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Alors que le siège de Pierre est occupé par des antichrists…Sermon prononcé le 27 octobre 2019 pour la fête du Christ-Roi

Voici le sermon d’un fils fidèle de Mgr Marcel Lefebvre prononcé le 27 octobre 2019 pour la fête du Christ-Roi.

Depuis la chapelle de Cannes, qui dépend du prieuré de Nice où il est en poste, l’abbé Patrick de La Rocque fustige les « abominations qui se déroulent au sein même du Vatican » et prend à témoin le fondateur de la Fraternité Saint-Pie X qui écrivait le 29 août 1987 à quatre prêtres de la dite Fraternité pour leur demander d’accepter l’épiscopat : « Alors que le siège de Pierre est occupé par des antichrists… ». Que dirait-il aujourd’hui ?

Merci au fidèle qui nous a envoyé cette magnifique et surnaturelle exhortation que MPI se fait une joie de  retranscrire et de proposer à ses lecteurs  avec reconnaissance et espérance. (Les surlignages sont de notre fait).

« En cette magnifique fête du Christ-Roi, venons renouveler notre allégeance d’amour et d’obéissance à Jésus-Christ, qui véritablement est notre Seigneur. Seigneur, Il l’est à notre endroit, et ce à double titre.

Il l’est tout d’abord, parce qu’il est Dieu. Il est le Verbe incarné, ce Verbe par lequel tout à été fait (Jn 1, 3). « C’est, dit saint Paul aujourd’hui, par lui que toutes choses ont été créées dans le Ciel et sur la terre, les visibles et les invisibles » (Col 1, 16). A son humanité donc, indissolublement unie au Verbe divin de par l’union hypostatique, « appartient [aussi] l’empire ; il domine sur toutes les nations » (Ps 22, 29). Sa Providence s’étend sur toutes nos actions, « c’est en lui qui nous avons le mouvement, la vie et l’être » (Ac 17, 28). Comme le dit encore saint Paul dans l’épître, « toutes choses subsistent en lui » (Col 1, 17). Alors, venons reconnaître en Jésus-Christ notre Dieu, notre Seigneur ; venez, adorons-le en son Incarnation. Redisons-lui, après Isaïe : « Vous êtes Yahvé, sans égal, le premier et le dernier ; Vous excepté, il n’y a pas de dieux » (cf. Is 44, 6).

Roi par naissance donc, le Christ l’est encore par conquête. Nous ayant assumé en son sacrifice rédempteur, Il nous a racheté au prix de son sang. Nous lui appartenons donc ! et pourquoi nous a-t-il racheté ? Pour notre salut, pour nous réconcilier avec Dieu par la Croix (Ep 2, 16). C’est lui qui est notre paix (Ep 2, 14), c’est « par lui [que] nous avons accès auprès du Père » (Ep 2, 18). Les mots de l’épître sont des plus clairs : « Il est la tête du Corps qui est l’Église, lui qui est le principe, le premier-né d’entre les morts, afin qu’en toutes choses il tienne, lui, la première place » (Col 1, 18).

Venons donc renouveler aujourd’hui cette double allégeance d’amour, et faisons-le d’autant plus que cette même royauté du Christ est aujourd’hui bafouée par ceux-là même qui devraient la défendre et la promouvoir, à savoir les plus hautes autorités de l’Église.

