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Du sac de Moirans aux prémonitions de Jean Yanne

A Calais, les choses vont leur train. Les sources policières s’étonnent de la résignation des Calaisiennes qui essaient de déposer une plainte pour viol et qui sont poliment renvoyées, et des deux supérettes qui ont été dévalisées méthodiquement en plein jour. Les quelques migrateurs qui ont été arraisonnés avec leur chargement ont été libérés et les flics responsables vertement tancés pour leur manque de jugement et d’initiative.

Comme en Picardie, un groupe social qui semble payer un lourd tribut à la criminalité, supporte mal les risques du métier. On se rappelle qu’en août dernier à Roye, l’indécision des représentants de l’Etat avait finalement permis à une famille éprouvée par la perte d’un des siens dans une fusillade ayant aussi tué un gendarme, d’être réunie dans cette douloureuse épreuve grâce à la libération provisoire d’un parent et présumé complice.

Le sac de Moirans montre que ce précédent a inspiré une autre famille meurtrie par la mort d’un des siens dans une voiture volée, alors que ses deux frères étaient déjà emprisonnés. Quelle est la responsabilité du port de la cagoule au volant ? C’est la question que chacun se pose en attendant l’enquête de la Prévention routière. Mêmes causes, mêmes effets, même inertie initiale de la police. Cependant déçue de n’avoir pas obtenu satisfaction, la mère se déclarait le soir même prête à retarder les obsèques, offrant ainsi en direct une seconde chance aux pouvoirs publics. Le politicien de service sur une chaîne TV d’information s’empressait de comprendre la douleur d’une mère ; mais il ne s’interrogeait pas sur l’éducation que cette femme avait transmise à ses enfants. Il ne s’étonnait pas non plus de son impunité alors qu’elle menaçait l’Etat et revendiquait l’entière responsabilité des faits. Certes le Valls si rude envers les manifestants paisibles n’est plus à l’Intérieur, mais Taubira est encore au poste ! [Dans la décomposition de nos institutions, l’Histoire aura à juger de la démission d’une opposition qui a continué à siéger sans exiger la démission d’un prétendu garde des Sceaux ayant menti à la tribune en brandissant la preuve de son mensonge.] Mais qu’importe ici, puisqu’il s’agit de tout autre chose : c’est un secret de polichinelle que l’impunité de fait de cette catégorie de justiciables résulte de l’intimidation directe des tribunaux et magistrats.

Certes pour Singer dans Le beau monsieur de Cracovie : « tous ces juges et avocats ont besoin de criminels comme les docteurs ont besoin de malades. Ce ne sont pas les honnêtes gens qu’on a pu abuser qui leur rapporteront quelque chose ». C’est pourquoi peut-être les magistrats ont appris à redouter une catégorie qui ne joue pas le jeu et mord la main qu’elle nourrit, toujours à suivre Singer !

Rappelons que le « premier magistrat de France » a commencé son mandat en se faisant ridiculiser, à défaut de déniaiser, par… Mlle Léonarda. Le préfet de l’Isère tirait par avance les conséquences de tout ceci en expliquant avoir reçu «  des consignes extrêmement claires, extrêmement fermes, pour procéder à des interpellations dès que l’occasion s’en présentera » : sans doute lorsque « les petites crapules qui sévissent la nuit dépasseront le 60 km/h sur le périphérique » comme disaient déjà Jean Yanne et Daniel Prévost en 1970. A l’époque, cela faisait rire.

Alain Devinck

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