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Amoris Laetitia : nouvelle lettre au pape concernant les dubia

C’est Sandro Magister  qui l’annonce sur son blog : le pape a reçu le 6 mai dernier un nouveau courrier à propos des Dubia concernant Amoris Laetitia. Il est signé par le cardinal Caffara au nom des trois autres, Walter Brandmüller, Raymond L. Burke et Joachim Meisner. Le journaliste affirme que cette lettre n’a pas eu de réponse comme la précédente. Et que l’audience demandée n’a pas été accordée.

Dans leurs dubia les cardinaux posaient 5 questions claires au pape qui demandaient une réponse par oui ou non. A ce jour le Vatican n’a répondu à aucune d’entre elles. Sur son blog, la journaliste Jeanne Smits les résume très bien :

« 1. Les personnes vivant dans un état d’adultère habituel peuvent-elles recevoir la sainte communion ? 

2. Existe-t-il des normes morales absolues qu’il faut respecter « sans exception » ? 

3. Est-il encore possible d’affirmer qu’une personne qui vit habituellement en contradiction avec un commandement de la loi de Dieu, comme par exemple celui qui interdit l’adultère (cf. Mt 19, 3-9), se trouve dans une situation objective de péché grave habituel ? 

4. Un acte intrinsèquement mauvais peut-il devenir  un acte « subjectivement bon » en raison des « circonstances » ou des « intentions » ? 

5.  Peut-on agir de manière contraire aux « normes morales absolues » connues «  qui interdisent des actes intrinsèquement mauvais » en se fondant sur la « conscience » ? »

En attendant des réponses qui ne viennent pas aux question légitimes de ces quatre cardinaux, les interprétations d’Amoris laetitia les plus libérales et laxistes possibles continuent à se multiplier dans les diocèses pour le plus grand malheur des âmes !

Ci-dessous la traduction de la lettre des quatre cardinaux :

« Très Saint-Père,
C’est avec une certaine appréhension que je m’adresse à votre sainteté, pendant cette période du temps pascal. Je le fais au nom des très éminents cardinaux, Walter Bandmüller, Raymond L. Burke, Joachim Meisner, et en mon nom propre.

Nous voulons tout d’abord renouveler notre dévouement absolu et notre amour inconditionnel pour la Chaire de Pierre et pour votre auguste personne, en laquelle nous reconnaissons le successeur de Pierre et le vicaire de Jésus : le « Doux Christ en terre », comme aimait dire sainte Catherine. Nous ne partageons en rien la position de ceux qui considèrent le siège de Pierre vacant, ni celle des personnes qui veulent attribuer aussi à d’autres la responsabilité indivisible du « munus » pétrinien. Nous sommes mus seulement par la conscience de la grave responsabilité que détermine le « munus » des cardinaux : être des conseillers du successeur de Pierre en son ministère souverain. Et du sacrement de l’épiscopat, qui nous a « établis évêques, pour gouverner l’église de Dieu, qu’Il a acquise par son sang ».

Le 19 septembre 2016, nous avons remis à Votre Sainteté et à la Congrégation pour la Doctrine de la foi cinq dubia, vous demandant de résoudre des incertitudes et de clarifier certains points de l’exhortation apostolique post-synodale, Amoris laetitia.

N’ayant reçu aucune réponse de Votre Sainteté, nous avons pris la décision de vous demander, respectueusement et humblement, de nous accorder une audience, ensemble si Votre Sainteté le désirait ainsi. Nous joignons, comme c’est l’usage, une feuille d’audience dans laquelle nous exposons les deux points dont nous voudrions nous entretenir avec vous.

Très Saint-Père,

Amoris laetitia a été publiée il y a un an désormais. Pendant ce laps de temps, ont été publiquement données des interprétations de certains passages objectivement ambigus de l’Exhortation post-synodale, qui ne sont pas divergents par rapport au magistère permanent de l’Église mais qui lui sont contraires. Malgré le fait que le Préfet de la Doctrine de la foi ait déclaré de manière répétée que la doctrine de l’Église n’a pas changé, de nombreuses déclarations sont parues, de la part d’évêques, de cardinaux et même de conférences épiscopales, approuvant ce que le magistère de l’Église n’a jamais approuvé. Il ne s’agit pas seulement de l’accès à la Sainte Eucharistie pour ceux qui vivent objectivement et publiquement dans un état de péché grave, et qui ont l’intention d’y demeurer, mais aussi d’une conception de la conscience morale qui est contraire à la tradition de l’Église. Et donc il advient –  combien il est douloureux de le constater ! –  que ce qui est péché en Pologne est bien en Allemagne, que ce qui est interdit dans l’archidiocèse de Philadelphie est licite à Malte. Et ainsi de suite. Il nous vient à l’epsrit l’amère constatation de B. Pascal : «Vérité au-deçà des Pyrénées, erreur au-delà; justice sur la rive gauche du fleuve, injustice sur la rive droite. »

De nombreux laïcs compétents, profondément attachés à l’Église et indéfectiblement loyaux envers le Siège Apostolique, se sont tournés vers leurs pasteurs et vers Votre Sainteté afin d’être confirmés dans la sainte doctrine par rapport aux trois sacrements de mariage, de  confession et d’Eucharistie. Ces jours-ci, à Rome, six laïcs, provenant de chaque continent, ont organisé un séminaire d’études qui fut plutôt fréquenté intitulé significativement : « Clarifier. »
Face à cette grave situation, qui provoque des divisions au sein de nombreuses communautés chrétiennes, nous ressentons le poids de notre responsabilité, et notre conscience nous oblige à demander humblement et respectueusement une audience.

Que Votre Sainteté se souvienne de nous dans ses prières, de même que nous l’assurons des nôtres. Et qu’Elle veuille bien nous donner sa bénédiction apostolique.

Carlo Card. Caffarra, Rome, 25 avril 2017
 en la Fête de Saint Marc l’Évangéliste

Feuille d’audience

1. Requête en vue de la clarification des cinq points mis en évidence par les dubia ; raisons de cette requête.

2.  Situation de confusion et de désorientation, spécialement parmi les pasteurs des âmes,  à commencer par les curés de paroisse. » (Traduction de Francesca de Villasmundo)

Francesca de Villasmundo

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