Troisième dimanche de l’Avent « Gaudete » – « Je suis, dit Jean-Baptiste, la voix de celui qui crie dans le désert : Rendez droit le chemin du Seigneur. »
La physionomie de saint Jean Baptiste est avec celles d’Isaïe et de la Sainte Vierge Marie une des trois grandes figures qui dominent l’Avent. A la fois prophète du Messie (le dernier des prophètes) et témoin du Christ (il fut le premier à prêcher aux foules son avènement), saint Jean Baptiste, suscité par Dieu « pour préparer les voies du Seigneur », continue de remplir auprès de nous sa mission d’autrefois. La Sainte Église se plaît, en ce temps de l’Avent, à recueillir le témoignage du Précurseur, à faire siennes ses exhortations à la pénitence, et à nous proposer en exemple sa profonde humilité : comme on le prenait pour le Christ, il s’effaçait jusqu’à se déclarer indigne de dénouer seulement la courroie de sa sandale. Les exhortations de saint Jean Baptiste conservent toute leur portée, puisque le Sauveur, qui est venu déjà, doit « venir » encore pour beaucoup d’âmes qui continuent de l’ignorer, et que nous-mêmes nous avons à l’accueillir toujours davantage dans nos âmes : les grâces de filiation divine attachées à la fête de Noël doivent rester pour nous aussi comme un nouvel avènement de Jésus. Nous avons tous d’ailleurs à nous préparer à l’ultime venue du Seigneur : quand il viendra nous juger, à la fin des temps, sur l’accueil que nous lui aurons fait durant notre vie.
En nous adressant les appels si pressants du Précurseur, ou ceux de l’Apôtre S. Paul dans l’Épitre d’aujourd’hui, l’Église assurément nous prépare à Noël, mais dans cette préparation même elle nous invite aussi à envisager, par-delà Noël, le dernier avènement où le Christ doit venir dans tout le rayonnement de sa gloire couronner son œuvre de salut. La grande joie des chrétiens, celle à laquelle la liturgie nous convie aujourd’hui, c’est de voir approcher « le jour du Seigneur », où il viendra dans sa gloire pour nous introduire avec lui dans la cite des cieux Ce grand jour, que l’Apôtre dit proche, souhaitons avec impatience que Noël nous y prépare et qu’il se réalise promptement. Tous les venez du temps de l’Avent font écho, en même temps qu’à ceux des prophètes, au veni qui termine l’Apocalypse de saint Jean : « Venez, Seigneur Jésus »; c’est le dernier mot du Nouveau Testament. En signe de joie on joue les orgues à la grand’messe, et les prêtres qui le désirent peuvent employer des ornements roses, qui symbolisent la joie de la Jérusalem céleste où le Christ va nous introduire à la fin des temps : « Jérusalem, réjouis-toi d’une grande joie, car voici que le Sauveur vient à toi, alléluia (2ème antienne des Vêpres). « Per adventum tuum, libéra nos, Domine« , chantons-nous aux Litanies des Saints : « par votre avènement, délivrez-nous, Seigneur ». La joie de l’Église s’accroît encore dans ce Dimanche. Elle soupire toujours après le Seigneur ; mais elle sent qu’il approche, et elle croit pouvoir tempérer l’austérité de cette carrière de pénitence par l’innocente allégresse des pompes religieuses. D’abord, ce Dimanche a reçu le nom de Gaudete, du premier mot de son Introït ; mais, de plus, on y observe les touchants usages qui sont propres au quatrième Dimanche de Carême appelé Laetare. On touche l’orgue à la Messe ; les ornements sont de la couleur rose ; le Diacre reprend la dalmatique, et le Sous-Diacre la tunique ; dans les Cathédrales, l’Évêque assiste, paré de la mitre précieuse. Admirable condescendance de l’Église, qui sait si bien unir la sévérité des croyances à la gracieuse poésie des formes liturgiques ! Entrons dans son esprit, et réjouissons-nous aujourd’hui, à cause de l’approche du Seigneur. Demain, nos soupirs reprendront leur cours ; car bien qu’il ne doive par tarder, il ne sera pas venu encore. La Station a lieu dans la Basilique de Saint-Pierre, au Vatican. Ce temple auguste qui couvre le tombeau du Prince des Apôtres est l’asile universel du peuple chrétien ; il convient qu’il soit témoin des joies comme des tristesses de l’Église.