Comme moi, vous les avez vus détrôner Notre Seigneur Jésus-Christ jusque dans l’enceinte du Vatican, pour y rendre un culte à une déesse païenne, la Pachamama, supposée être la déesse de la vie, incarnant une supposée terre-mère. Qu’ont-ils fait du premier commandement ? « Vous n’irez point après d’autres dieux, d’entre les dieux des peuples qui seront autour de vous » (Dt 6, 14) ! Pour moi, je ne connais ni ne reconnais aucune déesse de la vie. Je ne vénère que Notre Seigneur Jésus-Christ, qui a dit : « Je suis la voie, la vérité, la vie » (Jn 14, 6). Oui, vraiment, in ipso vita erat (Jn 1, 4), car « le Père a la vie en lui-même, et il a donné au Fils d’avoir la vie en lui-même » (Jn 5, 26). Voici le seul principe de vie que j’adore, loin de toute terre qu’on appellerait mère : loin d’être ma mère, la terre sera mon tombeau. Comme tous les dieux des nations, la Pachamama n’est qu’un démon (Ps 95, 5). Voir le pape lui-même accueillir ces rites démoniaques au Vatican et y assister pieusement est quelque chose de terrible ! Il détrône Notre Seigneur Jésus-Christ, pour y mettre à la place une statuette de déesse qui, comme le dit le psaume 113, « elle a une bouche et ne parle point, des yeux et ne voit pas, des oreilles et n’entend pas. » Et ce psaume d’ajouter : « Qu’il lui ressemble, celui qui se confie à elle ! » (Ps 113, 5 et 8) : parole terrible ! Le livre du Deutéronome n’avait pas dit autre chose : « Si, oubliant Yahvé ton Dieu, il t’arrive d’aller après d’autres dieux, de les servir et de te prosterner devant eux, j’atteste aujourd’hui contre vous que vous périrez certainement » (Dt 8, 19).

Que de telles abominations se déroulent au sein même du Vatican, en présence de son premier représentant, cela vous scandalise évidemment.

En 1987, alors qu’il écrivait à quatre prêtres de la Fraternité Saint-Pie X pour leur demander d’accepter l’épiscopat, Mgr Lefebvre commençait ainsi sa lettre : « Alors que le siège de Pierre est occupé par des antichrists… » ; que dirait-il aujourd’hui ! Notre fondateur ne faisait en cela que reprendre la 1ère épitre de saint Jean : « quiconque dissout – solvit – Notre Seigneur Jésus-Christ, c’est lui l’antéchrist ». Oui, passer au second plan Notre Seigneur Jésus-Christ, le relativiser, en faire le serviteur d’une idéologie autre, c’est agir en antéchrist. Un auteur russe mort en 1900, Soloviev, quoique orthodoxe, a eu des réflexions intéressantes sur ce thème. A ses dires, l’antéchrist, qui croirait au bien et même en Dieu, se caractériserait par trois points : il serait pacifiste, écologiste et œcuméniste ! A plus d’un siècle de distance, on croirait ces lignes prophétiques !

Alors bien sûr, voir où en est arrivé le pape vous scandalise. Peut-être même certains en viennent-ils à s’interroger : un tel profanateur, un tel destructeur des plus beaux trésors de l’Église ne peut pas être pape ! Je vous répondrai que la question n’est pas là : lorsqu’il y a un infanticide, on aimerait que le meurtrier ne soit pas le père de famille ! Mais les faits sont là, et c’est bien le père de famille qui a tué son enfant. Il est père, et cela ne fait qu’aggraver son crime. Ainsi le pape est pape, et cela ne fait qu’aggraver l’injure faite à Notre Seigneur Jésus-Christ. C’est d’abord cela qu’il faut voir, l’outrage fait à notre divin Roi.

Ils ont bafoué la royauté de naissance de Notre Seigneur Jésus-Christ et, en ce même synode, ils profanent sa royauté de conquête. Voulant introduire l’ordination sacerdotale d’hommes mariés – suite logique de l’introduction des diacres mariés à Vatican II –, voulant même pourquoi pas conférer le diaconat à des femmes, ils profanent le grand mystère de l’union du Christ et de l’Église que Notre Seigneur a mérité sur la Croix. Ils profanent donc sa Rédemption, sa royauté de conquête.

