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Accord Chine-Vatican : le pape évite de rencontrer Mike Pompeo

Le pape François ne rencontrera  pas  le secrétaire d’État américain Mike Pompeo, actuellement à Rome. La nouvelle de l’absence de rencontre entre les deux autorités pourrait être la conséquence des positions géopolitiques opposées au sujet de la Chine et de l’accord renouvelé entre le Saint-Siège et le régime communiste de Pékin.

Le Vatican a fait savoir que le Pape François n’a pas l’habitude de s’exposer à proximité des élections, recevant des personnalités d’un certain calibre. Et Mike Pompeo sera forcément l’un des protagonistes du virage pour le renouvellement du mandat présidentiel à la Maison Blanche. Les Américains s’exprimeront dans la seconde quinzaine de novembre. Un rendez-vous trop proche, selon les coutumes de l’évêque de Rome,

Mais une autre raison de la rencontre manquée pourrait être les déclarations, la semaine dernière, de Mike Pompeo demandant au Vatican d’éviter de renouveler cet accord avec la République populaire de Chine. Il s’agit de ce pacte, jamais publié dans son contenu, qui permet au Saint-Père de nommer de nouveaux évêques et d’établir de nouveaux diocèses sur le territoire du « dragon ». Les conservateurs  sont contre, car ils pensent que le Saint-Siège a essentiellement succombé aux demandes de Xi Jinping et de ses partisans. Mais ils soutiennent également qu’en Chine, depuis la signature de cet accord, les choses ne se sont pas du tout améliorées pour les catholiques. Dans tous les cas, les parties s’étaient donné deux ans pour vérifier la validité de l’accord, mais la pandémie de Covid-19 a considérablement empêché la Chine et le Vatican de vérifier si et comment les parties de l’accord ont été mises en place et ont fonctionné. Le Pape,  -et cela est connu indépendamment de la non-publication des objets de l’accord-, a été reconnu comme une autorité religieuse légitime par le gouvernement de Pékin. De son côté, Jorge Maria Bergoglio, peu de temps avant le déclenchement de la pandémie, avait exprimé le désir de se rendre en Chine : ce serait la première fois pour un pape. Un voyage que l’ancien archevêque de Buenos Aires, ne devrait pas faire d’ici 2021 à cause de la crise sanitaire.

Au lieu de la rencontre avec le pontife argentin, comme l’a confirmé l’Agence Nova, il y aura une réunion entre le secrétaire d’État Mike Pompeo et le ‘ministre des Affaires étrangères’ du Saint-Siège, c’est-à-dire le secrétaire d’État, le cardinal Pietro Parolin, qui est le véritable théoricien de cet accord diplomatique. Il aura donc l’occasion de clarifier les raisons de l’accord stipulé par le Vatican avec son homologue américain. Mike Pompeo, lorsqu’il a exprimé sa ferme opposition au renouvellement de l’accord, a accusé le Vatican d’être sur le point de perdre « l’autorité morale ». Une position qui a fait la Une de bien des médias internationaux. Mais à Rome, il n’y a pas que Pompeo. 

« Ces jours-ci, note un quotidien italien, Il Giornale, Mgr Zen, ancien archevêque de Hong Kong, est également arrivé. Mgr Zen, parmi les ecclésiastiques conservateurs, est celui qui s’est exprimé de la manière la plus scandalisée à propos du pacte entre la Chine et le Vatican. D’après ce que nous apprennent des sources imputables au « front conservateur », il semble que le pape François ait décliné la demande de Mgr Zen, qui aurait aimé rencontrer le pontife argentin pour parler de ses relations avec Pékin. Or l’évêque chinois serait venu à Rome précisément pour demander au pontife d’être reçu. »

Ce sont donc des heures chaudes pour les bureaux diplomatiques du Vatican, qui pour leur part continuent de revendiquer l’historicité des résultats obtenus grâce à l’accord de deux ans. Le sentiment est qu’ils sont sur le point de procéder à une sorte de renouvellement tacite. La direction prise par Jorge Maria Bergoglio et Parolin ne subira aucun changement ni de rythme ou ni de position. Et le fait que le pape François n’ait pas voulu ou ne puisse pas rencontrer Pompeo montrent que les relations entre Donald Trump et l’autorité suprême au Vatican ne sont pas cordiales.

Francesca de Villasmundo

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