniste, malthusienne et suicidaire de l’Union européenne.

(7) « Notre politique de solidarité basée sur le mérite a fait baisser le nombre de noyés au fond de la mer Méditerranée. Nous sauvons des vies »,  a déclaré Salvini. Outre l’effort pour faire cesser les migrations irrégulières, Salvini s’est aussi attaqué au cannabis et au corset fiscal : il propose une « flat tax » à 15 % pour libérer les entreprises ainsi que l’autonomie fiscale des régions.

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