Le premier ministre Bayrou est tombé et le président français Macron se trouve à la croisée des chemins à la veille des manifestations « Bloquons tout ». Le Rassemblement national accentue la pression pour obtenir sa démission et des élections anticipées.
Le premier ministre a perdu, à une large majorité, le vote de confiance
Le gouvernement Bayrou est tombé, le premier ministre a perdu, à une large majorité, le vote de confiance qu’il avait sollicité sur l’état des finances publiques. Sur les 573 députés amenés à voter, une large majorité – 364 élus – ont voté contre la confiance au gouvernement tandis que 194, issus notamment des rangs de la coalition gouvernementale, ont voté pour. Quinze députés se sont abstenus.
Le Président français est en difficulté. À midi, le Premier ministre, démis de ses fonctions par l’Assemblée nationale, s’est rendu à l’Élysée pour présenter sa démission, rapporte Bfmtv. Il restera en charge des affaires courantes en attendant son successeur, qui sera le cinquième Premier ministre français depuis le début du second mandat en 2022 d’Emmanuel Macron.
Ce dernier est confronté à des heures extrêmement difficiles, avec de nombreuses options à sa disposition pour éviter des élections anticipées et se maintenir au pouvoir jusqu’à la fin de son mandat en 2027.
Macron ne veut pas partir
Depuis la démission de Bayrou, le déclin de la France est patent. À l’Élysée, la fragile coalition formée il y a un an entre le parti de Macron et Les Républicains (LR) est considérée comme acquise, mais elle ne suffit manifestement pas à garantir la stabilité. C’est pourquoi Macron a déjà exhorté les dirigeants de sa coalition à « travailler avec les socialistes » pour « élargir » sa base.
Le président reste politiquement retranché à l’Élysée, de plus en plus isolé, avec un soutien en baisse, dans un contexte économique et international extrêmement critique. Il est possible qu’Emmanuel Macron veuille conclure aujourd’hui pour éviter la mobilisation populaire belliqueuse et les manifestations prévues demain, aux cris de « Bloquons tout ». Ou bien souhaite-t-il prendre le pouls de nouveaux alliés potentiels pour conclure l’accord avant son voyage à New York, les 22 et 23 septembre. Le nom le plus populaire ces dernières heures est celui du ministre de la Défense, Sébastien Lecornu.
Bardella : La situation est grave, maintenant laissons la parole aux Français
Xavier Bertrand, député Les Républicains dont le nom a été évoqué à plusieurs reprises ces dernières heures comme successeur potentiel de François Bayrou, a exclu sa nomination au poste de Premier ministre lors d’une réunion des chefs de parti. Il a d’ailleurs déjà désigné le successeur de Bayrou, assurant que le ministre de la Défense Sébastien Lecornu était le choix de Macron pour ce poste. S’adressant à ses chefs de parti, selon les informations de BFM TV, Bertrand a ajouté que « Lecornu est désormais occupé à former son gouvernement ».
Le Rassemblement national continue de militer pour des élections anticipées et la démission du président de l’Élysée. « Emmanuel Macron doit dissoudre l’Assemblée nationale. S’il ne le fait pas, il doit nommer un Premier ministre capable de rompre avec le macronisme, sinon les mêmes causes produiront les mêmes effets », a écrit Marine Le Pen, chef de file du Rassemblement national, dans un message publié sur X. Dans un autre message publié sur X, la fille de Jean-Marie Le Pen a réitéré que « la dissolution n’est pas une option, mais une obligation. Sinon, Emmanuel Macron paralysera le pays. ». Et de conclure : les Français souhaitent « un retour aux urnes par la dissolution ».
Le vrai perdant, c’est Macron
« Je ne me suis pas réjoui car le moment est extrêmement grave », a déclaré de son côté Jordan Bardella au lendemain de la motion de censure contre le Premier ministre Bayrou. « Je ne vois pas comment la situation politique actuelle pourrait être saine sans un retour au peuple français », a-t-il souligné sur RTL, « soit par la dissolution du Parlement, soit par la démission du président de la République. »
Le véritable politicien qui a perdu le vote de confiance n’est pas le leader centriste Bayrou, qui a perdu son pari sur le budget, mais Emmanuel Macron, au cœur d’une profonde crise politique, économique et sociale qui fait de la France l’homme malade de l’Europe.
Francesca de Villasmundo
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