Renaud Meltz est professeur d’histoire contemporaine à l’université de Haute-Alsace. Il vient de publier une épaisse biographie de Pierre Laval (1883-1945) afin de tenter d’en comprendre la complexité et le mystère.
Car Pierre Laval a eu plusieurs vies, si l’on peut dire. Pierre Laval, l’avocat d’extrême gauche. Pierre Laval, le syndicaliste révolutionnaire. Pierre Laval, le politicien socialiste. Pierre Laval, l’ami de Clémenceau. Pierre Laval, le politicien de droite. Pierre Laval, le pacifiste. Pierre Laval, le jeune président du Conseil, en 1931, désigné “homme de l’année” par le Time Magazine. Pierre Laval, le pacifiste qui fait tomber le gouvernement Daladier au profit du “belliciste” Reynaud. Pierre Laval, le vice-président du Conseil du Maréchal Pétain. Pierre Laval, le germanophile. Pierre Laval, le collabo qui moque la Révolution nationale, hostile à ses théoriciens. Pierre Laval, le protecteur des francs-maçons. Pierre Laval, l’homme de l’Allemagne contre le Maréchal Pétain. Pierre Laval, l’épuré qui tente de se suicider et est réanimé afin d’être fusillé. Pierre Laval, qui, avant d’être conduit devant le peloton d’exécution, demande pardon à Dieu pour les fautes commises et reçoit l’absolution.
Ce livre nous invite à examiner cette trajectoire étonnante de Pierre Laval. Une vie dont l’organisation en compartiments étanches explique la difficulté à saisir le personnage dans son entier, selon les mots de Pierre Tissier, ancien directeur du cabinet de Laval.
Pierre Laval, Renaud Meltz, éditions Perrin, 1248 pages, 35 euros
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