L’Office de la nuit débute par un nouvel Invitatoire : la voix de l’Église ne convie plus les fidèles à venir adorer avec terreur le Roi qui doit venir, le Seigneur. Son langage change de caractère ; son cri est un cri d’allégresse ; tous les jours, jusqu’à la Vigile de Noël, elle ouvre les Nocturnes par ces grandes paroles : Prope est iam Dóminus : veníte, adorémus. Le Seigneur est déjà proche : venez, adorons-le. Prenons maintenant le livre du Prophète, et lisons avec la sainte Église : Du Prophète Isaïe. CHAP. XXVI. « O sainte Église Romaine, Cité de notre force ! Nous voici rassemblés dans tes murs, autour du tombeau de ce pêcheur dont la cendre te protège sur la terre, tandis que son immuable doctrine t’éclaire du haut du ciel. Mais, si tu es forte, c’est par le Sauveur qui va venir. Il est ta muraille d’enceinte ; car c’est lui qui enveloppe tous tes enfants dans sa miséricorde ; il est ton rempart invincible ; car c’est par lui que les puissances de l’enfer ne prévaudront jamais contre toi. Dilate tes portes, afin que tous les peuples se pressent dans ton enceinte : car tu es la maîtresse de la sainteté, la gardienne de la vérité. Puisse l’antique erreur qui s’oppose à la foi finir bientôt, et la paix s’étendre sur tout le troupeau ! O sainte Église Romaine ! Tu as mis à jamais ton espérance dans le Seigneur ; et à son tour fidèle à sa promesse, il a humilié devant toi les hauteurs superbes, les cités d’orgueil. Où sont les Césars qui crurent t’avoir noyée dans ton propre sang ? Où sont les Empereurs qui voulurent forcer l’inviolable virginité de ta foi ? Où sont les sectaires que chaque siècle, pour ainsi dire, a vus s’attaquer successivement à tous les articles de ta doctrine ? Où sont les princes ingrats qui tentèrent de t’asservir, toi qui les avais faits ce qu’ils étaient ? Où est cet Empire du Croissant qui tant de fois rugit contre toi, lorsque, désarmée, tu refoulais si loin l’orgueil de ses conquêtes ? Où sont les Réformateurs qui prétendirent constituer un Christianisme sans toi ? Où sont ces sophistes modernes, aux yeux desquels tu n’étais plus qu’un fantôme impuissant et vermoulu ? Où seront, dans un siècle, ces rois tyrans de l’Église, ces peuples qui cherchent la liberté hors de la vérité ? Ils auront passé avec le fracas du torrent ; et toi, tu seras toujours calme, toujours jeune, toujours sans rides, ô sainte Église Romaine, assise sur la pierre inébranlable. Ta marche à travers tant de siècles aura été droite, comme celle du juste ; tu te retrouveras toujours semblable à toi-même, comme déjà tu n’as cessé de l’être durant dix-huit siècles, sous le soleil qui hors de toi n’éclaire que les variations de l’humanité. D’où te vient cette solidité, si ce n’est de celui qui lui-même est la Vérité et la Justice ? Gloire à lui en toi ! Chaque année, il te visite ; chaque année, il t’apporte de nouveaux dons, pour t’aider à achever le pèlerinage ; et jusqu’à la fin des siècles, il viendra ainsi te visiter, te renouveler, non seulement par la puissance de ce regard avec lequel il renouvela Pierre, mais en te remplissant de lui-même, comme il remplit la glorieuse Vierge, l’objet de ton plus doux amour, après celui que tu portes à l’Époux. Nous prions avec toi, ô notre Mère ! et nous disons : Venez, Seigneur Jésus ! « Votre Nom et votre souvenir sont les délices de nos âmes ; elles vous désirent durant la nuit, et dès le point du jour nous nous réveillons pour songer à vous. » A LA MESSE. Tout le peuple étant attentif, la voix des chantres entonne la mélodie grégorienne, et fait retentir ces consolantes paroles de l’Apôtre : « Réjouissez-vous sans cesse dans le Seigneur ; je vous le dis encore, réjouissez-vous. Que votre modestie soit connue de tous les hommes : le Seigneur est proche. Soyez sans inquiétude ; mais faîtes connaître à Dieu vos désirs par les prières et les supplications. » L’Église demande, dans la Collecte, la grâce de cette visite qui apporte la lumière et dissipe les ténèbres. Les ténèbres causent la terreur à l’âme ; la lumière, au contraire, réjouit et raffermit le cœur.
