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Elections législatives, abstention record et vague rouge : où va la France ?

Les Français ont été aux urnes hier dimanche 12 juin 2022 pour élire leurs députés. Un élection législative décevante, avec un fort taux d’abstention et une vague rouge qui ne fait pas moins craindre pour l’avenir du pays que la vague macroniste.

Le fraîchement réélu par défaut Emmanuel Macron avec 58,5% des voix face à Marine Le Pen – le barrage à la menace fantasmagorique d’extrême-droite que représenterait le Rassemblement National ayant joué son rôle-, risque de perdre la majorité parlementaire d’Ensemble !, menacée par la gauche de Nupes, la formation de Jean-Luc Mélenchon : pour la première fois depuis cinq décennies, les principaux partis de gauche ont décidé de se présenter en front uni, avant la désunion qui ne saurait tarder tellement la détestation est palpable entre les différentes mouvances.

Ce scrutin des Législatives aura été marqué par une abstention record, autour de 52,49% contre 51,29% en 2017 (qui avait déjà constitué un record pour la Ve République). A l’issue de ce premier tour, cinq députés sont élus (ils étaient quatre en 2017 et 36 députés élus dès le premier tour en 2012). 572 circonscriptions sont en ballotage. Par nuances, les trois partis arrivés en tête sont : Ensemble! (majorité présidentielle) 25,75%, Nouvelle union populaire, écologique et sociale (Nupes) 25,66, le Rassemblement national (RN) 18,68.

Les projections sur les 577 sièges de l’hémicycle indiquent que la majorité absolue atteinte en 2017 par le président est désormais menacée, une circonstance qui ne s’est jamais produite depuis 2002, puisque le mandat présidentiel de sept ans est devenu cinq ans. A l’Assemblée, la chambre basse, la coalition présidentielle composée de Renaissance (parti de Macron) et des deux partis centristes MoDem et Horizons obtiendrait entre 255 et 295 sièges. La majorité absolue est fixée à 289. Pas de certitude, donc, de pouvoir gouverner, tyranniser serait plus approprié pour Macron, sans frein.

Ce dernier lance un appel à son camp et l’invite à « être humble » avant le second tour. En revanche, celui qui se frotte les mains d’avoir ruiné le parti, du moins jusqu’à présent, pour le chef de l’Elysée, c’est l’ancien communiste, ex-socialiste et révolutionnaire de 70 ans Mélenchon, qui a réussi à reconstituer les morceaux de la gauche tuée par Macron, rassemblant socialistes et communistes, Verts et partisans de sa France Insoumise. La Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes), qui a fait ses preuves, comptera entre 150 et 190 sièges. Et le leader rouge rêve de diriger le futur gouvernement de la France : « Matignon ne s’éloigne pas, Matignon se rapproche », a-t-il déclaré aujourd’hui, lundi 13 juin, se disant « assez confiant » « Le parti présidentiel est battu et défait. Je demande au peuple, au second tour, de rejeter définitivement les plans funestes de la majorité d’Emmanuel Macron ».

Avant lui, Marine Le Pen, chef de file du troisième bloc, la droite patriotique, et challenger de Macron à la présidentielle d’avril, avait ouvert la danse des propos post-électoraux. Dans sa circonscription, le Pas de Calais, elle obtient 55% mais en raison de la faible participation (moins de 25%) elle devra affronter le second tour. Avec une revanche sur Eric Zemmour, qui est éliminé dès le premier tour dans le département du Var à Saint Tropez, et risque de laisser son parti Reconquête sans sièges. Le Rassemblement national emmené par Le Pen a atteint le record historique des législatives avec 18,9 % (+ 7 % par rapport à il y a cinq ans) mais ne peut espérer qu’un nombre de sièges compris entre 20 et 45. Elle aussi mise sur le second tour, demandant à ses électeurs de paralyser Macron.

Cela signifierait, insiste-t-elle, « d’entrer dans un tunnel sans lumière pendant encore 5 ans ». 

Entre 50 et 80 sièges seraient attribués au centre-droit Les Républicains, qui avec l’UDI et les DVD a atteint 13,7%. Il est probable que Macron cherchera parmi ces électeurs la garantie de pouvoir gouverner sans compromis dimanche prochain. 

Peu nombreux mais utiles pour apporter de l’eau au moulin de Mélenchon seront les voix, 4,1%, de l’extrême gauche, qui dans l’hémicycle comptera entre 15 et 25 députés, sur lesquelles il est fort probable que le chef des Insoumis puisse compter pour faire obstruction aux plans du gouvernement. 

Le second tour sera décisif aussi pour 15 des 28 ministres du gouvernement nommés il y a tout juste trois semaines, le 20 mai. Leur place est menacée, la première ministre Elisabeth Borne, se retrouvant elle-même en ballotage avec le candidat rival de Nupes, Noé Gauchard, dans le Calvados. Hier, elle s’adressait aux Français : « Nous ne pouvons pas risquer l’instabilité. Les forces républicaines sont contre les extrêmes ». Elle est la seule qui, si elle perd, ne risque pas son poste. Si les autres ministres ne s’en sortent pas, cependant, ils devront quitter le gouvernement. 

Stanislas Guerini, le ministre de la Transformation de la fonction publique a ainsi appelé à voter pour la Nupes face à Le Pen en reprenant la phrase de Mélenchon aux présidentielles : « Soyons très clairs : pas une voix pour le RN. » « Notre position, c’est aucune voix pour le Front national » a également déclaré Elisabeth Borne le Première ministre. Retour de l’ascenseur de Macron à Mélenchon, ce dernier ayant appelé à voter pour le premier au second tour des présidentielles.

Comme d’habitude, faire barrage à « l’extrême-droite » est le slogan facile, qui oblitère les responsabilités des partis du système dans la décadence radicale de la France et les dispense de fournir des explications valables concernant leur faillite en tous domaines, de Nupes, à Ensemble, aux LR. Ce qui montre encore une fois que dans l’arc-en-ciel des formations politiques, des Rouges, aux Verts, aux centristes et aux soi-disant Républicains patriotes, ce sont « blancs bonnets et bonnets blancs »… et bulletin blanc !

Francesca de Villasmundo

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