Site icon medias-presse.info

Bastille : quand des zélus (ou plutôt des zéros) font réécrire l’Histoire…

Tout le monde connaît les bourdes oratoires des sénateurs et des députés (surtout des députés d’ailleurs) pris par leur élan rhétorique lors de discours, supposés impérissables, aux références historiques biaisées parfois hilarantes…

Le père Fenouillard, héros de Christophe1, l’un des pères bien oublié de la bande dessinée, enseignait doctement à ses deux filles Artémise et Cunégonde, que « Jeanne d’Arc avait été brûlée sur le rocher de Sainte Hélène »…

Christophe jouait innocemment sur le comique de propos et de situation…

Mais certains, à la même époque, apôtres d’idéologies plus ou moins perverses, de gôche bien entendu, ont compris tout le parti qui pouvait être tiré de la déformation des faits historiques en vue du formatage mental des masses par les fameux hussards noirs de la république.

Cent trente ans plus tard, le comique bon enfant de Christophe est bien oublié, mais le formatage idéologique, lui, règne toujours en maître et d’une façon d’autant plus pernicieuse qu’il se manifeste là où ne l’attend pas forcément, et apparemment de façon fort durable !

Tel est le cas de cette invraisemblable plaque commémorative placée sur un mur d’enceinte du parc de la mairie de la petite commune de Catus, proche de Cahors, dans le Lot….

« La bastille prison forteresse du despotisme

où l’on enfermait sans jugement les défenseurs du peuple »

On en reste pantois !

Certes, la bastille reste associée dans l’imagerie populaire, soigneusement construite par les historiens de la république, à l’incarcération consécutive aux lettres de cachet signées par le roi…

C’est effectivement une manifestation de l’absolutisme du pouvoir royal qui n’a jamais existé qu’en termes de Justice, tout comme, à l’inverse le droit de grâce….

On pourrait gloser à l’infini sur l’enfermement à la Bastille Saint Antoine, mais une chose est sûre les « défenseurs du peuple » n’y furent pas légion, c’est le moins qu’on puisse dire !

https://fr.wikipedia.org/wiki/Bastille#Détenus_célèbres

Les détenus, la plupart des trublions mondains, s’y trouvaient la plupart du temps incarcérés moins de deux ans et y menaient une existence étonnante pour un régime carcéral, tel que nous le concevons de nos jours (visites, mobilier personnel, repas fins venus de l’extérieur, etc …)

Lors de la prise de la bastille il s’y trouvait sept détenus :

(A leur libération Tavernier et Malleville furent d’ailleurs aussitôt enfermés en asile psychiatrique par les autorités révolutionnaires!)

Bref, tous d’ardents « défenseurs du peuple »… comme chacun peut le constater !

Mais revenons à cette formule qui évoque non pas « la royauté » ou « la monarchie », mais bien « le despotisme »…

Et là nous pourrions évoquer une constance dans l’enferment politique qui n’a rien de monarchique et qui semble toujours d’actualité…
Certaine demandes d’expertises judiciaires psychiatriques posent tout de même question…

Visiblement pas à nos zélus…

Bien évidemment, ces considérations n’ont nullement altéré les convictions des édiles de Catus qui ont soigneusement respecté cette plaque pour le moins incongrue sinon ridicule…

Est-ce pour conservé la marque de cette falsification historique apposée depuis cent trente ans – ou parce qu’il a omis de rajouter une seconde paque pour le bicentenaire en 1989, car il était déjà en poste – que l’édile de service a été distingué ? La question reste ouverte…

Toujours est-il qu’au bout de trente -cinq ans de service, le maire Claude Taillardas a été décoré à l’usure par le président du Conseil Départemental Serge Rigal :

«Au bout de 35 années de mandat, votre maire a bien mérité cette distinction.»

ll a alors épinglé à la veste de Claude Taillardas la « médaille de vermeil communale, régionale et départementale ».

https://www.ladepeche.fr/article/2018/01/12/2719757-claude-taillardas-epingle.html

Que l’on soit rassuré : la falsification historique a encore de beaux jours devant elle !

Claude Timmerman

1 Marie-Louis-Georges Colomb, dit Christophe, né le 25 mai 1856 à Lure en Haute-Saône et mort le 3 janvier 1945 à Nyons, est un des précurseurs de la bande dessinée en France et un biologiste auteur de manuels scolaires.

Il reste célèbre pour trois ouvrages, en planches dessinées, parus initialement en feuilletons :

  • La famille Fenouillard à partir de 1889 dans Le Journal de la Jeunesse
  • Les facéties du sapeur Camembert à partir de 1890 dans Le Petit Français illustré
  • L’idée fixe du savant Cosinus à partir de 1893

Cet article vous a plu ? MPI est une association à but non lucratif qui offre un service de réinformation gratuit et qui ne subsiste que par la générosité de ses lecteurs. Merci de votre soutien !

Quitter la version mobile