« Incapables de faire la différence entre la peine de mort que retire la vie à un criminel, et l’avortement qui assassine un innocent ! »
Répondant le 30 septembre 2025 aux questions de journalistes américains sur la controverse entourant le projet du Cardinal de Chicago Blaise CUPICH de décerner au sénateur démocrate Dick DURBIN un « prix pour l’ensemble de sa carrière » pour son travail en matière de politique d’immigration, malgré les votes pro-avortement de ce dernier, Léon XIV a déclaré :
« Quelqu’un qui dit je suis contre l’avortement mais pour la peine de mort n’est pas pro-vie. » (Life Site News, article « Pope Leo says support for death penalty is ‘not pro-life,’ defends awarding pro-abortion Durbin » [avec vidéo] ; Euronews, article « « Pro-vie » : le pape Léon XIV intervient dans le débat sur l’avortement aux États-Unis » [avec vidéo] ; Reuters.com, article « Pope Leo criticizes ‘inhuman’ treatment of immigrants in US »)
Notons que dans un de ses livres, François avait déjà assimilé la peine de mort et l’avortement dans le contexte de la supposée impossibilité de prendre des engagements favorables au bien commun :
« Si tu penses que l’avortement, l’euthanasie et la peine de mort sont acceptables, ton cœur aura du mal à se soucier de la contamination des rivières et de la destruction de la forêt tropicale. » (Un temps pour changer, 2 décembre 2020)
De plus, l’encyclique Fratelli tutti du 3 octobre 2020, sur la fraternité et l’amitié sociale de François était même aller jusqu’à mentir (nous disons bien “l’encyclique” et non pas “François”, car nous ne savons pas qui est le menteur, de François lui-même ou d’un porte-plume, mais il n’en demeure pas moins qu’un document du magistère conciliaire ment objectivement pour faire passer une erreur) pour supprimer la distinction morale entre le meurtre ou l’assassinat et la peine de mort. Elle déclare :
« Lactance soutenait qu’« il ne fallait faire aucune distinction : tuer un homme sera toujours un crime »» (n°265)
La source donnée en note est la suivante : Divinae Institutiones 6, 20, 17 : PL 6, p. 708.
Il faut d’abord remarquer que la citation est inexacte. Voici la citation vraie et surtout complète :
« Il ne lui est pas permis d’intenter une accusation capitale, parce qu’il n’y a point de différence entre celui qui tue par le fer et celui qui tue par la langue, et qu’il est défendu de tuer de quelque manière que ce soit. Ainsi la défense que Dieu a faite de tuer ne souffre point d’exception. »
Voici la source de cette traduction : http://remacle.org/bloodwolf/eglise/lactance/instit6.htm. Chacun pourra constater que ce n’est pas qu’une traduction possible, mais bien la seule traduction possible, voici l’original latin de la Patrologie latine, auquel l’encyclique fait explicitement référence : https://archive.org/details/patrologiaecurs61unkngoog/page/n356/mode/2up.
Aussi une encyclique peut fort bien citer un auteur de manière libre et résumée, si c’est pour traduire sa pensée (encore que même dans cette situation, il aurait été préférable de ne pas mettre faussement entre guillemets les mots attribués à l’auteur). Mais ici, ce n’est pas pour la traduire mais pour la trahir ! En effet, là où l’encyclique allègue que Lactance ne fait « aucune distinction » entre la peine de mort légale et l’assassinat illégal, considérant les deux comme un crime, la réalité est que Lactance ne fait « aucune distinction » entre la mort physique donnée par meurte ou assassinat, et la mort morale donnée par les péchés contre Huitième Commandement (faux témoignages, calomnies, médisance, etc) !