Comprenons-le : il y a un instant, saint Paul, pour décrire la royauté de conquête du Christ, décrivait l’Église à l’aide de l’image de la tête et du corps : le Christ est la tête de son corps qui est l’Église. Mais comme toute image est par nature imparfaite, saint Paul en ajoute une autre : le Christ est comme l’Époux pour son Église, qui est l’épouse. Or qu’est-ce que le prêtre ? Pourquoi sa chasteté parfaite ? Le prêtre, à la messe incarne en quelque sorte l’unité du Christ et de l’Église. En lui cette union se réalise, lorsqu’il communie. Car le prêtre ne communie pas à la messe comme un quelconque fidèle. Il y est ministre de l’Église, il la représente tout entière. En lui s’unit donc effectivement le Christ et toute l’Église, et c’est là la raison fondamentale de la chasteté du prêtre : il est porteur de l’union du Christ et de l’Église. Vivant cette réalité extraordinaire, il ne peut plus vivre ce qui n’en est que la pâle image, à savoir le mariage (cf. Ep 5, 32). En effet, devant la réalité, la figure disparait. C’est donc jusque dans sa chair que le prêtre doit témoigner de cette union du Christ et de l’Église ; dans sa chair, par la chasteté parfaite.

Oh, vous me direz peut-être qu’en Orient, on ordonne déjà des hommes mariés. Mais il faut voir d’où vient cette coutume ; elle ne vient pas de l’Église, mais des pouvoirs civils qui, lors du concile dit in Trullo, ont imposé cela en 691 – et encore, ces hommes mariés ainsi ordonnés s’engageaient à ne plus jamais user du mariage, chose bien laissée de côté par les pères du présent synode ! Malgré cette restriction, une telle permission n’était pas l’esprit de l’Église. Mais celle-ci, qui déjà craignait fortement le schisme d’Orient, n’eut d’autre choix que de tolérer cela. Il suffit d’ailleurs d’aller au Moyen-Orient pour voir combien ces prêtres ne vivent pas leur sacerdoce en vérité. Dès les premières difficultés – et elles sont nombreuses ces dernières années – ils abandonnent leur troupeau pour protéger leur épouse, leurs enfants. Leur épouse n’est plus la portion de l’Église qui leur a été confiée, mais celle qu’ils ont choisi selon la chair. Ils ne vivent pas en bons pasteurs, mais en mercenaires (Jn 10, 12-13) … Je vous dis simplement ce que j’ai vu là-bas.

Et aujourd’hui, c’est le pape lui-même qui veut abolir le célibat ecclésiastique, cette chasteté parfaite qui témoigne de l’union du Christ et de l’Église ! Ce serait comme dénaturer l’Église : ce n’est pas seulement une question disciplinaire qui est en jeu, mais bien l’incarnation vivante de l’union du Christ et de l’Église, à travers le prêtre.

Voilà les enjeux de ce qui s’est déroulé ces derniers jours. Si tout cela est dramatique, il ne faut pas pour autant en rester au seul niveau de l’indignation. Ce serait rester replié sur soi, au risque de pécher, que ce soit par découragement, par aigreur, voire par perte de foi en l’indéfectibilité de l’Église. Plus que jamais, il importe de ne pas rester replié sur soi, en mesurant ce que de tels actes provoquent en nous. Pour trouver la saine réaction devant ces scandales, il importe d’être oublieux de soi-même pour s’élever plus haut, et considérer ces évènements à l’aune du Christ Roi. On saisit alors toute la gravité de l’outrage dont il est victime aujourd’hui. La réaction fondamentale doit donc de lui adresser tous nos hommages ! Voulons-nous consoler notre Roi, porter sa bannière, réparer ces blasphèmes contre le Christ et son Église ? Laissons-le régner toujours plus en nous, dans notre vie, nos décisions, nos amours. Laissons-le régner sur nos familles, par une vie familiale profondément chrétienne. Laissons sa charité et sa vérité, principes fondamentaux de son royaume, régir nos rapports avec les autres. En un mot, que les ténèbres vous invitent à être toujours plus lumière ! C’est ainsi que vous professerez en vérité le Christ Roi, et serez ces hérauts sur cette terre.

Ainsi-soit-il

Abbé Patrick de La Rocque, prêtre de la FSSPX, prieur de Nice »

Christian LASSALE

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