ÉPÎTRE. Nous devons, nous réjouir dans le Seigneur ; car le Prophète et l’Apôtre s’accordent à encourager nos désirs vers le Sauveur : l’un et l’autre nous annoncent la paix. Soyons donc sans inquiétude : Le Seigneur est proche ; il est proche de son Église ; il est proche de chacune de nos âmes. Pouvons-nous demeurer auprès d’un feu aussi ardent, et demeurer glacés ? Ne le sentons-nous pas venir, à travers tous les obstacles que sa souveraine élévation, notre profonde bassesse, nos nombreux péchés lui suscitaient ? Il franchit tout. Encore un pas, et il sera en nous. Allons au-devant de lui par ces prières, ces supplications, ces actions de grâces dont parle l’Apôtre. Redoublons de ferveur et de zèle pour nous unir à la sainte Église, dont les vœux vont devenir de jour en jour plus ardents vers celui qui est sa lumière et son amour. Répétons d’abord avec elle : « Vous qui êtes assis sur les Chérubins, faites éclater votre puissance, Seigneur, et venez. V/. Écoutez-nous, ô vous qui gouvernez Israël, qui conduisez Joseph comme une brebis. Alléluia, alléluia. V/. Seigneur, faites éclater votre puissance, venez et sauvez-nous. Alléluia. »
ÉVANGILE. Il y en a un au milieu de vous que vous ne connaissez pas, dit saint Jean-Baptiste aux envoyés des Juifs. Le Seigneur peut donc être proche ; il peut même être venu, et cependant demeurer encore inconnu à plusieurs. Ce divin Agneau fait la consolation du saint Précurseur, qui estime à si grand honneur de n’être que la Voix qui crie aux hommes de préparer les sentiers du Rédempteur. Saint Jean est en cela le type de l’Église et de toutes les âmes qui cherchent Jésus-Christ. Sa joie est entière à cause de l’arrivée de l’Époux ; mais il est entouré d’hommes pour qui ce divin Sauveur est comme s’il n’était pas. Or, nous voici parvenus à la troisième semaine de ce saint temps de l’Avent : tous les cœurs sont-ils ébranlés au bruit de la grande nouvelle de l’arrivée du Messie ? Ceux qui ne veulent pas l’aimer comme Sauveur, songent-ils du moins à le craindre comme juge ? Les voies tortueuses se redressent-elles ? les collines songent-elles à s’abaisser ? la cupidité et la sensualité ont-elles été sérieusement attaquées dans le cœur des chrétiens ? Le temps presse : Le Seigneur est proche ! Si ces lignes tombaient sous les yeux de quelques-uns de ceux qui dorment au lieu de veiller dans l’attente du divin Enfant, nous les conjurerions d’ouvrir les yeux et de ne plus tarder à se rendre dignes d’une visite qui sera pour eux, dans le temps, l’objet d’une grande consolation, et qui les rassurera contre les terreurs du dernier jour. O Jésus ! Envoyez votre grâce avec plus d’abondance encore ; forcez-les d’entrer, afin que ce que saint Jean disait de la Synagogue ne soit pas dit du peuple chrétien : Il y en a un au milieu de vous que vous ne connaissez pas. Pendant l’oblation, on doit s’unir au vœu de l’Église, et demander avec elle la fin de la captivité dans laquelle nos péchés nous retiennent, et l’arrivée du Libérateur.
Pendant la Communion, les paroles que l’Église chante sont empruntées du Prophète Isaïe ; elles ont pour but de rassurer le cœur de l’homme faible et pécheur. Ne craignez point, ô chrétiens ! C’est Dieu qui vient ; mais il vient pour sauver, pour se donner à sa créature. La sainte Église, dans la postcommunion, demande que la visite secrète qu’elle vient de recevoir de son Époux la dispose à la solennelle visite qu’il s’apprête à lui faire dans la solennité de Noël. Si le troisième dimanche de l’Avent tombe le 17 Décembre, en place de l’antienne prévue, on dit la première des Grandes Antiennes (O Sapientia).