Mais Lactance n’inclut-il pas la peine de mort dans la mort physique dont il parle ? Notons d’abord que si tel était le cas, alors ce passage demeurerait inopérant pour prouver que Lactance était opposé à la peine de mort, puisque sa seule intention est de poser une summa divisio entre mort physique et mort morale. Dans un tel cas, l’allégation de ce témoignage par l’encyclique ne serait peut-être pas un mensonge, mais à tout le moins un détournement. Mais force est de constater que de toute façon Lactance n’était pas contre la peine de mort, bien au contraire, puisque dans son oeuvre De la colère de Dieu, au chapitre XVII, il s’insurge contre l’« erreur grossière et pernicieuse » de ceux qui s’opposent à l’idée « de condamner au dernier supplice ceux qui auront commis les crimes les plus atroces » (la peine de mort), et conclut que nuire ne consiste pas seulement à infliger un mal, mais également à s’abstenir d’infliger une peine méritée car « nuire est faire du mal à un innocent et épargner les méchants, et en les épargnant leur donner la licence de persécuter les gens de bien » :
« Si Dieu nuisait à quelqu’un, disent les Epicuriens, il n’aurait point de bonté. Ceux qui accusent de rigueur et de cruauté la justice de Dieu ou celle des hommes, et qui croient que ce soit nuire et faire du mal, que de réprimer les crimes et de punir les coupables, sont dans une erreur grossière et pernicieuse. Les lois qui ordonnent des peines seront des lois dangereuses, et les juges auront tort de condamner au dernier supplice ceux qui auront commis les crimes les plus atroces. Que si la loi est juste quand elle ordonne des peines contre ceux qui les méritent, et si le juge fait le devoir d’un homme de bien quand il punit les coupables à dessein de protéger et de conserver les innocents, Dieu ne nuit à personne quand il arrête l’insolence des pécheurs. Car nuire est faire du mal à un innocent et épargner les méchants, et en les épargnant leur donner la licence de persécuter les gens de bien. » (http://remacle.org/bloodwolf/eglise/lactance/colere.htm)
L’encyclique ment donc sur la pensée de Lactance pour lui faire dire autre chose que ce qu’il dit dans le passage concerné, et même le contraire de ce qu’il dit dans sa pensée générale… tout cela pour affirmer que la peine de mort est « toujours un crime » ! Cela fait donc de son affirmation une hérésie, un blasphème et un mensonge !
Faut-il rire ou pleurer d’une telle ineptie ?
Ces chefs de l’église conciliaires sont visiblement incapables de faire la différence entre la peine de mort que retire la vie à un criminel, et l’avortment qui assassine un innocent !
Faut-il leur rappeler que l’Église qui est maîtresse de vérité a TOUJOURS enseigné la légitimité de la peine de mort et l’immoralité de l’avortement, et donc qu’il ne saurait y avoir d’incompatibilité entre les deux ?
C’est que l’église conciliaire, comme nous l’écrivions dans notre article « De François à Léon XIV : le même délire immigrationniste » est personnaliste et anthropocentrée :
« Cela découle de la vision fausse de la dignité humaine et de la place de l’homme dans la société et devant Dieu, qui a plusieurs autres manifestations dans la doctrine conciliaire, toutes déjà condamnées par le Magistère, voire par le bon sens élémentaire :
Car oui, l’église conciliaire affirme également l’immoralité de la peine de mort… On trouvera un exposé de ce qu’enseignent l’Écriture Sainte et le Magistère de l’Église sur la légitimité de la peine de mort, ce qu’affirme à l’inverse l’église conciliaire en sens contraire, et la réponse sur le fond à chacun des arguments de cette derrière dans ce document :
Peine de mort : vérités catholiques et erreurs conciliaires
Nous nous limiterons ici à citer Pie XII qui eut le mérite d’élever le débat au niveau des principes, dans une formulation claire et concise qui distingue le droit à la vie du bien de la vie :
« Même quand il s’agit de l’exécution d’un condamné à mort, l’Etat ne dispose pas du droit de l’individu à la vie. Il est réservé alors au pouvoir public de priver le condamné du bien de la vie, en expiation de sa faute, après que, par son crime, il s’est déjà dépossédé de son droit à la vie. » (Discours aux 300 membres du premier Congrès international d’histopathologie du système nerveux, 14 septembre 1952)
L’affaire est donc réglée : d’après le Magistère, la peine de mort ne peut pas porter « atteinte à l’inviolabilité et à la dignité de la personne » car l’Homme peut se « déposséder lui-même de son droit à la vie ».
Ainsi que Pie XI qui écarte explicitement l’équivalence entre avortement et peine de mort :
« Que la mort soit donnée à la mère, ou qu’elle soit donnée à l’enfant, on va contre le précepte de Dieu et contre la voix de la nature : « Tu ne tueras pas ! » (Ex XX, 13 ; cf Decr. S. Officii du 4 mai 1898 ; 24 juillet 1895 ; 31 mai 1889 (cf Denzinger, n° 1889 et 1890 ; Denzinger-Schönmetzer, n°3298, n°3336 à 3338)) La vie de l’un et de l’autre est chose pareillement sacrée ; personne, pas même les pouvoirs publics, ne pourra jamais avoir le droit d’y attenter. C’est sans l’ombre de raison qu’on fera dériver ce droit du ius gladii, qui ne vaut que contre les coupables ; il est absolument vain aussi d’alléguer ici le droit de se défendre jusqu’au sang contre un injuste agresseur car, qui pourrait donner ce nom d’injuste agresseur à un enfant innocent ? » (Encyclique Casti connubii, 31 décembre 1930 – Sur le mariage chrétien, II, 2, § 64)
Aussi, si le « ius gladii » n’est pas le droit de l’État à prononcer des condamnations à mort, la comparaison est sans objet et le propos de Pie XI n’a aucun sens.
Louis FLETENCHARD
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