Sanctoral
Saint Nicaise, Archevêque de Reims et sainte Eutropie, Martyrs
Saint Nicaise, archevêque de Reims, fut un vrai pasteur des âmes, l’homme de la paix, de la justice et de la charité. « La gloire d’un pasteur, répétait-il souvent, n’est pas de se couvrir des dépouilles de ses ouailles, mais de se dépouiller lui-même pour les revêtir. » Longtemps la cité de Reims fut docile à sa parole. Mais peu à peu le pasteur affligé vit son troupeau glisser dans la corruption et le vice. Les crimes s’y multipliaient de jour en jour, et la voix de Nicaise, qui flagellait publiquement les abus, n’était plus écoutée.
Dieu résolut alors d’envoyer à la cité coupable un châtiment exemplaire. Il appela sur elle le glaive des Vandales. Avant de frapper, le Seigneur, usant de miséricorde, députa du Ciel un Ange pour annoncer au saint évêque le fléau qui allait affliger la ville ingrate. Nicaise assembla son peuple, et, les larmes dans la voix: « Pleurez, dit-il, gémissez sous la cendre, troupeau infortuné, Dieu a compté le nombre de vos iniquités; si vous ne faites pénitence, d’effroyables châtiments vont s’appesantir sur vous. » Mais ces salutaires avertissements furent inutiles. L’apparition des Vandales se chargea de justifier la prédiction du saint pontife. Nicaise attendit les barbares à genoux; l’un d’entre eux se précipita sur lui, et d’un coup de hache lui abattit la tête.
Sa soeur Eutropie allait être épargnée; mais, craignant des outrages pires que la mort, elle souffleta le meurtrier de son frère, et reçut un coup d’épée au travers du corps. Les barbares s’enfuirent en entendant les anges chanter dans les airs la gloire des martyrs.
Bienheureux Bartolo Buonpedoni, Prêtre, Tiers-Ordre Franciscain (+1310)
Ayant fui une vie de luxe, Bartolo Buonpedoni, devint infirmier dans un monastère bénédictin à Pise.
Plus tard, après avoir servi comme prêtre diocésain pendant plusieurs années et atteint de la lèpre à l’âge de soixante ans, il démissionna de sa charge de curé, prit l’habit du Tiers-Ordre de Saint-François et se retira dans une léproserie, où sa patience et ses vertus attirèrent beaucoup de personnes venues lui demander conseil.
Il célébrait la messe tous les jours pour ses patients.
Martyrologe
A Ubeda, en Espagne, l’anniversaire de saint Jean de la Croix, prêtre et confesseur, coopérateur de sainte Thérèse dans la réforme des Carmes. Il a été inscrit au catalogue des saints par le souverain pontife Benoît XIII et proclamé docteur de l’église universelle par le pape Pie XI. Sa fête se célèbre le 8 des calendes de décembre (24 novembre).
A Reims, en Gaule, la passion de l’évêque saint Nicaise, de sa sœur la vierge Eutropie et de leurs compagnons martyrs qui furent massacrés par des barbares, ennemis de l’église.
A Alexandrie, les saints martyrs Héron, Arsène, Isidore et un enfant nommé Dioscore. Durant la persécution de Dèce, le juge fit déchirer le corps des trois premiers par diverses tortures, puis les voyant forts d’une égale constance, il les fit livrer aux flammes. Quant à, Dioscore, il le soumit à, plusieurs flagellations et le mit en liberté, Dieu l’ayant permis pour la consolation des fidèles.
A Antioche, l’anniversaire des saints martyrs Druse, Zosime et Théodore.
Le même jour, la passion des saints Just et Abonde. Sous l’empereur Numérien et le préfet Olybrius, ils furent jetés dans le feu, mais comme ils n’en recevaient nulle atteinte, ils furent frappés du glaive.
En Chypre, l’anniversaire du bienheureux évêque Spiridion. Il fut l’un de ces confesseurs à, qui Galère Maximien fit arracher l’œil droit, couper le jarret gauche, et qu’il condamna aux mines. Célèbre par le don de prophétie et la renommée de ses miracles, il confondit au concile de Nicée un philosophe païen qui insultait la religion chrétienne, et il l’amena à la foi.
A Bergame, saint Viateur, évêque et confesseur.
A Pavie, saint Pompée évêque.
A Naples, en Campanie, saint Agnel abbé, célèbre par le don des miracles. On le vit plusieurs fois délivrer, par l’étendard de la croix, cette ville assiégée par les ennemis.
A Milan, saint Matronien ermite.
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